Carnet de vie, de hasard et de voyage.11

2 mins

Cannes Été 2010

La chaleur aujourd’hui est supportable. C’est mon troisième jour.
 Cannes est un mirage. Une sorte de confiture qui attire les guêpes.
Mon boulot c’est d’empêcher les guêpes d’approcher le miel, en l’occurrence le « Palais club » la plus grande boite événementielle d’Europe ! Du moins c’est comme ça qu’autour de moi on l’appelle.
  Costume noir, chemise et chaussures noires, je règne sur 50 à 80 agents, de beaux bébés dont plus des deux tiers se rapprochent plus de la carrure du bœuf que de l’agneau !
De 22h à 08h tous les jours, ou plutôt toutes les nuits, du soir au matin je travaille au Palais des Festivals de Cannes. Le tapis rouge foulé en long en large et en travers, au point que mes semelles en sont cramoisies.
Bon sang qu’est-ce que je fais ici au milieu des VIP qui craquent 100 000€ la soirée à boire et les « petits » qui eux laissent que 6000€ ?
Quarante-sept nuits plus tard, j’ai subi l’épreuve du lieu, les soirées à 5000 personnes, les stars mythiques, les jeunes filles ivres vomissant et urinant dans mes bras pendant le transport, les imbéciles ivres et belliqueux, les pervers, la drogue, toutes les drogues, les maladresses de mes agents, la violence, les menaces, le chantage et trop souvent la confrontation.
L’ennui parfois.
J’en retire quoi ? Que j’aime la mer et que j’aime les emmerdes, que j’aime travailler en équipe, que j’aime ne rien maîtriser, que j’aime risquer ma vie, que j’aime gagner et que j’adorerai perdre.
La recherche de l’ivresse de l’instant, où tout peut commencer sans aucune certitude, quant au dénouement, un poker menteur avec le bluff et le jeu pour règle !
J’ai peur donc j’existe, je réussis donc je vis !
Il me reste à faire une poignée de nuits mais d’ores et déjà, je sais qu’avec la complicité d’une trentaine de gaillards et de deux gaillardes j’ai réussi la mission impartie.

 Je dors quatre heures par jour, je mange une fois par jour, j’ai les deux talons douloureux mes épines calcanéennes sont enflammées et mes chaussures neuves du début de saison sont à donner aux chiffonniers, mes costumes, qui doivent être nettoyés tous les trois jours sont devenus presque transparents !
Hier j’ai été pris d’une forte nausée physique, comme pendant un marathon, assez mal pour penser abandonner.
Trop de « tout », pas assez de « rien » et puis le malaise s’est estompé, ce soir nous faisons la photo souvenir. Toute l’équipe pose devant l’objectif du photographe du staff sur les marches du Palais, déjà les dernières adresses finissent de s’échanger, beaucoup ont conçu ici une décision ou un rêve de vie, et pour certains ce nouveau destin est déjà en route.
Pour moi, rien ne change, toujours plus loin dans la démesure ! Que me reste-t-il à tenter ?
Quel pari à relever !?
 
Peut-être devenir raisonnable, être moins « con » comme je le résume dans mon langage parlé habituel ? Vaste programme !

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