Quand je me suis réveillé, j’avais une tonne de messages non lus. Aucun n’était d’Axel. Il y avait un message de Candice, trois d’Antoine, un mail de l’avocat. Et une tonne de messages non lus surs discord.
Candice : obligé d’annuler samedi. Gross grippe.
Bon pas grave je n’avais pas spécialement envie d’y aller. On verra ça une autre fois. Les messages d’Antoine m’inquiétaient un peu plus.
Antoine : Tu as vu ce qu’on a reçu ?
Antoine : Putain ça me dégoûte !
Antoine : Réponds-moi au plus vite.
Je décide d’ouvrir le mail aussitôt. Avant même de regarder la conversation.
« Bonjour à tous. Si je vous écris aujourd’hui c’est pour apporter une nouvelle, et pas des meilleures. Monsieur Collins sortira de détention lundi. Ses avocats ont réussi à négocier une remise en liberté, avec interdiction de sortie de territoire, jusqu’au procès. Je sais que cette nouvelle ne va pas vous laisser indifférents, elle va vous mettre en colère. Mais j’aimerais que vous ne cherchiez pas à rentrer en contact avec monsieur Collins. Il ne faut en aucun cas altérer en quoi que se soit l’issu du procès. C’est en notre faveur. Cet homme a tué des gens. Il en sera jugé. On peut se voir mardi à 18h à mon cabinet, pour en parler si vous le désirez.
Cordialement.
Frédérique Morov. »
J’ai relu le mail plusieurs fois. Il allait sortir. Cet enfoiré aller sortir. Je me sentais, démunie, impuissante. J’avais envie de tout casser.
Sur la conversation de groupe, tout le monde était outré. Personne ne comprenait pourquoi il était remis en liberté jusqu’au procès. Ils voulaient qu’on se voie. Pour en parler, ils ne voulaient pas qu’on attende jusqu’à mardi. Johane proposait de se rejoindre ce soir. Elle disait qu’elle ne voulait pas se retrouver seule chez elle. Qu’elle avait peur de faire une connerie ! Maria était de son avis. Julien proposa de se retrouver dès 19h, et Antoine était d’accord avec eux. Ils voulaient qu’on aille manger ensemble. Et qu’on décide de ce qu’on allait faire. Je leur répondis que je serai là.
J’avais envie d’envoyer un message à Axel. Lui dire que moi aussi j’avais besoin de lui. Mais je ne voulais pas qu’il sache pourquoi. Je ne voulais pas me montrer dans cet état. Je me sentais emplie d’une colère encore plus violente que d’habitude.
J’ai envoyé un message à Antoine à la place. Il pouvait me comprendre. On était dans le même bateau.
Eliya : On se voit toujours aujourd’hui ?
Antoine : Oui. Je me fiche de la pluie. Je ne veux pas rester seul. Je risquerai de faire une connerie.
La pluie ? Je ne savais pas de quoi il parlait, je n’étais pas encore sorti de mon lit. C’est en ouvrant les volets, pour me rendre sur la terrasse que je compris. Il tombait des cordes.
Eliya : Je n’avais pas vu qu’il pleuvait. On fait quoi alors ?
Antoine : Viens chez moi. Ou je viens chez toi.
Sans réfléchir, je lui ai répondu chez lui. Je me foutais de traverser la ville, sous la pluie. J’avais besoin d’air.
Antoine habitait de l’autre côté de la ville. Il vivait dans une résidence sécurisée, avec piscine. Il est venu me chercher à l’entrée.
L’appartement était très épuré. Blanc et noir. Rien ne dépassait. Tout était en ordre. Il m’invita à m’asseoir sur le canapé.
— Alors comment tu vas ?
— Je ne sais pas. Je me sens en colère et toi ?
— Pareil. Ça me dégoûte.
— Je ne comprends pas, comment ils ont pu le laisser sortir ? Il a quand même tué des gens.
— Oui, je sais.
— Désolé. Je sais que tu as beaucoup souffert.
Antoine avait été le plus touché par l’accident. Enfin, je veux dire touché physiquement. Il avait eu le bassin cassé. Dix côtes fêlées. Un bras cassé et surtout un traumatisme crânien important. Ils ont dû le plonger dans le coma, pour qu’il ne souffre pas trop. Il y est resté dix jours de ce que l’on savait.
— Oui enfin on a tous souffert.
On a parlé un moment de l’accident. De ce qu’on avait ressenti. Des choses que l’on savait déjà tous les deux. Puis on a enfin parlé de nous. Je lui ai dit qu’avant la mort de mes parents, j’étais une mordue de lecture. Que j’adorai mon métier. Mais que depuis l’accident je n’avais pas ouvert un livre. Je n’avais même pas fini celui que j’avais commencé. Je ne voulais pas connaître la fin de l’histoire. J’avais peur qu’en refermant ce livre, je ferme aussi celui de l’accident. Et j’étais loin d’en avoir fini.
Antoine lui était très sportif. Avant l’accident tous les soirs après son boulot il allait faire de la muscu. Il jouait au tennis, et il faisait tous les marathons des alentours. Malheureusement, il savait que ça serait long de reprendre n’importe laquelle de ses activités.
Les heures défilaient et on se rendit compte qu’il était déjà 18h30.
— Merde, on va finir par être en retard, me dit-il.
— Tu sais ou on a rendez-vous ?
J’étais partie tellement vite de chez moi, que je n’avais pas regardé la suite de la conversation.
— Oue, on va dans un petit restau cool au centre.
— Tu sais lequel ?
— Oui, Au petit Pachira. C’est cool là-bas tu verras.
— Oh. D’accord.
On allait donc, la ou Axel bossait. Je ne savais pas quoi dire. J’imaginais déjà la tête qu’il ferait. En plus, je n’avais répondu à aucun de ses messages.
— Quelque chose ne va pas ?
— Si si tout va bien.
Je ne voulais pas qu’il se doute de quoi que se soit. Et puis avec un peu de chance, Axel ne bosserait pas ce soir-là. Et puis j’étais libre. Libre de manger la ou bon me semblait.
Ont fini par arriver devant le restaurant ou les autres nous attendez déjà. Je jetais un coup d’œil à l’intérieur, pour le moment aucune trace d’Axel. Après tout, j’avais peut-être raison il ne bossait peut-être pas ce soir.
On nous installa à une table, et on nous présenta le serveur qui s’occuperait de nous ce soir. En levant les yeux, je le reconnus immédiatement. C’était le serveur à qui j’avais demandé des informations au sujet d’Axel.
Il prit notre commande. Une fois qu’il est parti, on a commencé à parler du mail de l’avocat. On était tous choqués de ce qu’il se passait, et on avait du mal à comprendre le choix du juge.
Notre serveur arrivait avec nos boissons, il était suivi par un autre serveur. C’était Axel. Quand il me vit, il s’arrêta net. Il posa violemment les plats qu’il amenait à ses clients. Tout le monde dans le restaurant tourna la tête vers lui.
Il se dirigea vers notre table et se planta devant nous.
— Salut !
Je le regardais fixement, faire son cinéma.
— J’espère que vous passez une agréable soirée !
Personne ne répondit.
— Alors c’est comme ça maintenant ? Tu vas m’ignorer ?
Le chef de salle intervint.
— Axel ! En cuisine ! Tout de suite !
ça va chauffer!
Oui ça va chauffer sec !
L’oppression commence. Le sentiment de liberté qui disparaît. La tension, le chantage émotif. Magnifique !
Section pinaille : Je remarque que la longueur de tes chapitres est passé subtilement de 500 à plus de 1000 mots et ton audimat est resté à 5 Love, donc ton public te suit. Je prends note. Hé hé .
J’ai évolué durant la rédaction de ce roman. Chapitre après chapitre j’ai écris un peu plus.
Oui c’est mon cas également (évolution de la rédaction).
Il me faut parfois revenir en arrière pour uniformiser le style et la couleur, car l’évolution que prend ma réflexion sur le personnage a un impact réel sur le texte, ce qui inclut 1) l’arc du changement (qui peut prendre une direction imprévue à mesure que ma compréhension du personnage s’approfondie- car c’est souvent le cas, je pars sur une idée et… ça se transforme au cours de l’écriture, gnarf !) 2) l’histoire du personnage 3) la situation c’est-à-dire l’intrigue, qui n’est que la forge-à-transformer le dit-personnage. Enfin, je m’arrête, tout a été dit en cette matière.