Cocon de soi

À la mémoire de mon ami Octave

19_ _, nous nous sommes tissés un univers de soi.

Pour bien montrer notre valeur, on a fait l’étalage de nos richesses matérielles au cœur d’un jardin où la verdure se devait d’être la plus verdoyante.

19_ _, nous nous sommes enfilés dans un tissu de prestige.

Pour rendre remarquable la beauté de notre grandeur, nous nous sommes parés des plus douces, légères et éclatantes étoffes. Enveloppés dans cette soierie miroitant Versailles, nous nous sommes endormis.

19_ _, nous nous sommes égarés dans le royaume du rêve.

Pour encore mieux nous admirer, nous avons retapissé de soi notre sphère intérieure. Et puis, dans un royal narcissisme, nous sommes parvenus à devenir des monarques n’ayant plus comme seul sujet que soi.

19_ _, nous nous sommes retrouvés séquestrés dans un état de trêve.

Obligés de faire face au néant, nous avons réalisé qu’un cocon de suffisance n’offre rien de suffisant. Nous étions seuls. Privés de regards par lesquels se nourrir. Nous avions tant accompli, tant séduit, tant acheté, tant engrangé, mais nous n’avions plus rien à prendre ni à donner. Était-ce donc cela, la richissime valeur de l’univers que nous avions tissé?

20_ _, nous faut-il délester? Nous faut-il s’extirper de soi? Nous faut-il revenir à Nous?

Mosaïques d’orange soleil et de noir cosmique

vos voyages migratoires inspirent de bienfaisantes retrouvailles

XX-100 Obyai