Chapitre 5 – Incendie

14 mins

Kalel

Cette fille, qu’elle… ingrate ! Elle se croit maligne et pense ne pas avoir besoin de mon aide… Elle est en train de me faire perdre mon temps, je n’ai pas que ça à faire de courir après une gamine qui ne connait même pas l’étendue de ses pouvoirs ! Au moins on peut dire que je ne risque pas de m’ennuyer avec elle… Je finirai bien par lui faire entendre raison, il le faut ! Je n’ai pas le choix de toute façon, si je veux pouvoir quitter cette maudite planète et échapper à la dictature de mon père, il me faut accomplir mon ultime mission et livrer cette fille à mon père. Dommage pour elle… Elle possède un tel potentiel ! Mais elle est condamnée… 

― C’est toi ou elle, Kalel. Tu n’as pas le choix… 

***

Elle vient juste de quitter ma salle de cours. Je soupire et me résigne à quitter, à mon tour, les locaux de l’université. Je prie sur le chemin pour ne pas croiser mes « collègues », ils sont tellement insignifiants et inutiles… quel intérêt y a-t-il à écouter les problèmes de couple de l’un et les problèmes de l’autre qui a perdu son chat… Sérieusement ? Je comprends pourquoi certains deviennent dépressifs… Avec une vie aussi misérable que la leur, il n’y a rien d’étonnant ! Heureusement pour moi, je ne croise pas âme qui vive dans les couloirs.

En rentrant chez moi, la première chose qui me vient à l’esprit est de jeter mon cartable dans la cuisine puis d’ouvrir le frigo. J’ai l’estomac dans les talons depuis trop longtemps, ce n’est pas de la nourriture qu’ils nous servent à midi… Même les soldats de l’armée de mon père n’en voudraient pas ! J’attrape alors une bouteille de lait entamée et bois à même le goulot, tout en prenant un de ces horribles yaourts. En soulevant l’opercule de plastique, j’y découvre une sorte de liquide visqueux rose avec des morceaux près mâchés de ce qu’ils appellent framboise. Bien que l’aspect ne donne pas nécessairement envie, le goût n’est pas si infâme que ça. De toute façon, vu le vide régnant dans mon frigo je n’ai pas d’autres solutions que de manger ce yaourt à la framboise qui n’a pas du tout le goût de framboise. Heureusement que mon organisme est fait pour ne pas avoir à me nourrir trop souvent. 

Une fois cet encas terminé, il est temps pour moi de me remettre au boulot. Derrière la chambre se trouve une chambre forte, visible uniquement sur demande – l’avantage lorsque l’on souhaite rester discret – qui me permet de stocker les quelques bricoles emportées durant mon voyage, mieux vaut pour moi que personne ne tombe sur ces « bricoles », provenant de ma planète, qui me servent à l’entrainement. Nos technologies sont de loin bien plus performantes que celle des terriens… 

J’active donc la chambre forte et me dirige vers la pièce maîtresse de la chambre, l’ordinateur de bord, et règle la chambre sur mes paramètres d’entrainement. Dès lors, un milieu hostile mais guère inconnu se présente à moi. Je sens le sol gronder et s’ouvrir sous mes pieds, la chaleur est montée d’un coup et je finis par enlever ma chemise. Je l’observe s’échouer au sol puis disparaître petit à petit dans les fissures du sol. 

Un explosion retenti sur ma gauche et je fais volte-face pour éviter les flammes qui manquent de me brûler. L’explosion a laissé apparaître un immense cratère duquel en sortent d’horribles créatures ressemblant à d’immenses étranges insectes à carapaces et à longues pinces, des Nypps. Je les ai déjà combattu et leurs carapaces sont aussi solides que du roc, mais pas assez solides pour me résister. Un des insecte se dresse sur ses pattes arrière et fait claquer ses pinces en ma direction. Il pousse un cri strident et fonce sur moi, suivi de tous ses congénères. 

Une seconde, c’est tout ce qu’il me faut pour deviner qu’il compte m’entailler le torse de sa pince gauche, j’esquive alors aisément l’attaque et lui porte un coup, qui ne s’avère pas très utile, sur le dessus de son crâne. Sa coquille est trop épaisse, ils ont dû évoluer depuis la dernière fois… je tente alors une nouvelle attaque mais ce fichu Nypps me donne du fil à retordre, il esquive le coup et ses crocs viennent s’enfoncer dans mon épaule gauche. Un violent frisson se propage de mon épaule à l’ensemble de mon corps et je sens le venin du Nypps se répandre dans mes veines, peu à peu, ma vision se trouble et je ne peux plus me fier qu’à mes visions et mon ouïs. Mon rythme cardiaque s’accélère alors qu’un second insecte tente de m’attaquer par derrière et réussi à m’entailler le dos, mais cette entaille lui aura coûté un violent coup de poing dans l’estomac. La force de mon coup parvient à transpercer la carapace de l’insecte qui pousse un cri horriblement aigu, mais à la fois mélodieux à mes oreilles, tout en reculant. Mon sourire s’élargit alors que je l’achève en le poussant dans l’une des profondes crevasses du sol, les flammes jaillissent du sol au moment où son corps sans vie atteint le fond de la fissure et le réduisent en cendres dans un délicieux grésillement. 

J’ai donc découvert la faille ! 

*** 

Carmen 

L’ambiance est très apaisante à la bibliothèque universitaire, seule partie du campus où il me plait d’aller… Nous nous sommes tranquillement installées dans un des nombreux fauteuils installés dans la zone de détente de la bibliothèque. Il n’y a personne, ce qui est très reposant. Sortant mon ordinateur portable, je m’attaque à la relecture de mon cours de sociologie du droit et de la justice, je grimace en lisant le nom de l’auteur étudié au dernier cours ; Bourdieu… Pas très passionnant comme auteur, enfin pour ma part puisque ce n’est pas ce que pense Allyx : « Bourdieu est un grand homme, très intelligent même, qui a su décrire à la perfection les habitus, ou manières d’être, des Hommes… », je ne vois vraiment pas ce qu’elle lui trouve, il est d’un ennuie… c’est facile pour elle, le simple fait de lire dans l’esprit des autres lui permet de rester connectée avec le savoir. 

Allyx m’interpelle et me sort de mes pensées, elle fronce les sourcils et croise les bras sur sa poitrine. 

― Pourquoi tu déteste tant Bourdieu ? 

Ça y est, c’est reparti pour un tour. Je soupire d’agacement et lève les yeux au ciel. Je fixe un instant le bleu du ciel à travers la fenêtre et fronce les sourcils en voyant les nuages prendre de plus en plus de place et bientôt faire de l’ombre au soleil. 

― Hé, ho ! Je te parle ! Allyx me fais signe de la regarder. Elle est assise devant moi, avachie dans son fauteuil, les jambes croisées. 

― Excuse-moi, j’étais dans mes pensées. 

― Ça je le sais bien ! Elle sourit mais son regard ne reflète qu’anxiété. Tu es bizarre en ce moment… je la coupe immédiatement. 

― Je suis bizarre en permanence Allyx, ça n’est pas nouveau. 

― Non, je veux dire que tu n’es pas dans ton assiette en ce moment, en fait, depuis l’incident Ennon… 

L’incident Ennon… j’ai tout fait pour garder cette événement pour moi mais avec une télépathe pour sœur c’était peine perdue. Bien qu’elle n’ait pas insisté pour connaitre tous les détails de l’histoire, je me suis sentie obligée de tout lui raconter, pour son plus grand plaisir. 

― Tu sais très bien que cette altercation m’a fichu un coup All… Ce n’est pas très agréable de se faire insulter d’incapable et de faible… 

― Faut dire qu’il n’a pas tout à fait tort… 

― Quoi ?!? Alors là c’est la meilleure ! 

Je me suis levée avec un peu trop d’entrain et ai fait tomber mon siège. La documentaliste, une veille mégère complètement aigrie qui ne supporte pas les étudiants et encore moins les étudiants détraqués, me fixe furieusement du regard. Elle ne dit pourtant rien et se remet au travail. Je ramasse mon siège et me rassied en tentant de me calmer. Allyx a un sacré culot de me dire ça, comme si c’était facile de maîtriser les différents éléments… Elle-même ne maîtrise pas complètement son don : elle n’est même pas fichue de bloquer les penser de tout le monde, ni de contrer les défenses du nouveau ! 

― Aïe ! 

Allyx vient de mettre un coup de pieds en plein dans le tibia. J’attrape ma jambe droite et me frotte le tibia. Elle a encore une fois lu dans mes pensées qui ne lui ont surement pas plus. 

― Ça t’apprendra ! Elle se rassie furieuse et croise les bras contre sa poitrine en faisant mine de bouder. Qu’elle gamine franchement ! 

― Tu peux parler, tu n’es pas mieux à donner raison au nouveau… 

Elle me coupe la parole en mettant son doigts devant ma bouche. Surprise, je fais un bon dans mon fauteuil et manque de tomber à la renverse. Je cligne plusieurs fois des yeux ne sachant pas ce qu’il lui prend. 

― Qu’est-ce que… 

― La ferme ! 

Je fronce les sourcils mais n’ai pas le temps de répliquer. Elle ferme les yeux et plaque sa main droite contre son front. 

― Une fuite de gaz… sa voix se fait baisse tandis qu’elle se concentre un peu plus. Dans un immeuble, à quelques rues d’ici… 

Puis une violente secousse ébranle les murs du bâtiments. 

Elle n’a pas besoin de m’en dire plus : les images hantent mon esprits. Un immeuble en flamme, les gens qui tentent de s’échapper en vain, les cris, les pleurs. C’est horrible… 

Ni une ni deux, nous nous levons et attrapons nos affaires. Nous savons parfaitement que nous n’avons pas le droit d’intervenir et d’utiliser nos pouvoirs en présence de civiles, mais là c’est urgent, l’immeuble vient de prendre feu et les pompiers ne sont surement pas encore prévenus… d’ici le temps qu’ils arrivent sur les lieux, l’immeuble aura entièrement brûlé et des civiles risquent de mourir. Avec un peu de chance nous arriverons à temps pour contrôler l’incendie et pour sortir le plus de personne possible. 

L’immeuble en feu se trouve non loin de l’université, rue de Marseille, juste derrière une vaste zone d’appartements à proximité de l’université de Lyon, il ne nous aura fallu que cinq minutes pour nous trouver en face de l’immeuble. Les gens courent dans tous les sens, certains passant s’arrêtant pour filmer la scène plutôt que d’appeler les secours, un frisson d’angoisse me traverse le corps et je tourne la tête en direction de ma sœur qui affiche un air sérieux. Nous hochons la tête à l’unisson et courrons droit vers le bâtiment en feu. 

― Il reste quatre personnes à l’intérieur, m’informe ma sœur, deux d’entre eux sont bloqués dans les derniers étages, fait attention l’immeuble commence à s’effondrer ! 

― Ne t’en fais pas je vais tenter de contrôler les flammes et de les étouffer. 

Elle hoche la tête et nous nous engouffrons dans l’immeuble. Il y règne une chaleur à crever et la fumée m’empêche de respirer normalement. Nous nous séparons avec Allyx qui part à la recherche des personnes bloquées dans les premiers étages. 

Je tente alors de libérer mes pouvoirs, ceux-ci se déchaînent impatient de quitter mon corps. Je ferme les yeux et inspire profondément. L’air se fait de plus en plus rare et j’ai du mal à respirer, alors je crée une barrière d’oxygène autour de moi et tente de la propager le plus loin possible. Les flammes se propagent beaucoup trop rapidement pour moi, le bâtiment se met à craquer dangereusement. Les fenêtres explosent une par une et j’entends les cris alarmés des habitants toujours coincés. Il faut que je me dépêche. 

Ne sachant pas trop où aller, je trouve une cage d’escalier qui n’a pas encore brûlé et m’y aventure, j’arrive à l’étage supérieur quand une nouvelle explosion retenti, les cris s’estompent de plus en plus et mon cœur s’affole, je ne peux pas échouer ! Je suis assez forte ! 

Je libère alors ma magie et force les flammes à m’obéir. J’ai soudainement l’impression que ma magie coopère et m’obéit, les flammes s’estompent et s’étouffent, l’air se fait plus pur et se propage dans ce qu’il reste des couloirs de l’immeuble. Il ne me reste plus qu’un étage et j’arriverai à faire sortir les deux dernières personnes bloquées. Mais le contrôle m’échappe, je m’épuise rapidement et ma magie s’annule. Les flammes repartent de plus belle mais je n’ai pas dit mon dernier mot ! J’inspire une nouvelle fois mais l’oxygène me brûle les poumons, j’ai la tête qui tourne et une quinte de toux m’empêche de respirer. La chaleur est intenable, je ne vois presque plus où je mets les pieds et le manque d’air se fait cruellement ressentir. 

J’ai l’impression d’être coincée à cet étage depuis une éternité quand je me rends compte que je n’entends plus rien à l’étage. Plus aucun cris, pas un seul gémissement. Seul le grésillement du bois du plancher et des murs. 

Puis, un craquement sourd se fait entendre juste au-dessus de ma tête. Je n’ai à peine le temps de lever la tête et de plonger en avant pour éviter de justesse le morceau de plafond qui vient de s’effondrer. Je suis à mon tour pris au piège par les débris du plafond. Gisant au sol, je n’ai plus la force de me relever et tousse de plus en plus fort. Ma vision se brouille, les flammes me mordent le visage et la fumée me brûlent les poumons. 

J’essaie en vain de me lever mais m’écroule lamentablement au sol, je me cogne durement la tête contre ce qui reste de la rambarde des escaliers. 

Une dernière explosion retentit, le souffle de l’explosion a fait exploser ce qui restait des fenêtres et des portes, il n’y a presque plus d’oxygène dans l’air et je sombre peu à peu dans l’inconscient. 

Alors que mes paupières se baissent lourdement, une ombre apparaît au loin dans mon champs de vision. Je ne saurais dire si c’est une hallucination ou si cette ombre est réelle, mais je l’a vois s’avancer rapidement vers moi. Mon dernier souffle quitte mes poumons et je ferme les yeux tandis que mon corps quitte lentement le sol… 

*** 

Kalel 

L’explosion a retenti jusque mon appartement. J’ai rapidement quitté la chambre forte et ai regardé par la fenêtre. Je ne vois rien… Fermant les yeux, je me concentre sur chaque esprit, chaque personnes. Toutes sortes de pensées hantent mon esprit, je les trie rapidement jusqu’à ce que je trouve celles qui me conviennent ; argent, travail, embouteillages, … rien de très ordinaire. Je continue mes recherches quand je finis par tomber sur une voix familière ; cette voix est agitée, anxieuse, je ressens sa peur et son stress. Je me concentre un peu plus pour deviner de qui me provient cette voix, je sens qui j’y suis presque au moment où une mystérieuse source de magie éclate dans la ville, à proximité de l’université. La vibration est telle que je sens ma propre magie s’affoler, elle se précipite dans tout mon corps dans l’espoir d’être rapidement libérée. Je fais alors très vite le lien… Carmen ! 

J’ouvre brusquement la fenêtre de ma chambre, manquant de la faire voler en éclat et me faufile sur le balcon. M’appuyant sur la balustrade, je me penche en avant et respire un bon coup, l’odeur de fumée se fait beaucoup plus forte en direction de l’université. Je me penche alors un peu plus en avant, sentant les muscles de mes bras en tension, je prends une bonne impulsion sur mes jambes et saute par-dessus la balustrade. Je prends bien soin de m’éloigner haut dans le ciel afin que personne ne puisse me voir – personne n’est encore habitué à voir un homme planer dans le ciel. Une fois bien haut dans le ciel, je prends rapidement la direction de l’immeuble en feu. 

Le bâtiment va bientôt s’écrouler quand j’arrive sur les lieux. Certains des habitants gisent encore sur le sol tandis que d’autres se sont regroupés en bandes pour pleurer et angoisser entre eux – faibles ! 

Je décide de contourner la bâtisse afin de rester discret, les pompiers n’étant pas encore sur place, je vais pouvoir entrer sans éveiller les soupçons. 

En entrant, je remarque que les pensées de Carmen sont bien plus distinctes que lorsque j’étais encore chez moi. Elle a peur et ne sait plus quoi faire. J’entends sa respiration s’accélérer, je sens ses poumons brûler et sa vue se brouiller. Elle n’est plus capable d’utiliser sa magie et risque bientôt de perdre connaissance. Elle n’est qu’à un étage de moi, mais les flammes m’empêchent de progresser dans l’immeuble. La cage d’escalier est complètement détruite, les marches à moitié carbonisées et des morceaux de poutres entravant le passage. Fort heureusement pour moi, la brûlure des flammes n’est pas aussi efficace sur moi que sur un simple humain, j’arrive donc à les traverser sans encombre. En levant la tête, j’aperçois un trou dans le plafond, je saute jusqu’à lui et me hisse à l’étage supérieur où les dégâts sont bien plus importants qu’en bas. Des morceaux de toits jonchent le sol, des débris de verres recouvrent çà et là le plancher à moitié fissuré et j’entends les murs craquer de plus en plus forts. Non loin de moi, des bruits de toux se font entendre et j’aperçois une frêle silhouette allongée sur le sol. C’est Carmen qui est allongée à plat ventre, les yeux mis clos et la bouche entre-ouverte. Elle peine à respirer et à garder les yeux ouverts. Alors qu’un simple humain serait mort depuis longtemps par asphyxie, elle a su résister. Je remarque qu’elle essaie de se redresser mais s’écroule. Un grondement surgit à son niveau. Le plafond est sur le point de s’écrouler mais elle n’aura pas la force de se relever. 

J’accélère le pas et tente de me frayer un passage jusqu’à elle. J’y suis presque lorsque des petits morceaux de plafond commente à s’effriter et à tomber, elle se couvre la tête à l’aide de ses bras et tousse une dernière fois. Je vois ses yeux se fermer et son petit corps s’affaisser au moment où sa dernière bouffée d’air quitte ses poumons et je parviens à l’attraper dans mes bras juste avant que le plafond ne s’écroule complètement sur son corps. 

Les pompiers viennent juste d’arriver sur place et commencent à peine à éteindre les flammes. L’un d’eux monte sur la grande échelle accrochée à une des fenêtres explosées. Il finit par s’engouffrer dans les flammes mais en ressort après un bref instant pour annoncer que les deux dernières victimes sont décédées. 

Carmen a échoué… 

*** 

Carmen gigote dans le lit sur lequel je l’ai allongée. Elle est sacrément amochée, entre les entailles et la noirceur sur sa peau, la pauvre est dans un sale état. Je lâche un long soupir en attrapant le linge humide plongé dans une bassine d’eau, l’essors et commence à nettoyer minutieusement les tâches noirs ornant la peau de son visage. Je commence alors à apercevoir le beige de sa peau pâle. 

Sa peau est douce, sans aucun défaut. J’observe un instant son visage endormis, ses longs cheveux sales encadrant son visage. 

Elle gémit, je sors de ma torpeur et m’active à essuyer ses plaies. Elle frémit et fronce les sourcils. Je m’arrête aussitôt en remarquant ses yeux s’ouvrir lentement. Elle cligne des paupières, surement étonnée de me voir face à elle. Elle tente de se relever mais se réaffaisse immédiatement en étouffant un cri de douleur. 

― Ne bouge pas idiote ! 

Il faut que je me calme. 

Elle fronce les sourcils et ouvre la bouche. 

― Où suis-je et qu’êtes-vous en train de faire ? 

― Tu en as d’autres des questions débiles… 

Je commence déjà à perdre patience, c’est petite est vraiment idiote, je perds mon temps… 

Elle me fixe du regard en attendant ma réponse. Je lâche un grognement en levant les yeux au ciel. 

― Tu étais inconsciente et l’immeuble était en feu, je t’ai emmené à l’abris, pas la peine de me remercier maintenant arrête de bouger ! 

J’ai dit ça en haussant la voix car elle n’arrête pas de gigoter dans tous les sens. Elle essaie encore une fois de se relever ignorant ma requête et sa douleur. Je la fusille du regard mais elle me défie du regard. Je continue de la fixer jusqu’à ce qu’elle baisse les yeux en rougissant comme une gamine. Satisfait de cette victoire, je sourie en jetant le linge dans la bassine d’eau et me retrousse les manches, je la fais s’allonger sur le dos et lui demande de ne plus bouger. Je me rapproche du lit en me penchant au-dessus de son corps, elle s’affole et cherche à me repousser mais mon air serein l’incite à se calmer. Plaçant mes mains à quelques centimètres de son corps, je ferme les yeux et réunis l’ensemble de ma magie dans mes mains qui s’illuminent alors d’une douce lueur bleutée. Je rouvre les yeux et observe le visage ahuri de Carmen. Mon rythme cardiaque augmente au fur et à mesure que ses nombreuses plaies guérissent et s’estompent pour finalement disparaître et ne laisser qu’une infime trace rosée qui devrait disparaître d’ici deux jours. La lueur s’estompe et je m’éloigne de son corps pour la laisser se relever. Elle se lève en titubant, toujours déboussolée de ce qui vient de se passer et se rattrape à la tête de lit. 

― Comment avez-vous … 

― Je t’ai déjà dit d’arrêter avec tes questions idiotes… 

Elle ne relève pas ma pique et me fixe intensément du regard. Ses iris noisette posés sur moi brillent d’un étrange éclat. Je soupire et m’assied sur le lit, l’invitant à faire de même. Au début réticente, elle finit par s’asseoir prudemment à mes côtés, les sourcils légèrement froncés. 

― Pouvoir d’auto-guérison et de régénération… 

Je ne vois pas l’utilité de poursuivre dans mes explications, elle n’est pas si bête quand même… 

Soudain, son humeur semble changer. Elle baisse honteusement la tête et son regard se chagrine. Les mains jointes sur ses genoux elle finit par briser le silence. 

― Que s’est-il passé dans l’immeuble ? Les derniers habitants sont-ils … 

― Morts ? Elle hoche la tête alors que je lui coupe la parole, c’est toujours dur de vouloir se prouver que l’on peut être fort alors qu’il n’en est rien… Oui, ils le sont… Ils l’étaient même bien avant que tu ne perdes connaissance. 

Cette nouvelle semble la décevoir un peu plus. Elle détourne le visage mais je remarque les larmes couler le long de son visage. Je ne lui fais pas la remarque, elle est déjà assez mal comme ça.

― Je pensais pouvoir y arriver… J’ai essayé de maîtriser l’incendie, je voulais tant les aider. Au début mon pouvoir m’obéissait, je n’avais aucun mal à atténuer les flammes. Mais la fatigue à eu raison de moi et mon pouvoir à repris le dessus… J’ai été stupide de croire que je pouvais y arriver, et par ma faute, deux innocents sont morts… 

Ses pleurs redoublent d’intensité et ses épaules s’agitent de soubresauts. Je soupire ne sachant que faire pour la calmer. Tout ce qu’elle dit est vraie, elle a eu la faiblesse de se croire forte. 

― Je peux t’aider… je peux t’aider à maîtriser ton pouvoir, à le faire réellement tien. Il suffit juste un peu d’entrainement et de patience. 

Elle semble se calmer et tourne son visage dans ma direction. 

― Je vous écoute. Aidez-moi à devenir plus forte. 

Un sourire naît sur mon visage, je me rapproche un peu plus de mon but… 

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