Même rituel, chaque jour. Eva se lève, pour s’étirer un peu. Elle se traîne jusqu’à la douche, laisse couler l’eau sur son corps las, referme les yeux et retrouve son monde intérieur. En pilote automatique, elle se sèche et enfile un vêtement, découpe et avale quelques fruits pour ne pas dépérir. Enfin, après ces corvées, elle peut se recoucher. Se glisser sous les draps, détendre à nouveau chaque partie de son corps et se préparer au sommeil. Son seul allié.
Tout le monde est capable de dormir plus de vingt heures par jour. C’est juste une question d’entraînement. Bien sûr, au début, on passe de longs moments à attendre qu’il vienne nous emporter. On doit faire preuve de patience, apprécier ces moments où on est éveillé mais plus tout à fait conscient, où les pensées farfelues commencent à nous faire sourire si on les expose à la lumière de la raison. Mais comme pour n’importe quel art, après des mois d’acharnement et d’échecs, après s’être imposé une discipline sans concession, après avoir piétiné ses attentes et avoir compris qu’en faisant preuve d’humilité, la technique finirait par porter ses fruits, on lâche prise et le sommeil vient. Il nous délivre de la souffrance et nous emmène vers une autre dimension. Alors, libéré de toute réflexion, on n’a plus qu’à se laisser bercer. De temps en temps, la réalité cherche à nous rattraper, jusque dans nos rêves. Ces épreuves sont terribles. Elles imposent à Eva la vue de Tom en train de sauter d’un balcon, ou de se trancher la gorge. Les membres paralysés, dans un cri muet, elle assiste à l’horreur, impuissante. C’est le prix à payer quand on vend son âme aux songes pour ne plus avoir à affronter la vie.
Très bien écrit.. je vous félicite pour la fluidité du style
Juste une p’tite coquille : ‘pour ne veut plus avoir’
C’est corrigé, merci !