Il est 14h30 lorsque Saskia arrive à son cabinet d’avocats. Son assistante et amie, Natasha la laisse arrivée et s’asseoir à son bureau avant de frapper à la porte, un latte à la main.
— Entre !, l’invite-t-elle.
Elle acquiesce d’un signe de tête et pénètre dans la pièce. Natasha rejoint sa patronne et lui donne son café et ses messages.
— Merci, la remercie-t-elle. Est-ce que Vicenzo est revenu de son déjeuner ?
— Non, pas encore. Comment s’est passé ton déjeuner avec ta mère ?
— Mieux que je le pensais. Elle n’a fait aucun commentaire désobligeant ou de mise en garde concernant ma relation avec Vicenzo. Elle m’a simplement dit de ne pas me jeter à corps perdu dans cette histoire et qu’elle souhaite le rencontrer.
— Si tu as son aval, c’est plutôt bon signe. Brian m’a appelé lorsque tu es partie déjeuner.
— Je sais, il m’a téléphoné lorsque je conduisais pour me rendre chez Gino. Il voulait que je ramène Layka plus tôt parce qu’il avait un rendez-vous d’affaires, mais j’ai refusé. Et la conversation a rapidement dégénéré.
— À quel sujet ?
— Ma mère. Il s’est servi d’elle comme prétexte pour justifier sa décision concernant la fin de notre relation et je n’ai pas aimé.
— Tu m’étonnes, c’est lâche comme procédé. Et puis, quand on regarde ce qu’il a épousé avec ce mariage de convenance, il est tombé bien bas. Sa poule de luxe superficielle et intéressée ne t’arrive même pas à la cheville.
— Je te remercie de me remonter le moral mais je vais bien, du moins à ce sujet. En toute honnêteté, je crois que notre séparation m’a été salvatrice. J’avais besoin de le haïr et de le perdre pour m’aimer et avancer. Maintenant le chapitre « Brian » dans le livre de ma vie est terminé et clos. Je ne lui en veux pas d’avoir rompu nos fiançailles pour sa pouffe de top-modèle. Après tout s’il est heureux comme ça, tant mieux pour lui.
— En même temps avec tout ce qu’il t’a fait enduré durant ces trois années, je comprends que tu es eu besoin de ça pour tourner la page. Je n’aurais jamais pu encaisser comme tu l’a fais, j’aurais craqué et rompu bien avant. À vrai dire dès sa première infidélité.
— J’étais jeune, amoureuse, naïve et je pensais avoir trouvé le Prince charmant. Les erreurs de jeunesse ont en fait tous et Brian a été la mienne. C’est comme ça, on ne peut pas réécrire l’histoire et je n’en ai aucune envie de toute façon.
— Surtout que tu as bien mieux à deux portes d’ici, maintenant.
Natasha lui fait un clin d’œil et Saskia répond avec un sourire avec les joues qui rosissent légèrement. À l’instar de sa mère, la jeune avocate est expressive et est un livre pour toutes les personnes, qui compose son entourage intime et privé. Et cela lui a joué des tours par le passé mais aujourd’hui, elle est moins manipulable qu’auparavant. Grâce à sa mère et aux séquelles que son histoire avec Brian lui a laissées, Saskia a tiré beaucoup de leçons de celle-ci. Elle s’est promis de ne plus faire les mêmes erreurs. Bientôt, le téléphone de Natasha sonne depuis son bureau.
— Je crois que le devoir m’appelle ! Désolé, ma chérie.
— Ne t’en fais pas, ce n’est rien. Vas-y et préviens-moi lorsque Vincenzo arrive, il faut que je lui parle.
— D’accord !
Ceci dit l’assistante quitte le bureau de sa supérieure et ferme la porte pour répondre au téléphone. Tandis que Saskia boit son latte en étudiant, le dossier de son client avec qui, elle a rendez-vous dans moins d’une demi-heure.
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Un homme d’une cinquantaine d’années, assis dans un fauteuil en cuir rouge, près d’un feu et un verre de scotch avec des glaçons en reçoit un autre. Celui-ci a une quarantaine d’années et il est en costard-cravat, un attaché-case en main. Son hôte l’invite à s’asseoir en face de lui et l’employé de bureau accepte sans se faire prier. Il est nerveux et des gouttes de sueur perlent son front. Son état fébrile et agité n’échappe pas au cinquantenaire. Il boit une gorgée de son verre et prend la parole juste après. Sa voix est rocailleuse et a un accent russe très prononcé.
— Alors, où en est notre affaire ?
— Elle avance, monsieur.
— C’est-à-dire ? « Косилка » n’est plus de ce monde ?
— Comme vous devez vous en douter son surnom n’est pas usurpé. Cependant, nous avons peut-être trouvé son point faible.
— Je doute, quel en est un. Mais soit, admettons que ce soit le cas, lequel est-ce ?
— Sa fille.
— « Косилка » n’a pas de descendance.
— Si, elle en a une. Certes, elle l’a très bien protégée jusqu’à maintenant, mais elle a fait confiance à la mauvaise personne. Et je sais de source sûr que c’est bel et bien sa fille.
— Intéressant … Vous avez toute mon attention.
○●○
Saskia est en train de réviser sa plaidoirie de cette après-midi et rédige quelques modifications lorsque Vincenzo frappe à la porte de son bureau et entre.
— Tu voulais me voir ? s’enquiert-il en fermant la porte.
La jeune avocate lève la tête de son document et le regarde. Ses lunettes sur le nez et un stylo en main.
— Exact !, confirme-t-elle en s’en souvenant.
Elle pose son stylo, retire ses lunettes et se pince le coin des yeux pour chasser la fatigue, la douleur et se concentrer sur son associé.
— Je t’en prie, assieds-toi, l’invite-t-elle.
Vincenzo accepte et s’installe dans l’un des deux fauteuils présents, face au bureau de la rousse. Saskia prend son gobelet et boit une gorgée de son latte. Sauf que celui-ci est froid et elle le jette avant d’appeler son assistante.
— Natasha tu peux nous apporter deux cafés serrés, s’il te plaît ?
— Tout de suite !
— Merci.
Elle enlève son doigt du bouton du téléphone et Vincenzo prend la parole.
— Alors, de quoi tu voulais qu’on parle ?
— Ton déjeuner s’est bien passé ?
— Oui. Les Spencer ont choisi notre cabinet pour les représenter à l’avenir.
— C’est une merveilleuse nouvelle ! Notre liste de clients prestigieux s’agrandit et bientôt notre réputation ne sera plus à faire, merci.
— N’exagère pas. La seule véritable perle de ce cabinet, c’est toi. Tu en es la créatrice et je ne suis que ta seconde main. Ton joli minois et ton physique atypique ont plus d’effet sur nos clients que moi.
— Mes charmes font peut-être leurs effets sur les hommes, mais pour les femmes ce sont les tiens qui fonctionnent.
— Tant qu’ils séduisent qu’une femme bien particulière, cela me convient, sous-entend-il.
Les joues Saskia prennent une jolie teinte rosée ce qui fait sourire son associé. L’alchimie et l’attraction qu’il y a entre eux ne tardent pas à envahir la pièce et a être palpable. Cependant l’avocate se reprend assez vite et change de sujet.
— J’aurais besoin que tu me rends un service.