Le fugitif au coeur pur – partie 2 Célia

7 mins

Deux mois se sont écoulés depuis que j’ai quitté la maison dans laquelle j’ai été retenue prisonnière. Bon, je l’avoue ce mot est un peu fort pour décrire ce que j’ai vécu parce que même si j’étais retenue contre mon gré dans un premier temps, j’ai vite compris que ce que je vivais me faisais du bien et non du mal. 

Lorsque j’ai quitté la maison à contre-coeur, je suis parti retrouver Martin qui était comme je m’en doutais mort d’inquiétude. Il m’a demandé où j’avais passé la nuit, qu’il avait contacté Martha et qu’elle ne savait pas où je me trouvais. Je lui ai donc dit que j’avais pris un hôtel pour réfléchir et que ma décision était prise quant a notre relation. Ben m’a redonné le courage que j’avais perdu ses derniers temps. J’ai quitté Martin, ça a été difficile, pour lui, moi en réalité j’étais encore mentalement dans cette maison dans les bras du fugitif le plus doux qui puisse exister. Martin a pris ses affaires et s’en ai aller à ma demande. Lorsque je me suis retrouvée seule dans mon appartement, après avoir contacté Martha pour la rassurer et que je me suis enfin posé, tous les souvenirs de la nuit passée me sont revenus en pleine face. J’ai cru que mon coeur allait sortir de ma poitrine, j’ai regretté longtemps d’être parti comme une voleuse, de ne pas avoir pris plus de temps pour découvrir Ben, de ne pas m’être enfui avec lui mais j’avais aussi conscience que tout ceci n’aurait été qu’une pure folie et que ce n’est pas la vie que j’ai envie de mener. 

Aujourd’hui, deux mois après cet évènement inattendue, 60 jours après avoir découvert la passion d’une nuit, 1440 heures à me demander ce que Ben Sarman était devenue après mon départ, 86 400 minutes à tenter de savoir s’il avait pu s’en sortir, à acheter le journal, à regarder le journal télévisé, à éplucher les sites internet de la police, je reçois le message que je n’attendais plus. 

– C’est B, je suis au même endroit que la dernière fois. 

Je ne comprend pas sur le moment, je m’assois, relis le message, me relève et le lis encore une fois. Est-ce lui? C’est la question qui passe en boucle dans ma tête depuis que le message s’est affiché sur l’écran. Qui d’autres qu’un fugitif écrirait en langage codé? 

B pour Ben, “le même endroit que l’autre fois” pour indiqué la maison. C’est beaucoup trop probable pour que ma raison prenne le dessus et m’empêche de vérifier ce que mon coeur tente de me faire comprendre. 

C’est drôle parce que lorsque je suis rentrée chez moi, j’ai préparé un sac avec des vêtements propres, des bouteilles d’eau et le strict minimum pour survivre quelques temps n’importe où. J’ai gardé ce sac dans mon entrée pendant deux semaines avant de revenir à la raison et de me convaincre que ce message n’arriverait jamais. Puis Ben Sarman m’a écrit et le sac que j’avais défait le coeur serré il y à quelques semaines se trouvent une nouvelle fois entre mes mains prêt à être utilisé. 

Je quitte mon appartement la tête rempli de questions, de peurs et de doutes.  

Mon coeur et ma raison n’ont jamais autant été en désaccord, je ne me suis jamais senti aussi hésitante dans une décision et pourtant je fonce tête baissé, ma raison ne pouvant s’empêcher de me rappeler que ce n’est peut-être pas lui derrière ce message tandis que mon coeur me hurle que personne d’autre n’aurait pu m’écrire une chose pareil. Je les ignore tous les deux et décide de vérifier par moi-même. 

Je connais cette route plus que ce que je ne devrais. La vérité derrière mes sourire de façade est que chaque semaine depuis deux mois je me rend en courant à cette maison, je passe deux fois devant, j’essaye de repérer une chose inhabituelle, un indice qui m’indiquerait que Ben est revenu, un signe de lui. Mais chacune de mes tentatives fut un échec et chaque retour jusqu’à chez moi plus difficile. Cette fois je ne cours pas, j’ai pris la voiture et je roule jusqu’à cette maison que je rêve de retrouver depuis la dernière fois que je m’y suis retrouvée. Le portail est fermé, les volets aussi. Les arbres ont perdus leurs feuilles et laisse apparaître le jardin dont l’herbe a bien poussé depuis la dernière fois. Je réfléchis à la manière la plus discrète d’atteindre cette porte et me gare à quelques mètres de celle-ci. Lorsque j’atteins enfin le portail, mon sac sur l’épaule et les jambes flageolantes, je jette un bref coup d’oeil autour de moi et constate que la voie est libre, j’ouvre rapidement le portail et me glisse dans la cours avant de presser le pas. 

Je ne m’étais jamais retrouvé aussi prêt de cette maison depuis le jour où je l’ai quitté. 

– Tu es là. 

Je me retourne en sursautant, Ben se trouve maintenant face à moi, j’avais presque oublié son visage malgré qu’il soit dans chacune de mes pensées depuis le jour où je l’ai laissé ici où nous nous retrouvons désormais. Ses cheveux ressortent de sa casquette désormais et sa barbe a bien poussé aussi, le sourire timide qu’il m’adresse n’en est pas moins beau que la première fois que je l’ai vu. 

Je hoche la tête incapable de prononcer un mot, le souffle court et les mains moites. 

Il s’approche de moi, prend ma main et je me laisse guider. Nous contournons la maison, Ben marche presque sur la pointe des pieds, je me demande si ça a toujours été le cas ou s’il a pris cette habitude a force de fuir. La maison n’a pas bougé depuis notre départ, les journaux sont au mêmes endroits que la dernière fois recouvert d’une fine couche de poussière et les coussins sur lesquelles nous avions dormi également me laissant supposer que Ben n’a pas tardé a quitter la maison après mon départ. 

Sa main quitte la mienne et un frisson me parcourt le corps. Est-ce que ce sera toujours ainsi avec lui? Cette sensation de manque alors même qu’il se trouve à quelques centimètres de moi? 

Il se retourne pour me faire face et enfin il ouvre ses bras et je m’y réfugie. C’est comme si lui aussi n’attendait que ça depuis que nous nous sommes quittés. Je le sers de toutes mes forces. Je savais que j’avais besoin de le voir mais je ne pensais que cela arriverait réellement et maintenant que j’y suis, j’oscille entre la joie indescriptible de le retrouver et la peur atroce de ne plus être capable de le quitter. 

– Comment tu vas? me dit-il un air soucieux sur le visage 

– Je ne sais pas, dis-je, je crois que ça va et toi, qu’as-tu fais depuis tous ce temps? 

– Je vais te raconter mais avant viens dans mes bras. 

Je me plonge une nouvelle fois dans ses bras et nous nous laissons tomber sur le canapé, ni lui ni moi ne prononçons un mot, le silence parle pour nous, nos caresses et nos échanges de regards aussi. Je ressens en plongeant mes yeux dans les siens chacune des douleurs qu’il garde au fond de lui, chaque difficultés qu’il a pu affronter qu’il n’exprimera peut-être jamais sont gravés au fond des ses yeux bleus. Je n’avais jamais lu aussi facilement en quelqu’un et je pourrais supporter toute sa souffrance si ça pouvait le soulager, même un tout petit peu. 

– Parle moi, me chuchote t-il. 

– Qu’est ce que tu veux savoir? 

– Tout, ce que tu as fait, ce que tu n’as pas fait mais que tu aurais aimer faire, la vie que tu as eu depuis deux mois. 

Il me sert toujours autant tandis que ma tête est posé sur son épaule et je ressens combien le manque que je ressentais était réciproque. J’en étais presque venue à me convaincre que tout ça n’avait pas existé. 

– J’ai beaucoup pensé à toi, j’ai quitté mon copain, j’ai repris une vie plus ou mois normal même si à l’intérieur plus rien n’était pareil. 

Il me regarde avec tristesse. 

– Je suis désolé pour ce que j’ai fait. 

– Qu’est ce que tu as fait? dis-je le regard interrogateur. 

– J’ai boulversé ta vie. 

– Et je ne t’en veux pas, tu l’as fait et je te remercie de l’avoir fait, grâce à toi j’ai pris conscience de l’importance qu’avait la vie en général, de l’importance de quitter une personne que l’on aime plus, de l’importance de profiter de chaque instant et d’aimer qui on veut même si cette personne n’est pas celle qu’on aurait espéré. 

Son regard exprime une nouvelle fois toute la tristesse du monde et je ne pensais pas le retrouver aussi abattu même si il a toutes les raisons de se sentir ainsi. 

– Ne me regarde pas comme ça, finis-je par dire. 

– Je suis désolé, pardon de n’apporter que de la tristesse dans ta vie, pardon de te mettre dans des situations délicates à chacune de nos rencontres, je ne sais pas ce que tu fais là, je suis étonné que tu sois venue, surpris que tu n’ai pas bloqué tous les numéros inconnus par peur que je te contacte. 

– Pourquoi tu me croyais prête à tirer un trait sur toi? dis-je surprise. 

Il sourit et se referme aussitôt. 

– Le contraire serait étonnant non? Je t’ai enlevé, séquestré, je t’ai annoncé que j’avais tué quelqu’un et que jamais plus je ne vivrai comme tout le monde, libre, puis je t’ai fait l’amour en sachant pertinemment que je n’avais rien d’autres à donner. 

Je prend ses mains dans les miennes avant de répondre, 

– Tu m’as donné plus en une nuit que certaines personnes en plusieurs années, tu a su me redonner vie, j’ai passé deux mois à attendre un signe de ta part, j’ai fait mon footing chaque semaine devant cette maison depuis que je t’ai vu en espérant te voir apparaitre derrière ces fenêtres, tu ne m’as pas rendu vide, tu m’as rempli d’amour et d’espoir. Je sais que ça peut paraitre fou, mais je me suis attaché à toi en si peu de temps plus qu’à n’importe qui. 

Ben ne répond rien, il me fait passer au dessus de lui, m’assois à cheval sur ses jambe et me serre dans ses bras. Je comprends sans qu’il ne prononce un mot que ce dont il avait besoin c’était de sentir la chaleur d’un humain, ce qu’il n’a pas ressenti depuis certainement la dernière fois que nous nous sommes vu. 

– Célia… J’ai passé les deux pires mois de toute ma vie et tu étais dans chacune de mes pensées, dans chacun de mes rêves et ta présence dans ma tête m’a fait tenir, des semaines, des heures, ça a été dur comme jamais je ne l’aurait cru, j’ai faillit abandonner, je me suis plusieurs fois demandé à quoi bon continuer si c’est pour vivre ainsi, seul. Puis tu es apparut une nouvelle fois dans ma tête et je n’ai pas pu résister à l’envie de te demander de me rejoindre. Je suis désolé d’être égoïste, je devais te laisser vivre ta vie et c’était prévu ainsi. Mais je n’y arrive pas. Seulement je repars dans quelque jours et je voulais profiter une dernière fois de toi avant de quitter la ville une bonne fois pour toute. Je suis désolé mais je ne reste pas et d’ici là tu reprendras ta vie telle que tu l’as laissé il y à deux mois, tu cesseras d’imaginer ce que je ne pourrais t’offrir et enfin tu vivras pour toi, tu rencontreras une personne bien, prêt à t’offrir le monde. 

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