L’HOMME ET LA FEMME VERTES – chapitre 28

3 mins

Pour autant, l’humanité n’était pas tirée d’affaire.
Dix milliards, bientôt quinze milliards d’êtres humains hétérotrophes qui se nourrissent de pratiquement tout ce qui bouge et de tout ce qui ne bouge pas, c’est trop pour une petite planète.
On a longtemps considéré l’espèce humaine comme le nec plus ultra de l’évolution sur notre planète, comme la plus haute forme d’intelligence connue.
Toute la question est de savoir ce qu’est l’intelligence. Capacité d’abstraction, capacité à faire des liens, utilisation d’outils de plus en plus élaborés, libération des contraintes biologiques. Oui peut-être. Mais si toutes ces capacités fabuleuses aboutissent à la destruction de la biosphère, cette intelligence s’assimilerait plutôt à de la bêtise. Doit-on se contenter d’une intelligence stupide ? Peut-on aller plus loin ?
Si l’on peut parler d’une intelligence destructrice, peut-on découvrir une intelligence créatrice ? Et si l’intelligence destructrice est destructrice de vie, l’intelligence créatrice ne devrait-elle pas être créatrice de vie ?
Existe-t-elle cette intelligence créatrice de vie ?
Elle existe mais pas chez les Vertébrés qui sont portant considérés par tous les biologistes de France et de Navarre et d’ailleurs comme les formes de vie les plus évoluées sur notre planète. Peut-être mais pas comme les formes de vie les plus intelligentes, au sens de créatrices de vie.
Les écosystèmes les plus créateurs de vie sont les récifs coralliens. La profusion de vie y est phénoménale et dépasse de loin celle que l’on trouve dans tous les autres écosystèmes connus. Ces coraux (1) sont des animaux invertébrés de l’embranchement des Cnidaires qui comporte également les méduses. Ces animaux vivent en symbiose avec des algues unicellulaires, les Zooxanthelles. Ces algues associées elles-mêmes à des bactéries transforment grâce à la photosynthèse la matière minérale en matière organique. Elles assurent ainsi leur croissance et transmettent au corail qui les héberge dans ses tissus une partie de cette matière organique, couvrant 80% de ses besoins. Les 20% restants, le corail s’en charge en attrapant avec ses tentacules toutes les petites proies qui passent à sa portée. Cependant le corail est tout à fait capable de survivre sans proie aucune, s’il est bien éclairé. Voilà donc un animal devenu autotrophe par symbiose avec des algues unicellulaires. Le résultat : une productivité extraordinaire et une création de vie sans pareil.
Voici, sans nul doute, la forme de vie la plus intelligente de notre planète. Et de loin. L’Être humain peut aller se rhabiller : il ne lui vient même pas à la cheville en termes d’intelligence créatrice de vie. Il y a pire encore : certains mollusques gastéropodes pratiquent la kleptoplastie. Se nourrissant d’algues, ces limaces de mer (2) récupèrent les chloroplastes de ces dernières et se nourrissent de la matière organique produite par photosynthèse Décidément les Invertébrés sont allés beaucoup plus loin que les Vertébrés dans le développement de l’intelligence créatrice. Pauvres humains à la créativité débridée dépassés par des cousins des méduses et des gastéropodes aquatiques.
Alors devons-nous laisser la place aux coraux et aux limaces de mer ? L’avenir de la vie est-il là ?
Peut-être pas. Il y a peut-être un côté prémonitoire dans cette appellation des écologistes : on les appelle les verts !

(1) -De nombreux coraux vivent en symbiose avec des végétaux unicellulaires : les zooxanthelles dans les mers chaudes, ou d’autres espèces de phytoplancton dans les mers froides. Un large éventail de bactéries fixatrices d’azote2, y compris des décomposeurs de chitine vivent dans le mucus produit par les polypes3 et forment une part importante de la nutrition des polypes4. Le type d’association entre le corail et sa flore varie selon l’espèce. Différentes populations bactériennes sont associées aux muqueuses, au squelette et aux tissus des coraux5.
(2) – Cette tendre petite limace de mer, Costasiella Kuroshimae, mollusque gastéropode, dont les yeux globuleux et les tentacules rappellent les meilleurs films de science fiction a pour repas favoris des algues, ce qui lui donne sa couleur verte.
Ce qui est stupéfiant avec cet animal, qui peut mesurer jusqu’à 5mm et qu’on trouve près du Japon, de l’Indonésie et des Philippines, est qu’elle est l’un rares animaux à pouvoir faire de la photosynthèse.
Lorsqu’elles mangent, elles aspirent les chloroplastes et les incorporent dans leur organisme dans un processus appelé kleptoplastie. Le phénomène, qui peut normalement seulement être fait par des organismes unicellulaires, font d’elle une petite limace alimentée par le soleil !

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