La Petite fille et le drôle de Renard

Il était une fois une toute petite fille qui s’appelait Sylvie. Elle aimait vivre, voyager, rigoler, découvrir, surprendre. Un jour, alors qu’il faisait beau et que tous les Grands chantaient, elle se promenait dans les champs, pieds nus, en couche, les fesses dandinantes. Le soleil était chaud, les nuages étaient loins et les oiseaux bavardaient. La toute Petite Sylvie allait insouciante et c’est sans l’once d’un doute qu’elle s’arrêta devant le Drôle de Renard qui la toisait du regard.

– Bonjour ma toute Petite! Dit-il d’une voie mielleuse.

– Bonjour Drôle de Renard! répondit-elle d’un ton clair et naïf.

– Que fais-tu là, toute seule, toute Petite?

– Je découvre le monde, Drôle de Renard!

– Ah! comme c’est intéressant! Quel beau projet … découvrir le monde! Dit le renard ironiquement. Justement, dans mon terrier j’ai plein de choses intéressantes qui, j’en suis certain, pourraient te plaire. Veux-tu que je t’y emmène?

– Oh, oui ! Drôle de Renard! Volontiers! Je suis extrêmement curieuse de voir ce que tu as à me montrer.

Alors la toute Petite Sylvie accompagna le drôle de Renard. Ils sortirent du champs et entrèrent dans la forêt. Les arbres sombres se succédèrent. Les branchages étaient touffus et les rochers énormes. Aucun chemin n’était à suivre pour arriver au terrier du Drôle de Renard. Seul l’odorat développé et l’habitude permettait à ce dernier de retrouver son antre.

– Quel drôle d’endroit Renard! s’écria la Petite fille avec anxiété.

– Je te l’avais bien dit Petite que j’avais des choses étonnantes à te montrer. Et crois-moi tu n’es pas au bout de tes surprises! Entre-vite, Petite!

Sylvie fit un pas en arrière. Elle n’était plus si sûre d’avoir envie de suivre le Renard ni de découvrir ses surprises. Sa couche commençait à la gratter. Elle avait mal aux pieds mais aussi entre les cuisses. Elle se demandait même si ça n’allait pas saigner à force de frotter.

Quelle idée avait-elle eu de suivre ce Drôle de Renard?

Devait-elle nécessairement tout découvrir au risque de se blesser et … de se perdre?

Et oui, car quand bien même elle aurait voulu rentrer chez elle, comment rebrousser chemin seule dans cette jungle?

Et comment prendre congé du drôle de Renard sans le vexer?

Alors la toute Petite désemparée, ne sachant plus comment sortir de ce mauvais pas, entra dans le terrier du Drôle de Renard. Il avait le sourire au lèvre et un filet de bave s’échappait de son museau tellement il était heureux de montrer ses trésors à la Petite Sylvie. Elle, en revanche, ne savait pas s’il fallait qu’elle sourit ou qu’elle pleure tellement elle n’avait pas envie d’être là. Elle avait de plus en plus mal et le Renard ne semblait pas y prêter attention.

Le temps passa. Le Renard mit fin à sa visite. Il raccompagna la toute Petite au milieu du champs dans lequel il l’avait trouvée. Il lui sourit largement en lui expliquant que tout ce qu’elle avait vu  était un secret entre eux deux, qu’il ne fallait surtout pas en parler aux autres. Puis il termina en disant à la toute Petite :

– Quel bonheur d’avoir découvert tant de choses en si peu de temps, n’est-ce pas toute Petite? Puis il partit.

Sylvie baissa la tête en guise de réponse et resta au fond d’elle sceptique quand au profit de cette escapade. elle avait eu peur de se retrouver si loin de chez elle. Le chemin tortueux l’avait blessée. Ses pieds saignaient et ses cuisses aussi. Elle dû enlever sa couche pour reprendre son chemin et rentra chez elle toute nue. Le vent fort souffla sur sa peau.

Quelle drôle d’idée, vraiment, d’avoir suivi ce Renard! Elle se dit alors que tous les secrets ne méritaient pas d’être levés. Elle rentra chez elle, se promis d’être plus prudente la prochaine fois et de ne plus suivre n’importe quel “loup”, dorénavant, juste pour en savoir plus sur le monde.

Elle continua alors ses découvertes, mais à son rythme cette fois.