Maintenant que je suis rentré, j’ai le mot qui va bien, une veillée funèbre, qu’est ce qu’on avait l’air con à remuer tout ça…
Christophe
— Allez les mecs, c’est l’heure de l’apéro, Estelle appelle les autres sinon on va encore manger tard.
Estelle
— T’as qu’a y aller toi, je vais sortir des trucs du frigo, et trouver des verres propres, je ne sais pas si le lave-vaisselle a été mis en marche.
Christophe dans l’escalier en élevant la voix
— L’apéro, c’est l’heure, amenez la bouffe et les chaises.
Quelques portes qui claquent, des pas dans l’escalier jusqu’au dernier étage de ce petit collectif d’amis qui sont devenus voisins, toutes les portes sont ouvertes.
Isabelle
— Personne n’a vu Chloé ? Elle est partie ce matin, si elle a ses chaleurs, je vais encore me retrouver avec une portée à donner, elle commence à me faire chier celle-là.
Moi
— Tu devais la faire opérer, depuis le temps que tu le dis.
Isabelle
— J’ai pas eu le temps de prendre rendez-vous, mais ça commence à me faire chier.
Christophe
— Steph, viens m’aider, j’amène le carburant.
Stéphane
— On met tout sur le bar? OK, compris.
Toutes sortes de couleurs, toutes sortes de formes, une bouteille qui avait l’air de prendre la poussière, à moitié vide, à moitié pleine selon l’humeur, d’un seul coup tout s’arrête, ils fixent tous le bar et regardent cette bouteille parmi d’autres.
Stéphane
— Oh les mecs, j’ai fait une connerie ? C’est pas du Ricard ?
Sophie
— Non, tu n’as pas fait de connerie, mais personne n’en boit.
Moi, pour reprendre le fil
— Quelqu’un a des nouvelles d’ Édith ? Vous savez celle qui buvait, a voir toutes ces bouteilles, ça m’y fait repenser.
Christophe
— Vous vous rappelez la fois ou on a dû la coucher, j’avais retrouvé des verres dans les toilettes, je suis sûr que c’est elle. La première fois qu’il nous l’a amené, elle avait une de ces descentes, j’avais jamais vu ça. Je l’ai vu un jour en ville, elle était assise à une table dehors, et devinez quoi, elle buvait un Coca, on s’est dit deux trois mots, j’étais un peu pressé.
Estelle
— Tu déconnes, à chaque fois qu’elle venait avec lui, elle finissait les bouteilles.
Christophe
— Non, non, je t’assure, je ne vous l’ai pas raconté, on a parlé vite fait, elle à fait une cure à cause de son addiction, il parait qu’il allait la chercher tous les week-end, ça a duré un ans, et puis ils se sont séparés, enfin elle surtout, elle en avait assez de faire pitié, elle n’a plus de nouvelles, je ne lui ai rien dit.
Moi
— Quelqu’un se souvient de la prof, celle qui ne sortait jamais, qui avait peur de tout le monde, qu’est ce que je me suis foutu d’elle quand elle est venu avec lui, ça c’était un cas, je n’ai jamais compris comment il pouvait sortir avec elle, elle devait lui faire des choses spéciales en privé.
Sophie
— T’es vraiment con, je l’ai croisé une fois en boite il y a quelques mois, elle ne m’a pas reconnu, elle était avec une bande de potes, je crois qu’il y avait un mec avec elle.
Isabelle
— Et la Lyonnaise, la grande bringue, j’ai plus son nom en tête, on avait un petit peu discuté, elle se plaignait des mecs qui la viraient au bout de quelques jours, j’ai rien osé lui dire, mais vous avez compris. Elle est venue deux fois avec lui, et bien j’ai reçu un faire part de mariage il y a quelques temps,, comme quoi, elle a trouvé le bon, je crois qu’il était resté avec elle quelques semaines, et puis il est rentré.
Estelle
— Le nombre de filles qu’ils nous a amené, pas une seule sans un pet de travers, c’est fou quand même, et encore, je ne les ai pas toutes vues.
Moi
— Vous vous souvenez de la fois, je ne l’avais jamais vu comme ça, pourtant il tient la dose, quand il s’est mis à crier ” je voudrais une cochonne”, et la fille qui répond ” Je suis là “, qu’est ce que j’ai rigolé.
Christophe
— Oui, oui, je me souviens, on avait organisé un grand repas le soir dans le jardin, plein de gens sont venus, on lui a raconté après, il voulait pas nous croire. Il a passé toute la nuit avec elle dans sa voiture, quelle rigolade, on entendait de drôles de bruits, et puis elle s’est barrée le matin, une fille complètement paumée, elle s’appelait Sylvie je crois. j’ai eu des nouvelles par un pote, elle est partie bosser à l’étranger il parait.
Moi
— Et la styliste de mode, enfin c’est ce qu’elle disait, je n’ai jamais su si elle sortait avec lui, mais je crois qu’elle est devenue la gérante d’une boutique au centre commercial, je l’ai croisée une fois, mais sans plus, bonjour bonsoir, je ne la connaissais pas bien, elle m’a dit que c’était à elle depuis quelques mois.
Christophe
— Qu’est ce qu’il nous à fait rire avec ses filles, ça faisait des nouvelles têtes à chaque fois, et je me souviens de la dernière, Chakra il l’appelait, vous savez, celle qui était mariée, une drôle de jolie fille, il avait l’air d’y tenir, deux ans il sont restés ensemble, et puis plus de nouvelles, je crois que ça l’a assommé, il buvait deux fois plus, c’est pour ça l’histoire de la cochonne. Un jour, je l’ai invité à manger, il en avait un bon coup, il m’a dit qu’il était amoureux, mais que ça n’existait pas, il ne savait plus quoi faire, ça s’est arrêté là, il n’en a plus reparlé.
Sophie
— Je me souviens d’elle, tu as raison, elle n’arrêtait pas de dire qu’elle devait divorcer, mais vous ne savez pas tout, je l’ai croisée un jour dans un salon de coiffure, elle m’a dit que c’était à elle, je crois que c’est son mari qui a payé tout ça, si vous vous souvenez, elle aimait bien le fric et tout ce qui fait clinquant. Elle m’a dit qu’elle passera un jour, comme du temps ou elle venait avec lui, elle est un peu débordée de boulot, et elle n’a plus de nouvelles, ils se sont revus quelquefois, mais il y a longtemps, si je le revoyais il faudrait qu’il l’appelle, mais je ne lui ai rien dit, j’irais me faire coiffer ailleurs.
Stéphane
— Vous n’avez pas des choses plus gaies à raconter, je ne le connais pas ce mec. Au fait Michel, tu ne dois pas m’amener ta bagnole pour la vidange, profite parce qu’après je reprends mes horaires au garage.
Moi
— Si, si, quand tu veux, dis moi le jour. Au fait, vous saviez que c’était sa bagnole, s’il la voyait maintenant, il aurait pas aimé l’entretien, il me l’a refilée nickel.
Christophe
— On le sait qu’il te l’a vendu quand tu as cassé l’autre, t’as eu du bol, c’est bien tombé.
Moi
— Vendue oui, tu as raison, mais je ne l’ai jamais payé, j’ai eu pas mal de galères à cause de l’accident, il ne m’a jamais réclamé, ça m’a vachement aidé pour bosser.
Christophe
— Sans déconner, t’as vraiment eu du bol.
Sophie
— Si on raconte les histoires de galères, vous saviez qu’il m’a bien aidé quand on a acheté la baraque avec mon copain, il est venu chaque semaine pendant des mois à nous filer un coup de main, et c’est lui qui faisait les courses, ça nous a bien soulagés.
Isabelle
— C’est lui qui a loué le camion quand j’ai aménagé ici, il n’a jamais voulu que je le rembourse, il me disait que si je lui payais l’apéro, ça lui suffisait. Vous saviez qu’il a aussi aidé Marion à refaire sa baraque, peinture et papiers peints, toute seule avec son fils, c’était pas évident.
Estelle
— j’ai eu Sophia au téléphone l’autre jour, je ne sais pas pourquoi on parlait de ça, mais avant d’être avec son mec, comme elle n’a pas le permis, il venait chaque semaine l’amener faire ses courses au super marché, elle lui payait l’apéro et ça lui suffisait.
Stéphane
— Mais qui c’est ce mec à la fin, je l’ai déjà vu ou pas ?
Un ange silencieux volette dans la pièce, quelqu’un doit s’y coller.
Moi
— C’est un pote qui buvait, toujours la même boisson, ça l’amusait beaucoup, on mettait une cuiller elle tenait toute seule, je ne l’ai jamais vu saoul et pourtant, un seul de son breuvage et je tombais par terre. La bouteille que tu vois, c’est pour lui quand il venait nous voir, il venait très souvent, et la dernière année c’était avec Chakra, et puis on l’a plus vu. on l’a tous appelé, il disait qu’il viendrait, mais ça ne s’est jamais fait. On sait très peu sur lui, le pote de tout le monde, toujours à rendre service, jamais il demandait qu’on l’aide. Comme Christophe te l’a dit, sa dernière copine, l’a mise dans un état, pas comme les filles d’avant, mais il restait correct, il ne comprenait pas. Un jour dans le journal, j’ai lu qu’un mec était tombé d’une terrasse, comme s’il voulait voler après un sentiment qu’il ne comprenait pas.
Je propose, quand tout le monde sera là, allez chercher les autres, une tournée de Ricard pour finir la bouteille.
Toujours tiré de mon vécu, de mes rêves, j’adore le Ricard. Ce collectif existe, je connais tout le monde, je suis toujours dans mes écrits, moi ou un autre…
C’est pas vrai ce qui est ecrit sur Chakra…Chakra nest en partie que ca….Chakra ne renie pas….pour les autres sait pas ..