Génération Z, Génération Y
Êtes-vous issu de cette fantastique génération Y? Elle est incroyable cette période, vous ne trouvez pas? Nous avons grandi dans un monde parallèle qui devenait toujours plus grand, plus accessible, plus attractif.
Arrivées à un certain âge, toutes les jeunes générations se sentent incomprises par ses aînés. Les “Y” ont eu la chance d’avoir un véritable refuge avec un écran, un clavier et surtout : le monde entier. Skyblog, msn, Aol, les tchats wanadoo, et par la suite facebook, twitter nous ont permis de construire notre identité virtuelle. Seulement, on peut sombrer dans une étrange schizophrénie. Une multitude d’articles de presse et d’essais sociologiques ont été écrit là dessus, nous ne profitons plus d’un seul moment présent sans penser à capturer l’image susceptible d’alimenter notre profil sur la toile. Intuitivement, l’homme cherchera toujours à laisser la trace de son passage par l’intermédiaire de la reproduction, d’une image ou d’une pensée. Nous vivons une époque de révolution technologique qui transforme notre manière de concevoir la littérature du 21ème siècle. J’ai souhaité réfléchir, avec vous, sur les auteurs de demain. Internet et ses pensées partagées, noyées en masse au travers de l’écran noir surnommé “black mirror” nous entraîne t-il vers une régression? Comment la littérature d’aujourd’hui marquera nos descendants? À l’image des blogs où il devient plus rare de trouver des lecteurs que des auteurs, certaines oeuvres d’imagination du 21ème siècle se replient sur le “je”. C’est l’exploration de son intimité en délaissant la grande aventure de la société (Beigbeder, Angot, Pills). D’autres, comme Orseva ou Gavalda, ont la plume chaleureuse, leurs mots chantonnent l’amour, l’amour de la grammaire française. Le 21ème siècle contient des véritable perles d’auteurs encore difficile à classer au sein de notre époque transitionnelle.
Ces auteurs “en top des ventes”, nous les retrouvons en nous baladant dans des grandes enseignes de librairies. Nous constatons que le rayon “Actualité” grandit de plus en plus depuis les années 2000. Les attentats font couler beaucoup d’encre et donnent soudainement à certaines personne l’envie d’acheter un livre car ils ont entendu Laurent Ruquier en parler dans sa dernière émission. Lors des attentats de Charlie Hebdo, j’étais responsable de la presse dans une petite librairie Bruxelloise. Nous sommes passés de 2 ventes par semaine à 200. C’est avec un grand sourire que je me dis que le journal en tant qu’objet aura toujours plus de valeur que des lignes survolées et oubliées sur internet. Nous avons l’avantage de posséder un exemplaire, un livre, une chose que l’on tient dans sa main. La fin de l’imprimerie des livres, je n’y crois pas, pas pour l’instant. Certes, la littérature et internet sont en corrélation. La toile change nos mentalités, nous demande un exercice permanent de recul sur soi afin de ne pas perdre de vue sa propre pensée. Avec les blogs et le système de partage, il y a des tremplins pour la publication des livres d’inconnus comme “Vous n’aurez pas ma haine” de Leiris. Ces livres publiés à partir du succès rencontrés sur la toile sont, la plupart du temps, des témoignages. Nous en revenons au repli du “je” avec cette multitude de livres écrits par des journalistes, anthropologues, sociologues, philosophes où chacun a besoin de déposer sa vérité sur le monde. La génération Y, celle de “l’entre deux”, se partage entre “la branlette” intellectuelle et “le fun” virtuel. Nous procrastinons, nous apprenons, nous faisons des études pour nous retrouver au chômage mais nous sommes heureux d’étudier tout de même. Le rayon “psychologie” à côté du rayon “actualité” grandit en même temps que nos inquiétudes sur l’avenir aussi bien géopolitique qu’écologique. Nous hésitons à acheter un livre d’actualité comme “Mon djihad”. Soudain, nous tournons la tête pour choisir le succès de Giodano “Ta vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une”. Nous sommes noyés d’informations et parfois, nous n’avons plus foi en l’avenir, tout comme ces fictions apocalyptiques.
Lors de mes expériences en tant que professeure, j’abordais un des thèmes au programme de
géographie “Comment Nourrir les hommes en 2050?”. Mes élèves âgés de 15 ans m’ont tous
parlé de bombe nucléaire, de gaz, de mort et d’asphyxie. Comment internet parvient-ils autant à polluer et formater la pensée de la génération Z? Quels auteurs deviendront-ils demain pour
marquer le 21ème siècle?
Avec les réseaux sociaux dès l’âge de 10 ans, certains réinventent un langage où la littérature
française actuelle est semblable à un livre moisi au milieu d’une bibliothèque oubliée. J’ai essayé plusieurs techniques pour intéresser mes élèves qui étaient en grande difficulté avec le contexte socio-économique de la région (Maubeuge). Ils n’aimaient pas les livres, car il y avait ce côté “obligatoire”, “chianterie totale”, “je vais avoir une salle note”. Parfois, je constatais avec tristesse qu’ils n’avaient ni stylo ni feuille mais juste leur téléphone, un chargeur et beaucoup de colère. Je vous donne quelques exemples d’une rédaction dont le sujet était : “Vous êtes en 2050, vous écrivez une lettre à un ami pour décrire votre situation (professionnelle, familiale…).” Heureusement, le projecteur relié à mon écran d’ordinateur était mon meilleur ami dans ce cours. L’accès à la virtualité restera cette nouvelle fenêtre d’ouverture au monde. C’est un échappatoire beaucoup plus puissant à leur yeux.
Et puis, j’ai compris pourquoi ils détestaient lire. Ils ne comprenaient pas les mots, submergés
par leur propre maux et leur colère. J’ai passé la plupart de mes cours à leur apprendre des synonymes, des antonymes et à travailler des définitions. C’était un lycée très particulier où il fallait toujours être dans la menace disciplinaire pour les intéresser et les raccrocher à la réalité.
La pauvreté intellectuelle restera une expérience bouleversante car on découvre et on
s’adapte, dans un premier temps, à l’absence totale d’imaginaire chez un individu. Parfois, j’essayais de les accrocher frontalement pour les faire travailler : “Avez-vous déjà été constipé? Sans vocabulaire, vous êtes coincé comme une crotte qui ne sort pas. Apprendre des mots vont vous permettre d’expulser votre pensée et d’être mieux compris et donc, de vous soulager. Navrée d’en venir à la métaphore du caca” “Ouesh c’est quoi une métaphore?”
La métaphore est une figure de style que j’affectionne particulièrement dans la littérature. En une phrase, nous avons une image offerte par l’auteur que nous interprétons. C’est notre imaginaire qui reste et restera le plus beau cinéma/écran du monde. À l’ère où tout est illustré par une vidéo, une caricature, une photographie, n’oublions pas la puissance de la littérature qui permet à notre caboche de fabriquer les plus belles images du monde, car ce sont les nôtres.
La littérature du 21ème siècle nous réserve une multitude de surprise avec les auteurs de
demain où le repli sur soi est une des grande thématiques de notre ère, aussi bien à l’échelle individuelle qu’internationale.
[Un exemple en couverture d’une de mes dissertations “Vous êtes en 2050, vous écrivez une lettre à un ami]
Wouah, c’est absolument magnifique et très bien dit Nina !
J’aprouve !
Je trouve ton article très intéressant également !
À quoi corespondent les générations X et Y ? (tu pourrais peut-être le préciser dans ton pen).
À très vite et bravo !
Bravo, c’est effectivement le monde dans lequel on vit, c’est bonne analyse. Je me suis faite la même réflexion en regardant mes neveux et nièces perdus dans leur technologie et ne voulant pas lire car c’est trop chiant et ennuyeux selon eux. Alors qu’ils ne savent toujours pas écrire correctement ou parler correctement le français, c’est vraiment triste.