Mon Dieu, mon Dieu, je suis tellement fatigué, tellement lucide, tellement je ne sais quoi, que je viens de reprendre l’expression de maman. J’ai tout en mémoire, c’est hallucinant, pire que de la science-fiction. Il me semble avoir vécu cinq minutes de délire, de voyage, mon corps ici et moi là-bas, ou bien l’inverse. Le temps m’a semblé court, d’après ce que j’ai compris je suis resté des heures dans la pensée des autres. Je voyage dans des rêves ou bien je deviens fou. Surtout, n’en parler à personne. Si je ne vois pas les rêveurs, j’espère bien qu’eux non plus.Il faut que je résume, pour ne pas faire d’erreurs.
Je peux m’être trompé, mais j’ai bien reconnu une des voix, je ne sais pas comment faire si c’est elle qui apporte à manger. De plus j’ai bien compris, comme ma présence trop proche, que je pouvais influer et modifier l’action, un bouchon de piscine par exemple. Pourvu que ce ne soit pas elle qui serve ce soir, je dirais que ce n’est pas vrai, ça ne peux pas exister.
Le temps est passé vite, très vite, je ne m’en suis pas rendu compte, ça a l’air dangereux et très fatigant. Je suis sûr que c’est parce que je suis allé loin, mais je ne suis pas certain que j’ai parcouru une distance, ou alors c’est parce que j’ai visité trop de songes. Il faudra que je cherche si les rêves fatiguent, en voilà une bonne chose à faire sur l’ordinateur, chercher les rêves éveillés, et si on doit vraiment s’endormir. Moi qui cherchait quoi faire, j’ai trouvé de quoi m’occuper, je ne suis pas devenu Superman ou un Avenger, mais presque, j’ai une super folie ou un super pouvoir. Je suis en train d’éclater de rire, je viens juste de penser que mon costume de super héros sera un pyjama.
« Mon chéri, ça va ? Je croyais que tu te reposais. »
Mince, j’avais oublié que maman était là, elle ne faisait pas de bruits.
« Je vais y aller mon chéri, je reviens demain après-midi, si ça ne va pas, tu m’envoies un message tout de suite, et tu sonnes l’infirmière. »
« Merci maman, je t’adore, tu penses a des gâteaux pour demain, et tu me laisses un peu d’argent pour en bas, ça serait bien. »
« Dans le tiroir, je t’ai laissé un petit billet, repose-toi. C’est la première fois que tu me dis que tu m’adores, c’est trop mignon. »
Elle m’embrasse sur le front, que je déteste ça, et referme la porte, je n’ai plus qu’a attendre le repas, encore une autre histoire.
Google est mon ami, j’ai ouvert mon écran, peu de messages en attente, mes potes s’en sont allés, quelques mots de Marie-Cécile pour me dire qu’elle va passer en fin de semaine avec son père, les potins habituels de l’école, un prof qui est absent, rien de bien folichon. Je lui envoie trois mots et je pars en vadrouille sur les sens du mot rêve et ses déclinaisons.
Je suis complètement perdu, le rêve éveillé existe bien, mais tout se fait sous hypnose ou bien à l’absorption de certaines drogues, ce n’est pas mon cas, quoique les médicaments, mais ça m’étonne. Je lis sur d’autres sites, que les ondes Alpha, Bêta, Gamma et Thêta, caractérisent un état d’endormissement, je ne comprends toujours rien, que cela concerne le sommeil profond paradoxal en basses fréquences. Mais alors là, ça devient le flou complet quand je lit qu’un roulement de tambour, des clignotement de lumières ou un contrôle des battements du cœur permet d’atteindre cet état. Certains Chamans, j’ai du aller chercher ce mot, sont capables de sortir de leur corps, je suis complètement largué. Par contre, il paraît que le siège du rêve se situe à la base arrière du crâne, juste ou se situe ma blessure, ça me parle mieux, mais sans plus. J’ai commencé à avoir peur quand j’ai lu un article sur un certain professeur Michel Jouvet, qui pour comprendre ces fonctionnements, mutilait le cerveau des chat et découpait en petites tranches.
Certains appareils seraient capable d’analyser les vibrations du cerveau, aussi bien en veille qu’endormi. Je suis devenu une machine vivante, pas question qu’on m’ausculte, c’est tout ce que je suppose. Rien n’est de mon niveau, que des mots compliqués, psychotique, hypnotique, infrasons, ultrasons…
Google n’est pas mon ami, il ne m’a rien expliqué.
Je vais fermer l’écran, quand on frappe à la porte, j’ai un frisson dans le dos, le repas, l’infirmière.
J’essaie de me cacher derrière l’ordinateur, c’est complètement idiot et je lance un « Oui » timide, en me raclant la gorge.
Ce n’est que le personnel médical qui vient m’enlever, avec un léger picotement que je ressens, l’aiguille dans le bras. La porte est restée ouverte, j’entends le chariot des repas, quelqu’un frappe et entre.
« Bonsoir monsieur, votre repas, on vous a mis des compotes en plus. »
Elle pose le plateau sur la table à côté, me fait un grand sourire, et s’adressant à l’infirmière :
« Il est tout blanc le jeune homme, il n’aime pas les piqûres on dirait. »
« Je lui enlève au contraire, vous allez bien monsieur ? C’est vrai que vous êtes blanc. »
« Non, non, ça va, mais tellement de piqûres, maintenant je me méfie. »
J’ai dû avoir peur, ça doit se voir, mais l’aide-soignante ne dit rien de plus et s’en va continuer son service.
Et si je n’avais fait que rêver d’elle ? Comment savoir ce qui est vrai, ce qui est faux ?