Sven
J’avais finalement accepté sa demande, nous voilà donc devant ma maison. Mais malheureusement pour Kohl, à peine arriver, nous voici bloqués, impossible d’avancer. Mon sort de protection était toujours activé, ce qui était rassurant pour moi.
Kohl se tenait juste derrière moi, soudain, il se penchait vers mon oreille et dit d’une voix basse menaçante :
– Enlève le sort, Sven, m’ordonnait-il.
– La magie n’est plus dans ma main. Elle est tissée dans la magie de la maison, plus dans la mienne. C’est elle qui décide maintenant.
Je ne pouvais pas supprimer un léger tremblement dans ma voix car cette simple vérité pourrait probablement me coûter la tête. Au moins, personne ne pouvait dire que j’avais menti avant de mourir.
Kohl ne semblait pas avoir remarqué mon petit accès de sarcasme, et il devrait également dire doucement :
– J’ai encore des démons dans Stanford, ils attendent mes ordres. Tu ne voudrais pas avoir du sang sur les mains ?
Je ne répondais pas, mais grimaçais légèrement à ses mots et réalisais que je n’avais presque aucune chance.
Pour aggraver les choses, je sentais quelque chose de tranchant, juste au-dessus de mes ailes. Son épée démoniaque était suffisamment tranchante pour causer des dégâts au moindre contact.
Kohl pressait l’épée contre ma peau, ce qui me faisait siffler doucement. Ça faisait vraiment mal.
Le démon baissait de nouveau l’épée, mais il voulait savoir :
– Quel sort as-tu utilisé ?
Je baissais la tête et me demandais si je devais lui dire la vérité. Mais était-elle bonne à dire ? Car dans le cas présent, elle serait ma perte.
Mais je ne pouvais pas penser à la réponse pendant longtemps donc répondais avec autant de confiance que possible :
– Je ne suis pas vraiment sûr.
J’entendais un grognement sourd derrière moi, puis une vive douleur traversait soudainement mes ailes. Je criais de douleur. Ma magie essayait de refermer la blessure que Kohl m’avait probablement faite avec son épée. Mais le fer magique de son arme empêchait la guérison.
Je tombais dans l’inconscience tellement que la douleur était insupportable.
En me réveillant, la première chose que je remarquais, c’est que j’étais allongé dans un lit moelleux. Ai-je fait un cauchemar ? Malheureusement non. La douleur provenant de mon dos me le faisait bien comprendre.
C’était donc vrai, je n’avais plus mes ailes.
J’avais beau essayer d’utiliser ma magie mais impossible pour moi, sans mes ailes, j’étais devenu un simple sorcier, je n’étais plus le sorcier le plus puissant que tout le monde craignait.
La porte s’ouvrait à ce moment-là, Tara me regardait et s’approchait du lit en me jetant des vêtements :
– Mets ça. Lorsque tu auras terminé, tu descendras, me disait-elle avant de quitter la pièce.
Je regardais les vêtements posés sur mon lit : un pull noir et un pantalon noir, beaucoup trop grands pour moi.
Alors que j’ouvrais la porte avec prudence, deux démons étaient là à m’entendre, sans un mot, l’un d’eux me regardait avec dégoût, en me faisant un signe de tête qui voulait dire : « Suis-moi ».
De vieilles images accrochées aux murs, des commodes en chêne poli et lisse se dressaient au bord du chemin et des miroirs avec des cadres dorés reflétaient la lumière donnée par des bougeoirs brillants. Dans l’ensemble, cela ressemblait à la maison d’un être Ancien.
Après quelques minutes, les démons, qui m’accompagnaient, se stoppaient et je remarquais Tara, tapotant avec impatience un rythme rapide sur la rambarde en bois de l’escalier.
– Les démons n’ont vraiment pas de patience, me disais-je à moi-même.
Après avoir descendu tranquillement les escaliers pour faire en plus enrager la démone, elle me prit par l’épaule en me faisant grimacer de douleur et faisait rentrer dans une salle. Soudain, une question me submergeait :
Est-ce que Kohl, aurait-il trouvé un moyen d’entrer dans la maison, malgré mon sortilège ?
Je ne crois pas, aussi non, je ne serais pas revenu chez Kohl et serais sûrement mort à l’heure actuelle.
Tara me sortit de mes pensées, en me disant de ne plus bouger. Je relevais la tête et me figeais d’un seul coup.
Elles étaient là, accrochées au mur, ensanglantées.
Mes ailes.