Jusque-là je ne m’étais pas soucié de la façon dont Manini se nourrissait. Elle sortait la nuit et vaquait à ses affaires. De ce jour, je lisais avec anxiété la presse locale. En fait il n’y avait plus de chien et de chat écrasés dans un rayon de trois kilomètres autour de la maison. Pour tout dire il n’y avait plus de chien et de chat du tout dans un rayon de trois kilomètres autour de la maison. Il fallait bien qu’elle se nourrisse : mouches et moustiques étaient nourriture négligeable pour son corps d’athlète à la musculature impressionnante. Quant aux oiseaux, cela faisait bien longtemps qu’elle ne grimpait plus dans les cintres. Ses toiles s’écroulaient sous son poids. Elle avait donc jeté son dévolu sur les mammifères, proies plus faciles et par ailleurs, à ses dires, fort succulentes. La mortalité humaine n’ayant pas évolué de façon significative dans le quartier, j’en déduisais que son instinct de survie lui avait dicté un comportement d’abstinence alimentaire en ce qui concernait l’espèce humaine. Manger des humains est toujours source de grandes complications.
L’ARAIGNEE QUI VOULAIT DEVENIR PIANISTE – chapitre 11
< 1 min