Bonjour,
Je souhaite partager avec vous mon roman de fantasy jeunesse Le Dernier Brûleur d’Étoiles. Ce dernier s’est vendu à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires et a reçu le Prix de l’Imaginaire 2015 chez son ancien éditeur. C’était mon premier roman ; je l’avais écrit à 19 ans et il dormait dans un tiroir depuis plusieurs années. Je vous laisse imaginer ma surprise et ma joie lorsqu’il a été publié ! Aujourd’hui, seule détentrice des droits, j’ai envie de le rendre accessible à tous et de le faire (re)découvrir dans sa version originale en deux tomes. Pendant le confinement, je m’efforcerai de poster un chapitre par jour ; ensuite, ce sera sans doute autour de deux chapitres par semaine. Mais trêve de bavardages, je vous laisse découvrir les aventures de Gwenvael !
Voici la petite accroche du livre :
À la suite d’un étrange cauchemar, la vie de Gwenvael bascule. Contraint de fuir l’orphelinat où il vit depuis toujours, le jeune homme tente de donner un sens aux mystérieuses paroles prononcées par le directeur de l’institut juste avant son départ : « Trouve Calypso ».
Lorsqu’il est attaqué par une horde d’hommes des bois et capturé par un redoutable guerrier, Gwenvael comprend qu’il a franchi les portes d’un autre monde.
Et s’il n’avait pas toujours vécu à l’orphelinat ?
S’il était Celui qu’ils attendaient tous ?
Partie 1 : Calypso
Lorsque je me réveillai cette nuit-là, je tremblais de tous mes membres. J’étais en sueur et je sentais mon cœur tambouriner contre ma poitrine. Il me fallut un bon moment pour réaliser que je me trouvais dans ma chambre, assis dans mon lit. Alors, j’allumai la lumière et jetai un coup d’œil à mon réveil.
Trois heures quarante-six.
Je poussai un soupir de frustration, car je savais que j’aurais sans doute du mal à me rendormir. J’étais encore trop choqué par mon cauchemar, et malgré la chaleur qui régnait dans la pièce, j’avais froid et claquais des dents. Mon rêve était stupide et sans queue ni tête ; cependant, j’en gardais un étrange et désagréable sentiment de déjà-vu ; il me semblait que j’avais déjà vécu les scènes de ce rêve, que je m’étais déjà trouvé dans des lieux identiques à ceux dont j’avais rêvé et que j’avais déjà été le témoin des actes horribles qui s’y étaient déroulés.
Des coups frappés à ma porte me firent sursauter et m’arrachèrent brusquement à mes pensées. Sans attendre de réponse, Laura et Hugo, deux enfants de huit ans, entrèrent dans ma chambre.
– Gwenvael, pourquoi tu as crié ? me demanda Laura. Tu as fait peur à tout le monde, et tu as réveillé les petits !
– J’ai fait un cauchemar, lui expliquai-je. Mais je ne savais pas que j’avais crié. Je suis désolé.
– Un cauchemar ? répéta Laura. Oh, raconte-le, s’il te plaît !
– Non. Ça va te faire peur.
– S’il te plaît ! me supplia-t-elle à nouveau. Je veux savoir ! J’aime les histoires qui font peur !
Je haussai les épaules. Laura était arrivée ici quatre ans aupara-vant, et depuis, j’avais eu le temps de découvrir son caractère : elle ne craignait rien, était un véritable garçon manqué, une vraie meneuse, têtue et menteuse. Je savais qu’elle ne me laisserait pas tranquille tant qu’elle n’aurait pas entendu ce qu’elle voulait, et je n’avais pas envie de discuter. De plus, elle aurait été capable d’aller réveiller Dewis et de lui raconter sur mon compte je ne sais quelle histoire à dormir debout ; et comme il me détestait depuis toujours, il l’aurait crue et m’aurait fait passer un mauvais quart d’heure.
– Très bien, abdiquai-je. Mais tu ne viendras pas te plaindre si tu fais aussi des cauchemars.
Tandis qu’elle s’asseyait sur mon lit, Hugo, moins téméraire, recula vers la porte. Je n’avais pas l’intention de leur raconter ce dont j’avais vraiment rêvé ; j’allais juste adapter l’histoire, de sorte qu’elle les effraie un peu, mais sans qu’elle ne soit trop horrible. Inutile de les faire pleurer à presque quatre heures du matin.
– J’étais dans une forêt, commençai-je. Il faisait nuit, et il y avait de l’orage.
Laura frissonna ; ses yeux brillaient d’excitation.
– Et tu as rencontré un loup-garou ? s’enquit-elle.
– Chut, répondis-je en baissant la voix, ne dis rien si tu veux savoir la suite…
Elle se tut immédiatement, s’attendant à une histoire de créatures monstrueuses.
– Je marchais vite, poursuivis-je, et tout à coup, j’ai entendu un bruit bizarre. Des gens se sont mis à crier alors que j’étais tout seul au début, et puis je suis arrivé dans une petite clairière. Un homme est venu vers moi ; il avait une tête de monstre, portait une vieille armure et avait un sourire méchant et cruel. Dans sa main gauche, il tenait un petit chaton tout blanc qu’il essayait d’étrangler, et dans la droite, il avait un très gros couteau. Et tout à coup…
Je me tus un instant. Hugo avait la main crispée sur la poignée de la porte, et Laura était suspendue à mes lèvres.
– Et alors, qu’est-ce qu’il s’est passé ? demanda-t-elle.
– L’homme a tué le petit chaton, il a jeté son corps dans un grand feu et il m’a lancé son couteau en plein dans le cœur. Et c’est sûrement là que j’ai crié et que je me suis réveillé.
Laura me regarda avec déception.
– C’est tout ? soupira-t-elle. C’est nul, ça ne fait même pas peur ! Pourquoi il n’y avait pas de monstre dans ton rêve ? Ou un vampire ! Ou des énormes crocodiles ! Ou bien…
– Fiche-moi la paix maintenant, répliquai-je avec agacement. Tu l’as eu, ton rêve, et moi je voudrais dormir tranquille. Tu seras fatiguée demain si tu ne retournes pas te coucher tout de suite.
Pendant quelques secondes, elle me défia du regard, prépara les insultes très colorées dont elle avait le secret, renonça à les dire devant mon air menaçant, et finalement, elle se leva et rejoignit Hugo. Alors qu’ils regagnaient leur chambre, je l’entendis grommeler « C’est même pas un cauchemar, ça ! » et d’autres choses encore, mais je n’y prêtai pas attention. Les images que j’avais vues m’avaient choqué et seraient à jamais gravées dans mon esprit.
J’éteignis la lumière, et dans chaque ombre qui dansait sur le mur, j’eus l’impression de revoir se dérouler mon cauchemar. Je me tournai dans mon lit, incapable de trouver le sommeil, attendant l’aube avec impatience. Les yeux grands ouverts, je fixai le plafond, pris d’un sentiment de mal-être qu’un simple cauchemar ne pouvait pas justifier. L’espace d’un instant, mon cœur se serra et un appel de détresse résonna dans ma tête. D’une main fébrile, je rallumai la lumière.
J’étais en sécurité, mais ailleurs, quelqu’un avait besoin d’aide. Où, qui, pourquoi, je n’aurais su le dire. Il s’agissait simplement d’une certitude.
Quelqu’un était en danger et moi seul pouvais le sauver.
À suivre…