Écriture dangereuse tome 1 chap.9

Installé au volant, Arturo roulait vite. Il voulait mettre le plus de distance entre sa famille et son ancienne vie. Beniccio savait pour Evy mais il ne connaissait pas l’existence de Marie. Evelyne ne disait rien, mais son visage exprimait une grande angoisse. Marie, elle, se demandait où il allait. Elle posa la question à son père qui lui répondit : Le plus loin possible, Marie. Ces gens-là ne plaisantent pas quand ils te menacent. Et maintenant que Beniccio a découvert où nous vivons, il va falloir trouver un autre endroit où pouvoir recommencer à zéro. Je suis désolé de devoir t’infliger cela Marie, mais ta mère et toi êtes ce que j’ai de plus précieux dans ma vie. Ne t’en fais pas, nous trouverons un moyen de nous en sortir. Du moins je l’espère. Cette dernière phrase, il la pensa car s’il l’avait dit à voix haute, même lui n’y aurait pas cru. Marie consulta son IPhone et vit qu’Amélie avait vu la famille de son amie quitter le domicile à tout vitesse et lui demandait ce qu’il se passait. Marie lui expliqua brièvement la situation. Des larmes coulaient sur ses joues. En partant comme des voleurs, elle n’avait même pas eu le temps de mettre sa meilleure amie au courant, ni de lui faire ses adieux. Elle se sentait triste de quitter tout ce qu’elle avait toujours connu, son école, ses amis, ses professeurs, surtout monsieur Basselier. Elle n’avait même pas pensé à prendre son manuscrit avant de partir. Ils arrivèrent à un carrefour, quand un grand véhicule leur bloqua le passage. Le père de Marie klaxonna furieusement, mais quand le conducteur descendit du camion, le visage d’Arturo blêmit. C’était Beniccio, et il était accompagné d’autres personnes. Marie vit un vieil homme descendre également du véhicule et remarqua qu’il ressemblait beaucoup à Beniccio, et donc à son père aussi. Arturo voulu faire demi-tour, mais un autre véhicule, un mobil-home lui barra également la route vers l’arrière. Arturo s’immobilisa. Evelyne regardait autour d’elle, prête à attraper Marie et se sauver à pied le plus loin possible. Le vieil homme s’approcha seul de la voiture de la famille et frappa doucement à la fenêtre côté conducteur. Arturo observait le vieux gitan. – Qui est-ce, papa ? demanda Marie. – C’est … c’est ton grand-père, Marie, répondit Arturo d’une voix blanche. Le vieil homme tapa de nouveau contre la vitre et fit signe à Arturo de venir le rejoindre. Lentement, le père de Marie descendit du véhicule et demanda à sa femme de fermer les portes à clé. Evy ne répondit rien mais s’installa à la place du conducteur et ferma les portes. Marie observa son père et son grand-père. Le vieil homme observait Arturo avec attention, la tête un peu penchée, et lui parlait doucement, en tout cas pas assez fort pour que Marie comprenne ce qu’ils se disaient. Après vingt minutes de palabres, le vieil homme serra la main d’Arturo, comme s’il signait un pacte, et fit signe aux autres de remonter dans le véhicule. Les gitans remontèrent dans leurs engins, mais Beniccio s’attarda un moment, fixant son frère avec intensité. Il n’avait pas l’air ravi de la tournure des événements, mais obéi néanmoins aux ordres de son père. Les véhicules dégagèrent la route et retournèrent vers la fête foraine. Le père de Marie revint lentement vers la voiture. Evelyne ouvrit les portes et se poussa vers le siège passager, laissant son mari se remettre au volant. Pendant un moment, Arturo resta silencieux, puis il annonça à sa femme et sa fille qu’ils rentraient à la maison. – Pourquoi ? lui demanda Evelyne. Que t’a-t-il dit ? Que va-t-il se passer. Réponds-moi, Arturo. Son mari lui demanda de se calmer et lui promis de tout lui expliquer de retour au domicile.