Songe nocturne d’une lettre à L’enfant
Petit voyou,
Ton sourire perdu dans un monde illusoire, un abîme, sublimé par la magie d’un futur plein de chemin.
Sourire aux lèvres. Pieds nu, courant d’incompréhension face au cosmos, à la fatalité. Tête prise dans les songes d’une musique envoûtante qui fait bouger tes petites jambes vers l’euphorie, cette joie interdite, à ceux qui ne consomme et ne carbure qu’a la certitude.
Écran d’innocence face aux maux. Qui O grands souverains gouverne la tendance spatiale identitaire. Sois pour être et non pour paraître ! La servitude intentionnelle n’appartient qu’aux grands. Aux grands, qui ont cessé de s’égarer dans les méandres du sublime.
Petit vaut rien,
Toi, qui vois tout sans ce regard exacerbé par la méchanceté, celle toute dictée d’un parcourt auréolé de cris et de crachat médiatisé. Vomi limpide de ceux qui ont cessé de rêver. Prends ce grand voilier et galère dans les cieux sans rendre compte du temps et des cataclysmes. Ton regard d’explorateur t’amènera sur le cadre de ce lieu imaginaire où tout est parfait.
Petit garnement,
Toi, qui ne vois pas la couleur identitaire, celle qui détruit les amitiés, celle qui détruit les cœurs. Géographie mortem, orchestrer pour mieux diviser. Pièce de l’échiquier, équation critique d’un règne sans quérulence systématique, envers un système atomique. Détruisant la bonté, créant du mépris. Rendre sacré l’imbécillité. Regarde l’autre jusqu’à y voir le nous et faites de vous les rédempteurs d’un passé souillé par le sang de la différence.
Petit crétin,
Toi, moqueur d’une situation critique, n’y voyant que du ludique. Sourire toujours exposé à d’autant de méchanceté, pourtant indemnisé à se dégoût exposé, mémorandums d’Hommes inachevés. O qu’il est sage d’être aseptisé face à autant de stupidités.
Ils y sont tous, enlignés comme des tarés . Expert à la con, formation à deux balles, mais O combien endoctriné par les discours insensés. L’âme devient difficile à porter lorsque qu’elle s’empreinte de conformité. Malgré la mélancolie nocturne, le vent ne rend pas à celui qui cherche à s’exalter avec la souffrance du mal aimé.
Fils de pute ou enfant roi, tu mérites ta chance. Laisse de côté les amis imaginaires, bien qu’ils t’aient montré le courage, plus tard, ils n’y seront plus, lorsque faudra. Ceux qui y ont cru trop longtemps n’ont pas terminé de tuer pour les faire exister.
Fiston, si tu veux mon avis, ce n’est pas top présentement, nous nous sommes déjà portés mieux. Lorsque tu seras vieux, je veux que tu te rappelle ces quelques mots, l’esprit lourd apaise l’ignorance.
Pour nous, il est sans doute trop tard, nous sommes maudits, nous avons perdu notre innocence. Garde la tienne. La mélancolie est douce en pensée, mais amère en pratique.
Et puis,
À tous ceux qui veulent faire s’écrouler ton existence, je leur dis;
À vous, qui avez la chance de laisser ce regard brimé par la souillure du mépris. À vous, être infinis et blasés. Penser au demain et ceux qui y habiteront. Ce monde qui ne mérite pas d’être détruit à grands coups d’idéologies. Prenez fuite du confort illusoire de la certitude vers le monde de possibilité qu’offre le regard d’un enfant. Ce n’est pas le soleil qui va vous pétrifier, mais de vivre sans possibilités.
Pousser vers le néant, tomber et recommencer.