A. (Nocturnes)

< 1 min

Souvent elle restait, là.
Assise et lasse
Sur cette chaise qui comme elle
Attendait que les heures défilent.
Bien assise sur cette même chaise
qui, chaque jour, l’attendait.
Au même endroit.
Le regard vers la fenêtre
A observer les chats venant ça et là, manger
Leurs gamelles qu’elle avait remplies pour eux.

Le regard plein de méfiance
Quand elle me regardait, parfois.
Les marques du temps n’avaient pas eu victoire sur son visage
Encore lisse et joli
par une vie si organisée, sûrement.
Aussi ordonnée que toutes ses journées
Qui se passaient, inlassablement les mêmes
Réglées comme du papier à musique.
Le petit bémol
n’était plus que frivole
Rendant l’ambiance
Oh dièse
Oh charmant métronome
Que faisait la pendule
Toujours à l’heure, le rythme
pour bercer ses regrets
Et rassurer ses craintes.

Jamais ses lourdes années
n’auraient pu la trahir
Si elle ne s’était tant pliée
Presque recroquevillée
Alourdie par le temps
Reposée sur elle-même.
Elle faisait le dos rond
A toutes ses exigences
Comme le chat attaque
Elle, faisait toute rondeur
Rendant l’obstacle douceur
A toutes imperfections.
Les nôtres étaient les siennes.
Maintenant si usée, en oubliait l’épée.
Tout doucement rangée
Dans le coin de sa tête.

Quelquefois elle partait.
Toujours assise là
Le regard bien lointain
Au delà des maisons
S’envolait vers d’autres vies
D’autres passés, peut-être.
Elle semblait lasse
Et blasée.
Ereintée par le bleu.
Laissé au hasard, là
Dans un coin de ciel, bleu.
Un peu de sa mémoire
Oubliée là, le feu.
La chaleur de la vie
Ne la réchauffait plus.
Elle était toute bleue.

Son regard me toisait,
Parfois dur et méfiant
Bienveillance au repos.
Parfois douceur, splendeur
Se frayaient le chemin
Le fusil au repos.
Dans ses grands yeux tout ronds.
S’emmêlaient sentiments.

Les tableaux qui ornaient
les murs de son salon
La dévisageaient, tant
Impassible splendeur
Enjolivant sa vie.
Ca et là quelques cadres
S’alignaient bien en place
le long de ses meubles lourds
Et résistants au temps.
Et laissant dévoiler visages et sourires
Vestiges d’un passé.
Celui du temps joyeux
De la famille heureuse.
Le temps de l’insouciance
Jeunesse florissante.
Mémoire oubliée dans le creux de ses yeux
Aveuglés de lumières y reflétaient souvenirs
Et sourires éternels.

Pat. (26/01/2020) Nocturnes.

Image :  pixabay de DimitrisVetsikas1969

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