Rappelle moi pourquoi j’écris !

Parfois, je regarde mes cahiers et reste là sans pouvoir faire quoi que ce soit. A force de me comparer, de me laisser envahir par la noirceur environnante, par une étrange médiocrité fort bien installée, je me prends à me dire qu’il me faut tout arrêter. Ce monde n’est pas pour celle que je suis, il ne m’est pas destiné.

Les larmes se mettent à couler le long de mes joues. Les sanglots sont de plus en plus profonds, comme si mon âme hurlait de douleur et d’incompréhension. Les lettres se perdent sur les lignes de mes cahiers, tel des bateaux ivres pris dans la tempête de mes émotions. La grisaille des âmes alentours m’a inexorablement envahie. J’étouffe de par leur haine, leur bêtise, leur étrange besoin de détruire ceux qui ne pensent, ne sont pas comme eux.

Ma lumière s’étiole au point de ne plus ressentir ce bonheur qu’est écrire. On me prend tout ce que je suis, tout ce que je peux offrir. Plus de pensées, plus de débat, juste leur sentiment de supériorité qui animent mon envie de hurler. Entendez, écoutez ma personnalité, je ne veux pas faire partie de votre intolérante communauté. Mon poing s’abat avec rage sur le plateau de mon bureau où mes cahiers se sont réfugiés.

Les larmes se sont arrêtées de couler et mon regard s’ouvre sur les pages disséminées. Mon cœur s’accélère. Ses battements se sont mis à danser sur le froid de l’hiver de mes pensées. Mon âme à la vue des fleurs qui sont nées, sur les lignes de mes phrasées, se sent réchauffée. Tout un parterre de couleur s’est révélée, comme pour me rappeler que de mes souffrances naissent des épopées, des contes de fées. Mon sourire s’étire sur mes lèvres nacrées. Mieux vaut que dans mes mondes je reste cachée, on m’y a toujours tendrement acceptée. Ainsi me revient au plus profond de mes entrailles l’envie de faire rêver, de ressentir, sourire ou encore pleurer.

C’est pour cela que j’écris, c’est pour cela que je suis née.