In Real Life : Chapitre 1 ( Part 1 ) : Laure

4 mins

12 mars 2017,

05h00.

   Mon portable bip sous la réception d’un message. Je me retourne dans mon lit, cherche mon téléphone sur ma table de nuit à tâtons quelques instants avant de le trouver. Je le saisis et lis le SMS qu’Aaron vient de m’envoyer. Comme tous les matins à la même heure – ou presque – il prend de mes nouvelles. Souffrant d’insomnies tous les deux, nos heures de sommeil sont plutôt courtes. Pourtant, nous sommes actifs dans la journée. Lui, à ses cours à la faculté de médecine, son travail et moi, je m’occupe de mes bénéficiaires. Certes, mon emploi du temps est changeant, car mes horaires sont variables. Je touche à peine le SMIC. Que ce soit en travaillant avec mon employeur, en solo, à mi-temps ou à plein temps avec extra ou non. Malgré mes difficultés à arrondir mes fins de mois et à régler mes factures, j’aime ce métier plus que tout et je ne l’échangerais pour rien au monde.

Vous me direz pour une asociale, vivant seule avec son chien et qui ne sort peu ou presque pas – en dehors de son emploi –. Sauf pour faire ses courses et rendre visite à sa famille – envahissante et dysfonctionnelle –, c’est plutôt cocasse comme situation professionnelle. Surtout que paradoxalement, je me sens utile et dans mon élément aux côtés de mes bénéficiaires. Ils embellissent mes journées et remplissent mon cœur de chaleur humaine. Rendant ma vie de célibataire endurcie, terne et triste moins difficile à supporter, tout comme Aaron depuis dix-huit mois. Bien que notre relation me paraisse surréaliste et irréelle. Tellement, elle est digne des clichés romanesques connus. Je n’aurais jamais pensé qu’un jour, je ferais la connaissance d’un homme tel que lui. Il est aussi complexe qu’unique en son genre et parlait avec lui est un vrai bonheur ! Même si, je dois admettre que je suis – un peu – largué par moments, devant son savoir et ses connaissances. Moi, qui arrêté mes études après mon BEP. D’un autre côté, j’en apprends tous les jours en sa compagnie. Je m’endors moins bête le soir et j’adore ça.

    Je prends le temps de me réveiller un minimum pour me lever de mon lit. À peine assise, ma chienne Roxy, s’installe entre mes jambes, remue la queue et pigne pour la promenade du matin.

— Laisse-moi, prendre un café, répondre à Aaron, me doucher et m’habiller et on y va, je l’informe en la caressant.

Elle aboie pour accord. Je souris, gratte son endroit préféré et me rend dans la cuisine. Mon studio de quarante mètres carrés est mansardé avec des poutres apparentes et hautes. La pièce principale contient un coin cuisine, salle à manger, salon et chambre. Elle est peinte dans les tons beiges et la salle de bain dans les bleus. Quant à la décoration elle n’est pas vraiment moderne, mais pas vieillotte non plus. Elle se situe entre les deux. Les meubles des propriétaires ont dû vécu, tout comme la plomberie. Il se situe au troisième étage sans ascenseur avec des escaliers en spirale. Dont un privé pour monter chez moi. C’est petit, mal agencé, ça manque de rangement et ce n’est pas le grand luxe, mais ça me convient. De plus, je suis en plein centre-ville. J’ai – quasiment – tout à disposition en bas de chez moi. J’habite dans la région Haute-Normandie à dix kilomètres d’une gare pour me rendre dans les villes – petites ou grandes – aux alentours.

    J‘appuie sur le bouton de ma Senseo, met une dosette et pose mon mug sur la grille. En attendant que l’eau soit chaude, je fais la vaisselle. Je range ce qui traîne, rempli la gamelle de Roxy et change son eau. Je prépare mes vêtements pour aujourd’hui puis je fais couler mon café. Lorsqu’il est prêt, je le récupère. Je mets un nuage de lait, un sucre et le savoure en grignotant et répondant à Aaron. J’ai deux vices : la caféine et la cigarette. Je ne bois pas d’alcool, sauf à titre exceptionnel lors d’un anniversaire et ce n’est pas plus de deux verres et encore. Généralement, j’en bois qu’un. Je ne peux pas dire que je mange équilibré ou sainement, mais j’essaie. Durant mon enfance et mon adolescence, j’étais boulimique. Lors de crise, je mangeais principalement du sucre et je me suis rapidement retrouvé en surpoids. J’ai essayé différents régimes durant plusieurs années, mais cela n’a pas fonctionné. En particulier, à l’époque. Cependant, mon environnement était très instable et stressant.

Je devais être partout, tout le temps et à toutes heures. Je me suis retrouvé à jouer un rôle au sein de ma famille qui n’était pas le mien. Dont je n’ai jamais su me défaire et continue de me coller à la peau, à l’heure actuelle. À chaque fois qu’il y un problème, on m’appelle pour que j’intervienne et que je le règle, tout en n’existant pas le reste du temps. Je n’ai pas ou très peu d’intérêt aux yeux de ma famille. Habituée, j’ai arrêté de me battre pour exister et j’ai choisi la fuite à dix-neuf ans. Plutôt que de rester dans un dialogue de sourd et fermé, la plupart du temps. Voir totalement inexistant depuis le décès brutal et soudain de mon père, il y a deux ans. Un traumatisme dont je ne me suis pas remis et m’a fait me renfermer – davantage – sur moi-même. Après cet événement, ma meilleure amie m’a conseillé un suivi psychologique. Tant pour retrouver mon identité que pour faire mon processus de deuil, mais je ne l’ai pas fait. Et, je ne pense pas que je vais accepter de si tôt. Demander de l’aide ce n’est vraiment pas tasse de thé. J’ai pris l’habitude de me débrouiller et de surmonter les obstacles, seule sans jamais abandonner et ce n’est pas près de changer.

    Je suis en train de revoir mon emploi du temps d’aujourd’hui, dégustant mon café quand je reçois un second message d’Aaron. Je ne tarde pas à lui répondre à nouveau et une conversation concise et tout ce qu’il y a plus de banale s’installe entre nous. Malgré le manque de consistance de cet échange, je suis à fond dedans et je ne fais pas attention à l’heure. Bientôt, je me retrouve à court de temps et je n’ai pas d’autre choix que d’abréger. Je prends une douche ultra rapide, m’habille et quitte mon appartement avec Roxy pour sa promenade matinale.

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