Lieu inconnu.
Ben !!!, Antonio !!!!!, Harry !!!!!!…..Tout est en flamme !!… Le vaisseau est complètement détruit.
Ils ne vont pas tarder je dois me dépêcher… Là bas ! Une tôle bouge.
Harry, Harry tu es vivant !! Je vais te sortir de là.
Passe ton bras autour de mon cou…. Aller un petit effort on y est presque. Harry ?! Harry !!!
Bon sang il a perdu connaissance, il faut vite que nous sortions d’ici avant qu’ils arrivent.
Journal de bord, 01 février 3080, 21h36 heure terrestre ; je m’appelle Yvan Ouroumov, je travaille pour la S.M.A, Société Mondiale de l’Armement.
Qui que vous soyez, si vous lisez ce journal de bord, c’est que ni Harry ni moi avons survécu.
Les créatures seront bientôt là et je doute que nous puissions leur échapper longtemps. Je distingue une colline non loin, il faut que nous y soyons rapidement, de cette sorte j’aurais une bonne vision du lieu du crash tout en étant assez éloigné.
Cela fait deux jours que nous sommes partis de la terre et il s’en est fallu de justesse pour que son explosion ne nous emporte pas nous aussi.
Cette bonne vieille terre… nous avons tous été fou, fou de croire que nous pouvions l’exploiter ainsi. Malgré « la grande étude » effectuée le 04 juillet 3054 et dont tous les modèles nous prévenaient que nous étions au bord du point de non retour, nous avons continué de croire que nous pourrions exploiter cette planète indéfiniment, et ce qui devait arriver est arrivé, quatre ans plus tard…
D’après nos calculs, la fin devait survenir en l’an 3079. Impuissant que nous étions notre seule chance d’y échapper était la migration. Dès lors nos années de sursis ont été employées à construire des vaisseaux qui allaient pouvoir expatrier les quelques millions d’être humains toujours en vie vers la planète X-SF380ex située à à peine deux années lumières de la terre, qui était resté cachée aux yeux de nos télescopes les plus puissants et que nous allions baptiser plus tard “Terra 2”.
La population mondiale qui était de plus de quatorze milliards, avait alors chutée en quelques années à moins de vingt sept millions d’individus.
Une chute spectaculaire exclusivement liée aux changements climatiques et à leur répercutions.
Lorsqu’en 3058 les glaciers, malgré nos prévisions les plus pessimistes, se sont mis subitement à se détacher la montée des océans a été aussi impressionnante que brutale et en moins de quarante jours, trente pourcent des terres avaient été englouties.
Il y eu alors trois exodes qui se sont formés, l’un vers la Bolivie, le second vers le Népal, et le dernier au Niger, mais la montée des eaux n’allait pas être le seul phénomène dévastateur…
Quatre ans plus tard, quatre vingt cinq pourcent de la terre était soit englouti par les eaux, soit dévasté par des tremblements de terre et autres glissements de terrain à une échelle que nous n’avions jamais connu jusqu’à lors.
L’espèce humaine s’était entièrement réfugiée en Afrique, au cœur du désert, qui s’était vu transformé en une jungle luxuriante.
Puis est arrivé ce 21 décembre 3077 soit deux ans avant le jour fatidique, où la terre s’est littéralement fissuré en deux et où les nuages de cendre venaient plonger la terre sous une nuit éternelle. La température de l’air avoisinait les quarante deux degrés de jour comme de nuit. Presque toute la population dont nous avions pu assurer l’exode était partie. Ne restait que quelques vaisseaux de militaires, scientifiques et ingénieurs tels que moi.
A notre grand désespoir nous avons été obligé d’abandonner là des milliers d’hommes devenus à moitié fous. Nous le savions, l’heure était venue désormais, il fallait partir…
Je ne sais pas combien d’heures il me reste à vivre mais je sais que je n’oublierai jamais ces visage d’hommes déformés par la folie.
Quelques heures auparavant ces mêmes hommes semblaient avoir encore toute leur tête mais lorsque la croûte terrestre s’est fissurée de toute part, la peur a changé le plus brave des hommes en être prêt à tout pour sa survie.
Tout ceux qui étaient condamnés sur terre avaient reçu une capsule de BVD, un produit qui devait les plonger dans un profond sommeil avant de les soustraire à la vie de façon totalement indolore, mais rien ne s’est passé comme prévu…
Ce changement de comportement a été en fait la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Il faut comprendre avant tout que très tôt, l’humanité savait qu’un faible pourcentage allait pouvoir migrer vers Terra 2.
Deux ans environ avant ce qui devait être un exode programmé, tous savaient qui allait survivre et qui allait périr sur terre.
La communauté scientifique, technique et médicale, nécessaire à notre “nouveau départ” a été ainsi privilégiée. Les femmes et enfants ont suivi. Les personnes dont l’âge était avancé s’étaient majoritairement proposées pour laisser la place à ceux qui avait encore la vie devant eux.
Les prisonniers et détenus étaient condamnés à rester sur terre, mais une grosse majorité ont demandé à aider à la préparation de l’exode en échange de leur pardon lequel a été accordé à tous ceux dont les fautes étaient mineures.
Les hommes ayant une famille à charge ont également eu la possibilité de migrer.
Les places restantes elles ont été tirées au sort.
De tout ceux qui devait rester sur terre, bon nombre ont aidé les privilégiés à finir la flotte. Aussi paradoxale que cela pouvait paraître, l’humanité restante était devenue une seule et même personne suivant le même chemin, celui qui allait permettre à l’humanité de survivre, tout en sachant qu’une bonne partie allait donner sa vie pour les autres.
Quelques mois avant que la flotte ne soit terminée des dizaines, puis des centaines, puis des milliers de personnes ont utilisé leur capsule de BVD et personne ne pouvait leur en vouloir tant la peur les rongeait lentement.
Mais lorsqu’il ne restait que six navettes prêtes au décollage dont la mienne, la peur a fait disparaître tout ce qu’il y avait de bon en eux pour faire place aux sentiments les plus sombres.
A ce moment précis ne devait rester que deux cent cinquante à trois cent hommes sur la planète. Les dernières navettes quant à elles ne possédaient chacune que quarante deux places. Quarante deux compartiments individuels en fait, car si l’homme maîtrisait depuis plus de quatre cent ans la vitesse de la lumière rendant possible les voyages intersidéraux, la contrainte était que chaque individu à bord de l’appareil devait être plongé dans un coma artificiel dans une sorte de cabine étanche et ce durant tout le trajet.
Voilà pourquoi à ce moment précis quand bien même nous aurions voulu prendre d’autres passagers, une place prise en aurait automatiquement condamnée une autre.
Et ces hommes dont l’instinct était redevenu aussi basique que primaire, étaient bien décidés à ce moment là à s’emparer de ces places.
Très vite les militaires ont dû se défendre et tirer sur cette foule prête à occuper les navettes restantes par la force.
Les rares militaires qui avaient tenté de leur faire entendre raison ont été lynchés sur place.
J’étais horrifié par ce que je voyais se dérouler sous mes yeux.
Il était impossible de ne pas comprendre leur désarroi car même moi qui était à bord d’une navette déjà fermée et prête au décollage j’étais pris d’une frayeur sans précédent en voyant la terre se disloquer de cette façon et je pense qu’au fond de moi je ne souhaitais qu’une chose, que notre navette décolle au plus vite avec moi à son bord.
Là où le sol ne se fissurait pas ou ne s’éventrait pas, des geysers de lave explosaient soudainement de toute part.
Rien, non rien ne s’est passé comme prévu…
Lorsqu’enfin notre navette a décollé du sol terrestre, j’ai vu par le hublot des dizaines d’hommes fous essayant de grimper sur les propulseurs anti-gravitationnels mais très vite je les voyais tomber les uns après les autres. Six heures après les ultimes décollages, nous pouvions constater sur nos écrans radars que la terre s’était transformée en un gigantesque nid de volcans en fusions qui dévastaient les quelques quinze pourcents de terre non submergés.
Je n’ai pas pu retenir mes larmes en voyant défiler devant moi les derniers instants de cette terre qui nous était si chère et que nous avions nous même détruite. Et pendant cette instant de tristesse je n’osais guère penser à ces hommes que nous avions laissés là.
Personne n’allait pouvoir se défaire de ce sentiment de culpabilité qui venait de marquer notre âme pour l’éternité. Tous ces malheureux devaient avoir péri depuis plusieurs heures, probablement quelques poignées de minutes après notre décollage.
Puis cela a été l’instant ultime où en un éclat la terre a explosé dans un immense amas de lumières. Voilà, c’était désormais terminé, nous l’avions détruite. Nous étions tous coupables de cette folie, mais nous ne pouvions plus revenir en arrière.
Un silence pesant occupait l’espace de notre navette car tous les membres d’équipages avaient le coeur lourd.
Mais il a rapidement été temps pour chacun d’entre nous de prendre place dans nos capsules individuelles où le temps allait s’arrêter pour nous et ce durant un peu plus de deux ans, le temps pour notre navette d’atteindre Terra 2.
Mais Terra 2, si elle possédait toutes les caractéristiques nous permettant de survivre, n’était pas pour autant hospitalière.
Plusieurs peuples et créatures terrifiantes vivaient ici depuis probablement des millénaires.
Fort heureusement, et c’est là le seul bon coté de cette misérable aventure, lorsque les peuples de la terre ont compris que la limite était franchie et que nous étions perdus, les guerres ont cessé et tous ont communié afin de construire ensemble leur seule chance de survie.
Durant près de douze années, notre peuple a pu concevoir ici, sur Terra 2, un immense dôme d’un diamètre d’environ deux cent kilomètres.
Suivant les quatre points cardinaux terrestre, le dôme était doté de quatre postes avancés qui surveilleraient nuit et jour les environs.
Une fois le dôme opérationnel deux ans avant que la terre ne se fissure, nous nous étions empressés de charger femmes, enfants, scientifiques, et médecins à bord des plus gros vaisseaux fortement armés tandis que les hommes qui avaient eu la chance de pouvoir embarquer étaient partagés dans des vaisseaux plus petits et moins armés.
Néanmoins une inconnue subsistait. Sur terre nous avions une liaison quasi instantanée avec Terra 2 grâce à un système performant basé au Népal et qui utilisait Mars comme relais satellite. Mais lorsque le Népal a été lui aussi submergé le contact a immédiatement été à jamais rompu.
Voilà pourquoi une appréhension légitime parcourait nos esprits avant de plonger dans notre coma artificiel.
Et si le dôme était détruit? Et si l’exode s’était finalement soldé par un échec? Plusieurs questions pour lesquelles l’unique réponse se trouverait présente à notre réveil.
Et cela a été le cas il y a six heures environ lorsque notre navette a stoppé son voyage interstellaire à environ trois cent mille kilomètres de la couche atmosphérique de Terra 2.
Il nous a fallu deux heures pour sortir de notre léthargie et réaliser que nous étions arrivés. C’en est suivit ensuite le moment de vérité et l’établissement du premier contact avec le dôme.
Un premier poids a disparu de notre coeur lorsque ce dernier a été établi.
C’en suivit plusieurs échanges techniques durant lesquels nous avons entre temps apprit que nous étions la première navette à arriver mais concernant ce qu’il était advenu de la terre aucun responsable ne nous a posé la moindre question, à aucun moment.
Notre chère planète qui avait disparu depuis plus de deux ans, pourtant j’avais cette impression que c’était il y a quelques heures, tant mes souvenirs étaient restés vifs dans mon esprit.
C’était comme si notre voyage dans l’espace n’avait duré que le temps d’un court sommeil… mais le temps s’était bien écoulé depuis…
Puis est arrivé l’heure d’amorcer notre descente vers le dôme.
Tout s’est bien passé jusqu’à ce que nous avons pénétré l’atmosphère de Terra 2 et c’est là que le vaisseau a été frappé par une forte décharge ionique qui a endommagé notre navette et obligé à atterrir en catastrophe.
Ce que je ne comprends pas c’est qui! Qui a pu lancer cette attaque?
Durant la construction du dôme et notre étude de l’environnement qui nous entourait nous avions pu nous heurter à plusieurs espèces diverses et nous avions pu constater que deux peuples se détachaient largement des autres.
Deux peuples eux même en guerre, protégeant chacun leur territoire, avec notre dôme au milieu.
De ce que nous savons ces deux peuples sont tout à fait similaires et font parti de la même espèce.
Leur technologie est certes avancée pour un peuple semblant somme toute assez primitif, mais jamais je n’aurais pu soupçonner qu’ils puissent maîtriser des tirs à charge ionique… en tout cas une chose était sûre, ils allaient arriver d’ici très peu de temps sur les lieux du crash.
Si Harry et moi voulons avoir une infime chance de survivre, il va nous falloir traverser la jungle afin d’arriver au poste avancé sud car les nôtres n’iront pas plus loin que les postes avancés.
Heureusement si ces créatures sont de parfaits chasseurs qui savent traquer et suivre une proie elles ont un point faible car elles ne distinguent aucune proie si cette dernière est immobile. Toute fois elles ont une capacité olfactive très développée et notre sueur pourra par contre nous trahir. Pour leur échapper nous allons devoir évoluer en marchant le plus lentement possible…
Journal de bord, 21h50 heure terrestre ; nous nous trouvons à deux cent quatre vingt quatre mètres du lieu du crash maintenant. Harry n’a toujours pas repris connaissance.
Grâce à mes jumelles thermiques je peux aisément distinguer la chaleur se dégageant de la carcasse de la navette.
Ca y est! Les créatures sont arrivées, j’en distingue quatre,….cinq, six…..sept…..huit !! Huit créatures!… et ces cornes… ce sont les Harks !! Bon sang !…. Huit Harks,… Comment allons nous nous en sortir ?!! Ces bêtes sont les pires de toutes, ce sont des chasseurs chargés de ramener la pitance au sein de leur clan…
Sur les huit, quatre s’occupent de chercher des corps et quatre se sont placés aux quatre coins du lieu du crash.
Je doute qu’ils suspectent une fuite d’éventuels survivants du crash, non à mon avis pour l’heure je pense qu’ils redoutent plutôt l’arrivée des Eaques, leur ennemis… Je prie pour qu’ils ne retrouvent pas notre trace.
Il va nous falloir rester immobile pendant qu’ils seront occupés à scanner les environs.
Quatre créatures chargées de la pitance sortent leurs premières victimes… je n’ose pas imaginer lesquels de mes compagnons vont servir de repas ce soir.
La peur d’en faire parti me paralyse les doigts et c’est avec difficulté que je saisis mon pad et que je dicte ces notes, mais si ces dernières peuvent un jour servir à notre peuple ce sera là ma dernière satisfaction.
Je dois penser à régulièrement essuyer la sueur qui se dégage de mon corps et de celui de Harry.
Les créatures ont sorti une douzaine de corps et semblent tourner en rond maintenant.
Voilà qu’ils chargent les corps fumant sur le dos d’un animal.
Une créature vient de changer le spectre de son scanner qui d’un rouge vif est passé à un vert fluorescent… Elle semble analyser quelque chose sur le sol, bon sang c’est nos traces qu’elle a repéré !
Journal de bord, 22h12 heure terrestre ; j’éprouve la plus grande difficulté à parler car ma nervosité créée des tremblements dans mes moindres mouvements.
Les créatures ont bien repéré notre trace. Immédiatement après l’appel de celle qui avait repéré nos traces, quatre d’entre elles se sont mises à hurler en brandissant leur lance.
Les mieux équipées se sont mises en route et les quatre autres sont restées pour s’occuper de rapatrier les carcasses fumantes de mes anciens compagnons.
Leur instinct de chasse allait atteindre le plus haut niveau, poussé par l’éventualité de se retrouver avec de la chair fraîche au menu, et lorsque leur cri de guerre a retenti dans la pénombre, mon cœur s’est figé.
Je ne sais pas où je trouvais le courage de ne pas mourir pétrifié sur place et de me replier en portant Harry sur mes épaules.
Grâce à mes jumelles je pouvais les observer et fort heureusement, ces créatures sont assez lentes, ce qui me laissait la possibilité de les contenir à distance malgré la fatigue que je ressentais à porter Harry mais je savais que je ne tiendrais pas longtemps ainsi. D’après mon pad nous étions à quatre mille quatre vingt dix sept mètres du poste avancé sud.
Cependant cette fatigue avait le mérite de m’empêcher de trop penser à ma peur.
J’aurais tant aimé avoir le courage et la volonté d’un mercenaire…
De part mon métier d’ingénieur en nouvelle technologie je connaissais évidemment toutes les dernières armes mais face à des créatures si féroces j’avais surtout besoin de courage…
Je dois m’arrêter un instant, il faut que je me calme absolument car je sens monter quelques pics de stress et c’est principalement à cause de ça que ces créatures peuvent me suivre.
Plus je me calmerais et plus leur tache de pistage sera dure, mais facile à dire plutôt qu’à faire…
Jetons un oeil sur leur avancée… elles semblent s’être arrêter, …si elles pouvaient seulement rebrousser chemin…
Je vais en profiter pour faire un point sur les armes dont je dispose…
Journal de bord, 23h20 heure terrestre ; il fait si noir que sans des lunettes thermiques il me serait impossible d’évoluer sans risque.
Néanmoins plusieurs des plantes qui poussent dans cette jungle sont recouverte de feuilles larges étonnamment phosphorescente, ce qui apporte de la lumière par ci par là.
Je ne saurais dire où ni comment, mais j’ai trouvé le courage de faire ce que je pouvais pour nous en sortir et comme la meilleure attaque c’est la défense, j’ai décidé d’utiliser l’arsenal dont je dispose pour tenter de les ralentir ou peut être même de les tuer qui sait… Heureusement que par le passé j’ai effectué plusieurs voyages sur Terra 2 lors de la construction du dôme et que je connais quelque peu l’environnement sans quoi la tache serait encore plus dure.
J’ai placé toutes les mines dont je disposais sur le chemin qu’elles suivront pour nous trouver.
Si cela ne les vainc pas, j’ai espoir que ça les ralentisse ou que ça les blesse suffisamment pour nous permettre d’arriver au bord de la chute d’eau qui se trouve à deux mille quarante quatre mètres d’ici.
L’eau de la chute nous permettra de mettre en difficulté leur pistage mais si nous l’atteignons, un autre danger tout aussi grand nous guettera.
Dans ces eaux vivent une race de reptile que je pourrais comparer à nos crocodiles à ceci prêt qu’ils mesurent en moyenne vingt cinq mètres de long.
Fort heureusement ils n’évoluent que dans les eaux calmes de ce que l’on sait. Il nous faudra donc rejoindre très vite la rive une fois la chute d’eau passée mais pour l’heure, il s’agit de tenir les Harks à distance jusque là, ce qui ne sera pas une mince chose à faire.
Ah si seulement Harry pouvait revenir à lui, je serais moins pénalisé.
Le porter devient de plus en plus dur, sans compter que lui, militaire, saurait se débrouiller mieux que moi face à cette situation et saurait probablement quoi faire pour tenir à distance les Harks.
Il est temps de repartir…
Journal de bord, 23h54 heure terrestre ; je… je dois calmer ma respiration…ce que je vais dicter maintenant pourra s’avérer extrêmement important si un jour un humain trouve mon pad. Un des Harks est mort et un deuxième a été blessé, grièvement je crois…
Rien que de dicter ces quelques mots, je sens en moi monter une forte excitation, comme si j’avais pris un profond plaisir à faire cela…et pourtant c’est vrai, c’est exactement ça, j’ai pris plaisir… parce que j’ai quelque part vengé mes compagnons? Parce que j’ai fait grandir notre chance de survie en en tuant une et en en blessant une autre ? Je ne sais pas… de toute manière mon impression personnelle n’avait que peu d’importance à cet instant précis.
Ce qui est important et qui montre que les Harks ont évolués, c’est qu’ils ont réussi à déjouer les mines de proximité que j’avais placé sur leur chemin.
Comment je ne sais pas, mais de toute évidence ils l’ont fait grâce à une nouvelle technologie.
Ces mêmes mines, que nous avons disposé dans un périmètre de sécurité tout autour du dôme et qui dans le passé nous ont fortement été utiles lors de nos premières expéditions…
Je possède moi même un détecteur de mines intégré à mon pad… peut être en ont ils trouvé un sur le lieu du crash… mais comment ont ils su s’en servir… autant de question sans réponse…
Parallèlement à ça il y a une autre chose tout aussi importante, c’est que ces créatures n’ont pas pu détecter la présence des mines à déclenchement manuel.
Les mines manuelles sont beaucoup moins à la pointe de la technologie que les mines de proximité. Elles ont une charge explosive dont le mécanisme de déclenchement s’opère manuellement et à une distance de deux cent mètres maximum.
Ce sont ces quelques mines, que j’ai déclenché à distance et qui ont causés des dégâts.
Il faut absolument que ces informations parviennent à notre peuple…
Après cette explosion leur colère s’était littéralement décuplé… des cris de guerre ont jailli et ont semé la terreur dans mon âme bien qu’elle été déjà bien pétrifié jusque là.
Mais aussi étonnant que cela puisse paraître, et l’adrénaline aidant, mon courage était de retour et ma détermination plus grande que jamais.
Le haut de la falaise était tout proche, plus que quatre cent quatre vingt deux mètres à parcourir. Un dernier coup d’oeil thermique pour voir où elles en sont, …bon sang elles se rapprochent !!
La colère semble leur avoir redonné des forces! Ah mes compagnons aidez moi, aidez moi à trouver la force d’aller jusqu’au bout! Il faut tenir !!.
Journal de bord 00h16 heure terrestre; Harry et moi sommes toujours vivant mais il s’est est fallu de peu que nous ne soyons déchiqueté par les Harks enragés.
J’avais de plus en plus de mal à distancer les trois créatures restantes qui poussées par la colère, avaient trouvé l’énergie nécessaire pour forcer l’allure.
Nous étions enfin arrivés au bord de la falaise. Il fallait jeter Harry en premier puis alors que j’étais moi même prêt à bondir, un cri effroyable est sorti de nulle part. Les trois Harks étaient là, prêt à me sauter dessus quand dans un élan que je décrirais de réflexe de survie, j’armais mon fusil à pompe et décochais un coup qui frappa le torse de la créature la plus proche, faisant voler en éclat son plastron et laissant gicler des jets de sangs bleus.
En pleine perte d’équilibre et de connaissance la créature s’est écroulée sur moi, nous faisant par la même occasion chuter tous les deux, une chute de vingt cinq… trente mètres au moins…
L’impact a été rude mais encore une fois grâce à l’adrénaline qui me parcourait le corps j’ai trouvé rapidement la force de refaire surface puis de regarder à gauche, à droite, où se trouvait Harry.
A ce moment précis, ni les Harks restés en haut de la falaise, ni celui qui était tombé avec moi ne m’occupaient l’esprit, pas même ces bêtes que je qualifierais de…crocodile géant, non, seul Harry m’occupait l’esprit et j’avais beau chercher, je ne le trouvais nulle part. J’étais totalement obsédé par lui, je ne pouvais pas imaginer qu’il avait pu couler ou même qu’il ait pu dériver et se faire prendre par ces satanés bestioles!
Et tout à coup sur la berge, alors que la raison me gagnait, je l’ai vu échoué au sol, les pieds baignant encore dans l’eau.
Moi qui le croyais toujours inconscient je n’avais pas eu la présence d’esprit de regarder sur la berge.
Sans doute le choc de la chute ou l’eau froide l’auront sorti de sa torpeur.
Aussi vite que j’ai pu je l’ai rejoint puis une fois arrivé à la berge j’ai entendu un énorme cri rauque, comme si l’on poignardait un buffle sous mes yeux.
C’est alors que j’ai vu l’Harks qui était tombé avec moi, qui venait de se faire gober par un de ces crocodiles géants.
Bon sang, cet Harks qui me semblait en haut si imposant, semblait là être une souris dans la gueule d’un cobra.
Il n’a pas eu à gémir longtemps avant de se retrouver complètement englouti par cette bête aux dents acérées.
Mais je dois admettre que je ne ressentais aucune peine pour lui bien au contraire, j’étais satisfait de le voir finir ainsi.
Je levais ensuite les yeux vers le haut de la falaise, de là où nous avions chuté et où je voyais les deux Harks restants.
Ils se tenaient droit debout, une lance à la main, me fixant du regard. Je me suis soudain à nouveau sentis paralysé par leur attitude.
Moi qui les auraient imaginés criant et hurlant, je les voyais, totalement statique, comme s’ils venaient de comprendre que je n’étais peut être pas un gibier aussi facile à attraper.
Soudain l’un des deux s’est cambré en écartant ses bras et a lancé un cri puissant qui m’a glacé le sang et qui s’est fait entendre malgré le bruit de la chute d’eau et la hauteur qui nous séparait.
Puis les deux Harks se sont retournés et sont partis avec hâte. Je venais de pousser la colère de deux Harks à leur paroxysme et de provoquer la partie de chasse la plus dangereuse qui soit.
Mais l’heure n’était plus aux pensées profondes car si la chute d’eau constituait un obstacle infranchissable tant l’eau n’était pas leur élément, il ne fallait pas douter qu’ils puissent rapidement trouver un chemin pour les mener jusqu’à nous.
Il n’était plus question de reculer, il nous fallait atteindre notre poste avancé au plus vite.
“Harry! Harry lève toi! lui disais je”
Harry était à demi conscient mais semblait comprendre ce que je disais… “Aller, appuie toi sur moi, il faut qu’on s’en aille d’ici!”
Sans trop comprendre ce qui se passait Harry trouvait la force de tenir à demi sur ses jambes tout en prenant appuie sur moi et à avancer.
J’aurais aimé le voir totalement réveillé et prêt à combattre les Harks, lui qui était entraîné pour ça, mais je me disais que c’était déjà bon de pouvoir parler à quelqu’un d’autre qu’à moi même et surtout bien que n’avançant qu’au ralenti, c’était toujours mieux que si je devais le porter.
Journal de bord 0h46 heure terrestre; je me nomme Harry Murtaught, je suis commandant de la navette Alios II de la force aéroportée terrienne et je suis un rescapé du crash. La seule chose dont je me souviens c’est d’avoir enclenché le bouclier de protection lorsque cette charge ionique s’est dévoilée devant nous, malheureusement le champ de protection ne s’est pas déclenché assez rapidement et l’onde de choc nous a frappé de plein fouet. C’est alors que la navette a perdu prodigieusement de la vitesse avant de se crasher au sol et puis, plus rien…C’est Yvan, notre ingénieur en chef qui m’a extirpé de cette fournaise et qui m’a tiré de là. Suivant ses dires il a fait ce qu’il a pu pour que nous échappions à un groupe de quatre Harks qui s’était lancé à notre poursuite. Après cela je me souviens m’être réveillé au milieu d’un torrent d’eau et dans un élan de force, j’étais parvenu à rejoindre la berge avant de perdre connaissance. Yvan m’a ensuite traîné jusqu’à ce que je reprenne doucement connaissance puis il m’a raconté tout en détail. Dès lors il était de mon devoir de le protéger comme lui l’avait fait pour moi…
Il est 0h48, le poste avancé Sud se trouve précisément à mille quatre vingt mètres droit devant nous. Nous ne pouvons pas courir sous peine d’être trop visible pour les Harks mais nous devons tout de même nous dépêcher de couvrir cette distance car les deux Harks restants ne feront pas de halte pour pouvoir nous traquer. Dans les quelques armes restantes qui pourraient me servir il me reste des griffes, des pointes acérées qui se disposent au sol en cercle et qui se déclenche au contact d’un fil dissimulé au sol. Dès que les Harks franchiront ce passage et que leurs pieds toucheront le fil, deux douzaines de griffes seront projetés sur eux.
Cela ne les tuera pas car leur peau est suffisamment parsemé d’écailles mais cela je pense les blessera au moins pour nous permettre de les distancer, et pour être sûr que les Harks passeront dans ce point précis je déposerais un chiffon imbibé de sueur au sol.
Après cela si nous voulons atteindre la zone de couverture à quatre cent mètres autour des postes avancés nous n’aurons pas d’autres choix que de passer la frontière qui sépare le territoire des Harks à celui des Eaques, leurs ennemis jurés. Il nous faudra atteindre un point stratégique sans que les Harks ne nous rattrapent et sans que les Eaques ne nous remarquent puis c’est là que je déclencherais notre fusée éclairante qui aura pour double effet de prévenir nos alliés de former un tir de couverture et d’attirer je l’espère un groupe d’Eaques car si cela marche, les Eaques et les Harks se confronteront immédiatement ce qui devrait nous laisser quelques minutes pour tenter d’atteindre le poste avancé.
Yvan c’est assoupi, malgré la peur et l’angoisse, mais je pense qu’il était heureux de passer le flambeau. Il ne reste qu’à les attendre maintenant…
Lieu : Poste avancé Sud du dôme.
« Apportez-moi un brancard! Et trouvez-moi un docteur ! Tout de suite !!
Commandant Murtaught ? Commandant Murtaught ?! Vous m’entendez ?
On vous transporte au bloc, nous allons changer votre sang… commandant ??
Il ne répond plus ! On le descend, vite ! Infirmier Martin, il nous faut vingt litres de O+ et deux doses de Dragorium pour arrêter l’expansion du venin !!… Allez-y piquez !
Voilà, nous avons fait ce que nous pouvions, il va falloir attendre que le Dragorium fasse son effet… »
Journal de bord 10h12 heure terrestre ; Ca y est Yvan, nous sommes arrivés chez nous, mais si tu as su toi me protéger durant tout ce temps, je n’ai malheureusement pas réussi moi, à faire de même pour toi…
Je ne trouverais probablement jamais le pardon pour t’avoir perdu si près du but.
Tu as trouvé le courage, la force et la volonté d’affronter seul ces créatures et jusqu’au bout tu auras montré l’étoffe d’un héros.
Toute la population terrienne connaît ton exploit tu sais…tous sont fiers de ce que tu as fait.
Je te promets de veiller sur les tiens jusqu’à la fin de mon existence.
Merci mon ami.
Harry
Bonjour Fabrice,
Félicitations pour votre première participation, le Pen est ajouté au concours !
Bonsoir,
Merci, je craignais de m’être trompé avec les hashtags, je ne savais pas ce que c’était.
C’est parfait !