Je suis trop nerveux. Tout cela est si soudain, si précipité. Je ne connaissais pas cette fille hier. Si cela se trouve, elle ne me plaira pas. Je suis installé dans ce café depuis dix minutes. Ma tête est vide. Je n’aurais rien à lui dire. Elle va me trouver stupide ! J’essaye de trouver des sujets de conversation bateaux.
Et puis, comme un idiot, je ne l’ai pas vue arriver. Elle est là, devant moi. Elle est magnifique, très sexy. Ses yeux sont enivrants. Elle a l’air si triste et préoccupée. Je balbutie :
− Pardon, je suis dans la lune… Jennifer ?
Elle ne répond pas. Elle s’approche de moi, et me fait la bise. Elle est très douce. Elle s’assoit sur le bord de sa chaise. Au serveur qui s’est approché – précipité – vers elle, tant elle est jolie, elle commande d’une petite voix un verre de vin blanc. Aussitôt servie, elle l’engloutit d’un trait, puis, me souriant :
− Pardon, j’en avais besoin !
− Tu es magnifique ! Encore plus belle que sur tes photos !
− Je te plais ? Tu n’es pas déçu ?
− Oh non ! Mais, moi, je te plais un peu ?
Elle me sourit :
− Tu as des yeux très doux. Parle-moi de toi.
J’ai parlé de moi à Jennifer. Mes études à la fac, mon travail dans l’informatique. Je crois que je l’aie un peu ennuyée avec des détails techniques sur les virus informatiques. Elle avait souvent les yeux baissés, comme si elle évitait de me regarder ou comme si elle s’en fichait et pensait à autre chose.
Elle a peu parlé d’elle. Elle aussi est allée à la fac, jusqu’en licence et à dû interrompre ses études de ? Elle ne l’a pas dit. Ni pourquoi elle n’a pas pu continuer. Elle tournait machinalement une bague fantaisie sur son index droit. Elle m’a regardé intensément puis a murmuré :
− On peut faire l’amour si tu veux. En face, il y a un hôtel sympa. 200 €…
Je suis resté stupéfait comme un idiot. Je m’y attendais un peu parce qu’une fille comme elle, ne peut pas être seule. Le plus surprenant, c’est son ton, son air gêné. Comme si elle avait honte de me demander cela. Comme si elle regrettait de le faire. Comme je n’arrive pas à répondre, elle poursuit :
− Tu veux ?
− Oui… je… non, attends tu es…
Elle se mordille les lèvres de voir mon trouble. J’ai senti… une détresse chez cette fille. Mon premier réflexe était de partir tout de suite. Mais de la laisser dans ce bar seule et vulnérable.
− Je peux te ramener chez toi si tu veux… ma voiture n’est pas loin.
− Tu ne veux pas… 100 €, je ferais ce que tu veux… Je… J’ai terriblement besoin de cet argent. Je ne te plais pas ?
Elle était encore plus désirable dans sa détresse. Je prends mon portefeuille ; je n’ai pas 200 € en espèces. Juste 150. Je lui tends les billets :
− Je n’ai pas 200 €… j’ai ma carte bancaire, s’il le faut je peux aller chercher ce qui manque. Je vais te raccompagner…
− Mais, l’hôtel est là en face !
− Je ne peux pas faire ça. Tu es si triste, tu parais si désespérée. Prends l’argent !
Et puis, soudain agacée :
− Je ne peux pas prendre ton argent… Tu ne veux pas coucher avec moi, pourquoi ? Qu’est-ce qui cloche chez toi ?
Elle a mis ses mains sur son visage pour cacher son trouble. J’écarte sa main gauche doucement. Elle pleure.
Moi, essayant d’être doux :
− Tu as des problèmes ? Prends l’argent, si ça peut t’aider.
− Je ne peux pas… Je ne peux pas. Je ne suis bonne à rien. Même ça je n’y arrive pas !
Elle se lève, brusquement et murmure :
− Pardon, pardon, tu es gentil !
Elle s’enfuit. Je la rattrape dans la rue :
− Jennifer, prends l’argent. Je t’en prie. Pour moi ce n’est rien. Tu me le rendras quand tu pourras…
Je glisse les billets dans sa main. Elle a regardé sa main comme si elle ne la reconnaissait pas. Puis elle a fermé les doigts sur les billets et a serré très fort. Son regard intense dardé sur le mien. Ses yeux magnifiques, bleu-gris.
Elle :
− L’hôtel est juste là.
− Non Jennifer, je veux juste t’aider un peu. J’aurais honte de coucher avec toi comme ça.
− Les putains sont faites pour ça !
− Tu n’es pas une putain.
− Si j’en suis une !
Elle, tendant sa main crispée sur les billets :
− Tu ne regretteras pas ?
J’ai souri tristement :
− Oh si, tu es tellement belle. Tu n’es pas pour moi. Les mecs comme moi n’ont pas des femmes comme toi.
Elle m’embrasse fugitivement la joue puis :
− J’ai tant besoin de cet argent. Pardon. Pardon.
Elle a couru dans la rue. Elle s’est engouffrée dans une voiture qui stationnait un peu plus loin et qui a démarré en trombe, conduite par une jolie jeune femme.
Je suis resté comme un idiot sur le trottoir, perdu, déboussolé. Cette fille c’est une tornade dans ma vie !
Je suis rentré chez moi en proie à une grande tristesse. Je n’ai pas pu dormir. Le regard de Jennifer est toujours devant mes yeux.
Si seulement une fille comme elle pouvait m’aimer…
Wouah, de plus en plus sexy…