Il était une fois, dans le monde coloré de Tadorannia, une sorcière aux cheveux roses qui cherchait toujours à faire le bien. Elle se prénommait Alice. Elle vivait dans une cabane géante au sommet d’un arbre. Elle observait le domaine qui était le sien ainsi que les élèves à qui elle enseignait et qui donnaient des soins aux animaux ou encore apprenaient à faire des potions curatives ou autres produits du même genre. Un jour, elle fut surprise de découvrir qu’une troupe de personnes arrivait à cheval. Ce n’étaient pas des soldats ou, en tout cas, pas des soldats communs. Et ils ne semblaient pas hostiles.
L’un d’eux descendit de sa monture pour commencer l’ascension de l’arbre menant à la maison de la Sorcière Rose. La montée fut longue mais l’homme entra dans une demeure bien étrange à son goût remplie d’objets dont il ne connaissait ni le nom ni encore moins la fonction.
— Il y a quelqu’un ? demanda-t-il.
Personne ne répondit à cet appel et l’homme pénétra dans la maison. Il ne semblait y avoir personne mais l’homme appela de nouveau. Cette fois, la réponse ne se fit pas attendre et il entendit une voix forte et grave :
— Tu es dans la maison de la Sorcière Rose sans qu’elle ne t’ait invité ! Sois maudit jusqu’à la cinquième génération !
L’invité impromptu sursauta de peur en faisant tomber quelques objets de la table toute proche et plaça sa main sur la garde de son épée. Mais il se remit de ses émotions en voyant, assise sur une armoire, une jeune fille en train de rire de sa bonne blague.
— Ce sortilège marchera toujours ! rit la jeune fille.
L’homme était stupéfait. Certes, on lui avait conté l’histoire d’une sorcière à la chevelure rose et à la robe noire disposant de la vie et de la jeunesse éternelle mais il ne s’était pas attendu à rencontrer une jeune fille aussi jeune. Elle semblait seulement être sortie de l’enfance. Elle aurait même pu encore se faire passer pour une enfant aux yeux de quelques personnes. Et pourtant, elle avait bien sa robe noire, sa chevelure rose, un maquillage rose sur les yeux et semblait très à son aise dans la cabane de la sorcière.
— Eh bien quoi ? demanda la Sorcière Rose. On dirait que vous regardez un fantôme.
— Non, je… je ne m’attendais pas à ce que vous soyez aussi jeune. On m’a dit que vous aviez la vie éternelle mais je ne pensais pas que votre vieillissement s’était arrêté si tôt.
— À quoi vous attendiez-vous ?
— Je ne sais pas. Jeune mais plus âgée… physiquement plus âgée que… que ce que je vois. Une personne qui aurait pu me faire admettre qu’elle avait calmé le serpent de Sirkisia ou encore combattu le puissant Sorcier Bleu. Pas une jeune fille qui fait des blagues…
— Mon pauvre ami, répondit Alice, c’est peut-être bien parce que je suis celle qui a fait tout cela qu’il faudrait maintenant que je prenne le temps de rire.
— Sans doute… admit l’homme. Mais, si tu es la Sorcière Rose, il est impératif que je te parle. J’ai besoin de ton aide.
— J’aide déjà les gens, non ? J’ai découvert plus de remèdes dans ma vie que le meilleur des médecins et j’ai enseigné la magie et l’art des potions à tellement de monde qui, eux-mêmes, l’ont enseigné à d’autres que je pourrais réclamer un prix équivalent à la totalité du trésor royal. Mais je me contente de très peu pour vivre, comme vous l’aurez compris.
— Je dois en conclure que tu refuses de m’aider, sans même me demander pourquoi j’ai besoin de votre aide ?
Alice se tourna vers le jeune homme avant de sourire et de s’approcher de lui tout en minaudant quelque peu. Elle était très séductrice, ce qui semblait embêter le soldat car il la trouvait trop jeune alors qu’elle était des centaines d’années plus âgée que lui.
— Je me fiche complètement de ce que vous voulez de moi, très cher. C’est toujours la même chose, non ? Une grande compagnie de soldats comme la vôtre débarque ici et me demande de l’aide.
Alice se laissa tomber dans les bras de son invité comme si elle allait s’évanouir mais elle eut surtout l’envie de faire de grands gestes théâtraux.
— Et moi, je suis toujours en danger ! Je peux mourir et me faire tuer… Personne ne pense à mon pauvre petit cœur de beurre.
L’homme, lassé, décida de laisser tomber Alice qui poussa un petit cri de surprise en tombant par terre. L’homme n’avait pas envie de rigoler.
— Je crois que l’on m’a mal indiqué en me parlant de toi ! dit-il. Je suis un corsaire du Roi, pas un gardien de petite fille qui n’a sans doute jamais embrassé un homme. J’irai sur les eaux de feu sans toi, chère Mademoiselle.
Alice se leva en se frottant la tête tout en regardant le corsaire sortir de sa cabane et descendre les quelques marches avant de s’approcher des marches qui entouraient l’arbre. En descendant, l’homme avait l’occasion d’observer les drapeaux cloués à l’arbre. C’étaient le drapeau national de Tadorannia et les drapeaux des treize provinces du pays. Le corsaire s’arrêta devant celui qui représentait un aigle noir sur fond orangé.
— Moi aussi, je l’aime bien ce drapeau.
Alice avait parlé et le corsaire se tourna dans la direction de la voix mais sans y voir la Sorcière Rose. Quand il reposa les yeux sur le drapeau, il sursauta car Alice était devant lui. Il ne l’avait pas vue passer.
— Sale gamine ! Tu m’as fait peur !
— Je fais souvent cet effet ! La tête du Sorcier Bleu quand il est tombé au sol. C’était pas mal la peur dans ses yeux. Le serpent, c’est autre chose. Il n’avait qu’une seule expression tout le temps. Beuuuu…
Alice se tira les yeux en faisant une grimace mais elle était bien la seule à rire de cette attitude. Elle ne se priva pas de souligner à quel point son interlocuteur était passif.
— Vous êtes loin d’être marrant. Si on est censé parcourir un long voyage en mer tous ensemble, je n’ai pas du tout envie de m’ennuyer.
— Comment ça « si » ? Je pensais que tu ne voudrais pas venir.
— Je m’en fiche de venir. Je ne sais pas ce que vous devez faire et cela ne regarde que vous. Mais je sais pourquoi vous vous êtes arrêté devant ce drapeau.
Alice utilisa son pouvoir pour attraper le tissu et le tendre avant de le donner au corsaire.
— Quel est votre nom ? demanda Alice.
— Je m’appelle Raoul, corsaire du Roi de Tadorannia.
— Eh bien Raoul, dit Alice en le tutoyant, tu as en main le drapeau de la province de Concentinia. Cette province porte le numéro treize car elle est la province la plus éloignée du Palais royal.
— Je le sais, dit Raoul. Je dois y aller sur ordre du Roi car le Gouverneur ne répond plus et le Roi est inquiet pour son peuple. Je suis envoyé pour faire rapport de ce qu’il s’y passe.
— Et que sont les eaux de feu ? demanda avidement Alice.
— On dit qu’un magicien travaille pour le Gouverneur de la province et qu’il y a un grand mur de feu sur l’eau qui sépare le continent principal et l’île géante de Concentinia. On a besoin d’un magicien pour couper le feu. Et tout le monde dit que tu es la plus puissante.
— Je vois, dit Alice. Pas intéressée et, à mon avis, vous êtes tous foutus. Mais je vous souhaite un bon voyage, surtout qu’il sera le dernier.
Alice remonta les marches de son arbre pour retourner dans sa cabane mais Raoul la suivit car il était certain qu’elle en savait plus. Si elle était si sûre que tout le monde allait mourir, il devait comprendre pourquoi.
— Je vais gérer le commandement de quinze navires militaires remplis des meilleurs soldats et magiciens de Tadorannia. T’avoir avec nous aurait juste permis de rassurer quelques personnes anxieuses mais je n’en fais pas partie. Je sais que nous serons maîtres de la situation là-bas.
— C’est sûr, répliqua Alice, d’autant plus que c’est déjà un territoire de Tadorannia. Mais le Roi se fait peut-être une fixation pour rien. Le Gouverneur de Concentinia est peut-être vieux et ne sait plus se déplacer. Pourquoi directement aller faire la guerre ?
— Je… je n’ai jamais dit que j’allais lui faire la guerre…
— Non, bien sûr, l’armada que tu décris fièrement est juste là pour faire de la décoration.
Raoul n’était pas content de cette réponse et préféra s’en aller sans demander son reste. Cette Sorcière Rose n’était qu’une enfant mal élevée et elle n’allait pas lui servir à grand-chose. De toute façon, il avait assez de magiciens avec lui.
Il descendit de l’arbre pour rejoindre ses hommes alors qu’Alice regardait tout ce petit monde partir. Quelques disciples de la Sorcière arrivèrent alors pour lui demander si tout allait bien et si les cours allaient commencer.
— Je vais bien, assura Alice, mais je ne pense pas qu’eux iront bien dans l’avenir…
Deux mois plus tard, Alice était dans son jardin à s’occuper de ses plantes. Ce n’étaient pas des plantes comme les autres car elles disposaient de membres pour attraper de la nourriture et d’une bouche formée par les pétales pour manger quand les racines n’arrivaient pas à tirer assez de nutriments. C’était quelque chose d’impressionnant que de voir ces plantes bouger et vivre. Certaines avaient aussi la capacité de se déplacer quelques instants hors du sol avant de planter les racines ailleurs et d’autres adoptaient parfois une forme presque humaine dans leur silhouette. Les cours de botanique d’Alice étaient récents et très appréciés par une population nouvelle et heureuse de voir qu’on s’occupait enfin de la terre.
Mais cette quiétude semblait être troublée par l’arrivée d’une dizaine d’hommes portant les uniformes du Roi. Alice interrompit ses cours pour s’approcher de celui qui était le plus proche. Il avait une missive du Roi.
— Sorcière Rose, dit-il, je vous apporte une lettre du Roi en personne qui sollicite votre aide dans une affaire qui le dépasse.
Alice prit la massive dans ses mains et la regarda un instant avant d’utiliser un sortilège pour faire disparaître le papier par le feu. Le garde en fut surpris.
— J’ai assez combattu pour le Roi alors que je me suis toujours déclarée indépendante. Le Roi n’écoute aucun de mes conseils pour se préparer à l’arrivée d’une grande armée ennemie. Pourquoi irais-je donc combattre pour lui ? Me battre contre un autre sorcier ?
— Le Roi vous demande de sauver la vie d’un de ses hommes supposément encore en vie. Raoul, un corsaire qui devait comprendre ce qu’il se passait dans une province de son royaume. Le Roi est prêt à se séparer d’une province complète contre la vie de cet homme.
Alice ne comprenait pas. Ce n’était pas le fils du Roi, bien trop âgé que pour l’être, ni un membre de sa famille. Et pourtant, contre sa vie, il pourrait céder un treizième de son royaume à un inconnu qui crée des murs de feu géants.
— Cet homme est dans le cœur du Roi de Tadorannia, c’est ça ? demanda Alice. Le Roi est un homme qui en aime un autre ? Il n’a pas de fille, ça ne peut être que cela.
— On m’avait dit que vous lisiez dans les pensées…
— Je le puis, oui. Mais je ne le fais jamais. Que serais-je aux yeux des habitants du royaume si je lisais les pensées et que j’influençais les actes ? Je ne pense pas qu’il soit utile d’en arriver là. Je garde l’espoir qu’un jour, un Roi finira par comprendre.
Le soldat ne répondit rien du tout. D’ailleurs, il ne savait pas quoi répondre. Intérieurement, il approuvait la sorcière mais il ne savait pas s’il devait l’exprimer ou pas. Quoi qu’il en soit, Alice ne semblait pas intéressée d’aider le Roi mais le soldat fit tout de même un pas en avant.
— Le peuple pourra-t-il comprendre le choix du Roi ? demanda-t-il. Moi, j’ai du mal. C’est vrai qu’il a un neveu qui pourra monter sur le trône si jamais il n’a pas d’enfant et qu’il vit son idylle avec cet homme. Je ne m’inquiète pas pour le royaume mais je m’inquiète aussi pour Raoul.
Alice regarda de nouveau le garde droit dans les yeux et comprit également qu’il y avait de l’amour pour Raoul qui émanait de ce garde mais pas le même qu’un amoureux qui déclare sa flamme, non.
— Il est de ta famille ? Vu les âges, il doit être ton frère, n’est-ce pas ?
— Oui, Sorcière Rose. Raoul est mon frère. J’étais en colère, perdu entre mon devoir et ma famille. Je n’ai pas compris pourquoi il avait choisi d’aimer un homme et encore moins le Roi. Et ne me demandez pas pourquoi il est aimé en retour de la même façon. Cela me… me donnait envie de vomir. Mais…
— Mais, depuis qu’il est en danger de mort, acheva Alice, tu te fiches de ses amours. Tu veux juste revoir ton frère.
L’homme était un garde fort et sans doute capable d’enfuir profondément ses émotions. Mais là, il aurait fallu d’un rien pour que cet homme chauve à la forte musculature craque comme un petit enfant.
— Mon frère demeurera toujours mon frère, dit-il. L’académie militaire n’a pas été facile pour lui mais il a prouvé qu’il était aussi capable que les autres en dépit de ses amours. Il a bravé plus d’épreuves que moi et bien d’autres. Je ne veux pas passer ma vie à regretter ce que j’ai pu lui dire. Je veux juste le revoir et lui dire que je suis fier de lui.
Alice ne répondit rien du tout. Elle ne pouvait qu’être émue par ces paroles sincères qui l’inspiraient fortement. Cela faisait même un très long moment qu’elle n’avait plus eu une conversation à cœur ouvert comme celle-ci. Mais l’homme alla même plus loin en retirant une épaulière de sa tenue militaire, l’épaulière à l’écusson royal.
— Je n’ai pas d’argent pour te payer mais, si tu acceptes de ramener mon frère, dit-il, tu pourras disposer de mes humbles services dans ton domaine jusqu’à ce que mon corps soit devenu trop vieux que pour te prêter assistance.
Alice prit l’épaulière et la regarda un instant avant de la rendre au garde.
— Je ne me fais jamais payer, dit-elle. Je demande juste une participation à mes élèves pour la cuisine collective car il faut bien manger. La nature nous offre beaucoup mais il y a des transformations d’aliments que je ne peux exécuter. C’est plus du confort culinaire que de la nécessité. Mais je t’invite à m’aider, sans obligation. Une armée va bientôt attaquer Tadorannia. Quand ? Je ne puis le dire. Mais personne ne semble prendre au sérieux ce que j’annonce… Aucun roi. Et la communauté magique a des doutes. Mais il faut que j’apprenne aux gens à se protéger. Si tu veux m’aider, tu seras un formateur dans ce domaine. En attendant, trouve-moi un navire.
Alice attirait les regards des habitants de la capitale de Tadorannia, une capitale munie d’un petit port où le navire le plus grand jamais vu attendait la Sorcière Rose ainsi qu’un immense équipage. Une seconde armada avait été préparée et elle attendait non loin sur les eaux en direction de Concentinia. Encore une fois, le Roi avait fait préparer quelque chose de démesuré et cela, sans se présenter lui-même au port afin d’encourager ses troupes. Seule sa silhouette était visible au loin depuis le balcon de son Palais royal qui surplombait le secteur.
D’autres magiciens faisaient partie de l’aventure et ils ne semblaient pas à leur aise en compagnie d’Alice. Elle faisait sans doute trop jeune pour être une sorcière crédible. Et en même temps, ils connaissaient tous sa force. C’était quelque chose de paradoxal en réalité mais elle se fichait de cela. Elle voulait juste réussir sa mission. Elle ne connaissait pas le danger qui était sur ces eaux. Elle savait uniquement qu’il y avait un grand mur de feu dessus – un feu qui ne s’éteignait pas avec de l’eau – et que le voyage serait long…
Au bout d’une semaine, Alice dut admettre qu’elle s’ennuyait ferme mais elle était aussi la seule femme d’un navire rempli d’hommes. Elle s’en ficha car, comme elle n’était pas capable de s’occuper du navire, elle se trouva un endroit à la poupe afin de profiter du soleil dans une tenue plus légère que sa robe noire. Elle avait également effacé son masque rose des yeux, ce qui permettait de profiter davantage de ses yeux verts. Sa chevelure rose restait la même mais, par certains jours ensoleillés, elle semblait être plutôt rousse que rose. Et plus aucun homme ne la trouvait trop jeune. Elle était très belle et elle avait souvent des remarques gentillettes qu’elle prenait avec le sourire. Mais c’est la remarque d’un apprenti magicien qui suivait son maître qu’elle prit beaucoup plus mal.
— Tu devrais penser à t’habiller, dit-il. On dirait une professionnelle du plaisir des hommes dans cette tenue.
Cet apprenti avait une longue robe de magicien et de courts cheveux noirs qui lui donnaient un air sévère. On pouvait rapidement comprendre que son statut d’apprenti était avant tout une plaie pour lui. Sans doute, se considérait-il déjà comme un vrai sorcier.
— Il n’est pas encore de loi qui m’oblige à porter des vêtements précis. Je ne suis pas nue et je me tiens le plus éloigné possible des hommes. Je ne les aguiche en rien et ce n’est pas toi qui me diras quoi faire.
— Peut-être, en ce moment. Mais je suis un serviteur de la magie traditionnelle. Elle ne devrait être transmise qu’aux hommes et les femmes devraient être considérées comme des fées. Leur place est à notre service et non à nos côtés.
— Le jour où je serai à ton service, répliqua Alice, je t’assure qu’il sera nécessaire de faire attention à chacun de tes repas et de vérifier si un serpent ne traîne pas par mégarde au fond de ton lit.
— Je ferai attention, assura l’apprenti.
La conversation s’interrompit car un vigile, du haut de son mât, dit apercevoir un navire à la dérive. Tout le monde s’approcha de l’avant du bateau et Alice en profita pour s’éloigner de l’apprenti. Elle préféra s’approcher d’un matelot un peu moins humain aux airs reptiliens.
— Capitaine ! Que faisons-nous ??
Les occupants du navire regardèrent le capitaine, un étrange individu dont Alice n’avait toujours pas réussi à déterminer si c’était un homme ou une femme. Elle n’osait pas le demander, de peur de vexer l’individu. Il quitta la barre de son vaisseau pour rejoindre ses hommes et observer l’épave qui se rapprochait.
— Il faut vérifier s’il y a encore quelqu’un en vie à bord. On va aller l’inspecter.
Des hommes réussirent à atteindre l’épave et y grimpèrent à la recherche de vie ou d’indice. Alice fit partie de cette équipe d’inspection avec un autre magicien et l’apprenti. Il n’y avait rien de particulier, pas de survivant mais on pouvait sentir que la structure était fragilisée. Certains bois présentaient d’évidentes brûlures. Le mât principal avait disparu et on constatait des traces noires mais aussi comme des traces de dents, ce qu’Alice repéra.
— À quoi pensez-vous ? demanda le capitaine à la Sorcière.
Il était penché sur ces traces de morsures présentes à différents endroits. Il était inquiet car sa compagnie pouvait foncer vers un danger qui était supérieur à un mur de feu.
— Je ne veux pas m’avancer, dit Alice. Un Blendelle est une piste probable. C’est un serpent géant mais, bien que ces êtres crachent du feu, ils ne font pas de murs.
— Je pensais que les Serpents Géants étaient maintenant des alliés, répondit le Capitaine. Leur chef est mort lors d’une de vos aventures. Les Blendelles restants n’auraient pas tous accepté de suivre leur nouveau chef ?
— Non… Le Serpent de Sirkisia était un être frustré qui a appris à devenir magnanime avant de mourir. Il a tué, il l’a regretté et il a ordonné à tous les siens de se mettre au service des enfants, de les protéger. Si ce sont des Blendelles qui ont fait cela, c’est qu’ils considèrent que nous sommes le danger. Mais il ne faut présumer de rien. Rien n’affirme que ce soient eux.
L’apprenti était derrière Alice et avait tout entendu mais son point de vue n’était pas le même et il n’hésita pas à le partager avec son maître qui était aussi dubitatif. Il était préférable d’informer l’équipage de ce navire et des autres qu’un groupe de Blendelles pouvait les attendre, contrairement au capitaine qui préférait rester modéré. Mais l’information lui échappa rapidement. Les marins eurent peur, trois bateaux ayant même fait demi-tour. Le capitaine de mission dut même faire un discours :
— Il ne nous est pas permis de dire ce qu’il y a au bout de ces eaux ! Mais nous avons une mission et nous devons la mener à bien ! Nous sommes de Tadorannia et le Dieu Dragon nous regarde ! Ne lui faisons pas honte !
Les hommes d’équipage regardèrent vers le ciel. On pouvait observer une grande planète visible à l’œil nu avec de grands anneaux tout autour. Le monde du Dieu Dragon selon la religion de Tadorannia.
— Je vous ordonne de reprendre vos postes. Nous allons continuer notre mission et la réussir !
Alice, elle, était en colère contre son homologue magicien qui avait répandu l’information. Elle aurait préféré qu’il agisse autrement et le lui fit savoir de manière polie mais ferme. Mais le magicien ne sembla pas tenir compte de la réflexion.
— Je fais ce qui me semble le plus juste, Alice ! On m’a engagé pour protéger ces hommes et je le fais. Et vous, votre engagement, c’est lequel ?
— Je protège aussi ces hommes, répliqua Alice. Mais je ne veux pas les mettre face à un danger qui n’est peut-être pas le vrai !
— J’ai estimé que notre équipage devait connaître les dangers ! Votre amitié pour les Blendelles vous fait oublier que le Serpent de Sirkisia a causé des milliers de morts !
— Le Conseil magique a accordé le pardon, rappela Alice.
— Plus depuis votre renvoi !
Le capitaine entendit cette révélation tout comme d’autres personnes autour. Le capitaine de mission s’approcha tout en regardant Alice.
— C’est vrai ? demanda-t-il. Vous avez été renvoyée du Conseil magique ?
— Non, répliqua Alice en regardant le magicien puis son apprenti qui avait un air narquois. J’ai quitté le Conseil il y a deux ans. Nous n’étions pas sur la même longueur d’ondes. Mais je reste la même, je reste proche du peuple de Tadorannia et le Roi semble s’en ficher car c’est lui qui m’a fait venir ! Alors, Sorcier de paillettes, tu peux te taire !
— Tu n’es plus personne ! répliqua l’apprenti. Tu parles à mon maître qui est un vrai Sorcier avec son titre officiel ! Toi, tu n’es qu’une fée tout au plus. Alors, reste loin de nous !
Alice allait répliquer mais le Capitaine s’interposa en se mettant au milieu de ce monde et ordonna que chacun se sépare, les deux hommes à l’avant et Alice à l’arrière, ce que chacun accepta.
— Et si jamais quelqu’un d’autre crée une mutinerie dans mon équipage, il fera usage de sa magie dans le fond de l’eau !
Alice était en colère et n’avait plus ressenti cela depuis un moment mais qu’importe. Il fallait continuer le chemin comme prévu. Il y avait des gens en danger derrière le mur de feu et il fallait trouver une solution.
Trois jours plus tard, le voyage allait prendre une nouvelle tournure car l’eau autour des navires commença tout doucement à chauffer. Il n’était plus prudent de rester dans l’eau. Même les bateaux pouvaient couler mais celui de cette flotte non car les magiciens utilisaient leurs pouvoirs pour refroidir l’eau autour.
— Sans vouloir défendre les Blendelles, dit Alice au capitaine, ce n’est pas possible que ce soient eux. Il faudrait un souffle continu de leur part, ce qui est impossible. C’est un acte magique à coup sûr.
— C’est ce que je pensais aussi, assura le Capitaine. Regardez, Alice, ce qui est devant nous.
Un objet flottait sur l’eau et résistait à la chaleur. En s’approchant, la flotte constata qu’il s’agissait d’une peau de Blendelle. Un Blendelle avait repris sa forme de serpent géant pour muer et sa peau était dans l’eau. Cela fit paniquer absolument tout le monde tant et si bien que deux autres navires de la flotte firent demi-tour. Mais le capitaine resta impassible.
— Cela ne va pas arranger nos affaires, dit Alice.
— C’est trop parfait… fit le capitaine. Le feu, les morsures et maintenant la peau de serpent… On veut accuser les Blendelles. Je ne pense pas que ce soient eux. Quand j’étais un enfant, je n’avais plus de parent et ce sont eux qui m’ont élevé. Je leur fais entièrement confiance.
— J’ai confiance aussi. Quand serons-nous arrivés ?
— Demain. Mais je sens que la nuit sera agitée.
Et le capitaine avait parfaitement raison. Alice dormit dans un hamac dans le fond de la cale. Un moment donné, elle chuta à cause de l’agitation que subissait le navire. Alice sortit de la cale avec difficulté car le bateau ne cessait de s’agiter. Dehors, c’était un déluge. Des vagues immenses et la première vision que la Sorcière Rose vit était celle d’une vague qui venait de retourner un autre navire de la flotte.
— Des hommes à la mer ! cria le capitaine, toujours à la barre.
Mais il était impossible d’aider qui que ce soit. Il y avait tellement d’agitation que sauver quelqu’un était se condamner soi-même. Alice ferma alors les yeux et utilisa sa magie pour sauver les équipages à l’eau. Elle fit sortir les gens de l’eau avant de les répartir sur les navires restants de la flotte. Les magiciens de tous les bateaux étaient sur le front pour pouvoir faire reculer les vagues et éviter ainsi d’autres renversements mais ce n’était pas le pire car l’eau avait pris une forme particulière. Il y avait un serpent géant devant eux, un serpent géant formé d’eau mais qui crachait tout de même un énorme feu.
— Mais ce n’est pas vrai ! scanda Alice. Capitaine, maintenez le cap !
Alice voulait être en tête de troupe avant de lancer un sortilège de protection qui réussit à contrer le grand feu qui fonçait sur la flotte. Chacun des magiciens eut la même idée, ce qui forma un écran très résistant. Mais Alice se sentit tirée en arrière. L’apprenti voulut passer devant elle pour lancer un sortilège afin d’attaquer la créature mais sa technique échoua tristement. Cela étant, la créature des eaux eut son attention attirée par lui et décida d’envoyer un feu plus concentré dans la direction du navire de l’apprenti.
— Imbécile ! fit Alice.
Elle reprit sa place et concentra toute sa puissance pour répliquer à l’attaque par une vague de froid qui s’élança sur la créature. Cette vague de froid impressionna le Blendelle des eaux à un point que son corps aquatique se gela pratiquement sur place. Le corps de glace se brisa en milliers de morceaux quand la flotte de Tadorannia passa au travers. Quelques morceaux de glace retombèrent sur le pont mais ils fondèrent rapidement, laissant une simple flaque d’eau.
— Espèce de petit imbécile ! cria Alice envers l’apprenti. Tu es complètement cinglé, espèce de sale crétin !
— Ne me touche pas ! répondit l’apprenti. J’aurais pu faire la même chose que toi en seconde attaque !
Alice donna une gifle au jeune homme. Ce dernier voulut répliquer par une attaque magique mais son maître l’arrêta avant qu’il ne la lance.
— Laisse tomber, dit-il. C’est une simple fée avec un peu plus de pouvoir que les autres. On la laisse jouir de son exploit pour le moment.
— Dégagez, ordonna Alice. Foutez le camp !
Alice n’avait plus du tout sommeil et était même très énervée maintenant. Elle devait se calmer et le capitaine le voyait. Il confia la barre à quelqu’un d’autre avant de tendre une coupe à boire à Alice.
— Normalement, dit-il, je ne donnerais pas de vin à une personne aussi jeune mais je sais que vous avez la vie éternelle. Alors, vous êtes sûrement plus vieille que moi.
— Je ne bois pas d’alcool, dit Alice. Encore moins quand je suis énervée.
— Oui… À plusieurs reprises, vous avez été traitée de fée. C’est une insulte si grande dans le monde magique ?
— Oui… répondit Alice. Le Conseil magique s’est donné de l’importance en donnant des rangs dans les magiciens. Mais ce n’est pas le titre qui donne notre valeur. Une fée, c’est comme une sous-magicienne.
— Je suis totalement perdu dans votre système magique. Pour nous, simples mortels, tout est merveilleux mais je pense que c’est faux.
— Oui… confirma Alice. Personnellement, j’ai toujours considéré que la magie était comme un muscle. Certains ont plus de chances que d’autres mais, à force de travail, les plus faibles peuvent arriver à faire des prodiges. Beaucoup de mes élèves sont des fées bien plus puissantes que des sorciers ou sorcières mais le Conseil refuse toujours de donner le titre par principe.
— Et vous, vous l’avez eu comment ce titre ?
— Bonne question, répondit Alice en se levant pour retourner dans son hamac. Elle n’allait pas dormir mais elle ne voulait voir personne.
Quelques heures plus tard, on vint chercher Alice car ils étaient arrivés face au mur de feu. La Sorcière Rose se plaça près de la barre du navire pour observer le mur de feu juste devant eux. On apercevait un mur épais de feu d’une quinzaine de mètres de hauteur et d’une longueur indéfinissable. Le bout du navire aurait pu brûler si la magie ne refroidissait pas le bois.
Les magiciens des dix navires encore présents observaient incrédules le mur, sans en comprendre l’origine. Le capitaine encore plus que les autres.
— Si l’un ou l’une d’entre vous a une suggestion intelligente, dit-il, je l’écoute volontiers.
Personne ne répondit quoi que ce soit mais le mur de feu semblait avoir une réaction. De fins filaments de feu se détachèrent pour entourer les navires en stationnement. Si ces filaments venaient à s’abattre sur les bateaux, c’en était fini de ces derniers mais rien ne sembla se passer. Le feu resta en position sans agir.
— C’est un avertissement, dit Alice. Si nous allons plus loin, le feu tombera sur nous.
— Un avertissement ? répliqua l’apprenti. Il faut le comprendre que c’est un avertissement ! Un avertissement dans le langage Blendelle sans doute ? Toi qui as fréquenté ces…
L’apprenti ne dit pas un mot de plus car il venait de recevoir une décharge électrique dans tout son corps. Un éclair partant de la main d’Alice qui n’avait pas pu résister.
— Désolée, dit-elle, ça m’a échappé.
— Aaaah, s’écria l’apprenti en se relevant. J’aurai ma vengeance. Ce sera long peut-être mais je l’aurai !
— Silence ! scanda le Capitaine. Je veux juste savoir si je dois m’apprêter à faire demi-tour ou à mourir !?
— Regardez ! indiqua un matelot.
Le mur semblait avoir une brèche circulaire, comme un tunnel où un individu semblait en sortir en volant. Mais c’était trompeur. Il était en réalité sur un petit nuage de feu qui semblait capable de le porter. L’individu était un magicien à coup sûr. Il en avait l’allure avec sa longue toge et son grand bâton magique. Il était sans doute âgé d’une quarantaine d’années, des cheveux un peu grisonnants et un beau sourire. Il se posa sur le navire où se trouvait Alice et les magiciens à bord se présentèrent devant lui, eux aussi avec leur bâton magique en main. Alice, elle, avait la plume du phénix noir comme à son habitude mais elle ne la tenait pas en main. Elle l’avait attachée dans son dos et elle usa de la magie pour que sa longue robe noire devienne plus simple, plus propice pour le combat. Elle ne voulait pas paraître hostile mais restait prête à se battre.
— Bonjour à tous, dit l’invité, je me prénomme Broze. Arthur Broze. Magicien niveau quatre reconnu par le Conseil magique et grand magicien du Gouverneur de Concentinia. Que nous vaut l’honneur de votre visite ?
Le capitaine de mission descendit rejoindre Arthur Broze sur le pont tout en se présentant :
— Capitaine Visteen de l’armée de Tadorannia. Capitaine de cette flotte envoyée par le Roi afin de comprendre ce qu’il se passe dans cette province, l’origine de ce mur de feu et retrouver un équipage disparu dont certains navires sont revenus en mauvais état avec un récit d’att…
— Vous m’ennuyez, coupa Arthur Broze, Capitaine. Visteen de l’armée de Tadorannia aurait largement suffi. Le Gouverneur souhaite que vous repartiez pour la capitale, que vous soyez moins bornés que la précédente flotte. Repartez et tout le monde sera content.
— Nous ne partirons pas ! assura Visteen. Ce sont des terres de Tadorannia. Je suis mandaté par le Roi ! J’ai une autorité supérieure à votre Gouverneur ! On a dix navires, une cinquantaine de magiciens et vous êtes seul !
— Oui… des menaces. C’est exactement ce que l’autre disait aussi… J’ai oublié son nom…
— Raoul, dit Alice.
Arthur Broze aperçut enfin la Sorcière Rose et son sourire s’élargit encore quand il confirma bien que le nom était Raoul. Il s’approcha d’Alice qui était sur l’escalier entre le pont principal et la barre de vaisseau. Ces quelques marches lui donnaient la même taille qu’Arthur Broze qui lui prit la main pour lui faire un baiser.
— La légende raconte que la Sorcière Rose est la plus puissante sorcière de ce royaume et que sa beauté irradie plus que la lumière du soleil. La légende est tellement loin de la vérité. Même si je vous imaginais plus… grande.
— J’ai cessé de vieillir, je ne le comprends pas mais je ne suis pas une enfant même si j’en ai les faux airs. Alors, cessez de me traiter comme telle quand vous me regardez ! La flatterie et vos belles manières ne m’impressionnent pas.
Arthur Broze sourit comme si ce caractère bien trempé lui faisait plaisir à entendre. Il s’éloigna donc d’Alice avant de taper avec son bâton sur le sol. Les filaments qui entouraient un des navires se refermèrent brusquement, ce qui coula le vaisseau et son équipage.
— Espèce de… commença Visteen.
— Ne m’injuriez pas, coupa Arthur Broze. Pour le moment, il n’y a qu’un navire de détruit. Pour le moment… Faites demi-tour et aucun mal ne sera plus fait à personne.
— On s’en fiche de vos ordres !
L’apprenti était sorti du rang et se mit à attaquer de dos Arthur Broze qui ne l’avait pas vu venir. Il reçut un sortilège qui eut pour effet d’éjecter le magicien du navire tout droit vers son mur de flammes qu’il traversa d’un coup.
— Il est mort ! scanda l’apprenti.
Mais c’était une erreur. Un magicien ne pouvait mourir par la faute de ses propres sortilèges. Broze fut de nouveau sur un nuage de feu et resserra tous les filaments mais Alice réussit à créer une bulle de protection autour de son bateau. Cependant, les filaments pouvaient briser cette protection.
En attendant, tous les magiciens se battirent contre Arthur et son mur de feu qui crachait des flammes capables de résister à l’eau. Seuls les cinq magiciens du bateau d’Alice ne prenaient pas part au combat car ils étaient enfermés dans la bulle.
— Laisse-nous y aller ! ordonna l’apprenti.
— Vous allez vous faire tuer ! répondit Alice. Regardez !
Les magiciens tombèrent les uns après les autres. Rien ne sembla pouvoir percer cette défense mais Alice eut l’idée de confronter ce feu à sa glace. Elle avait assez de pouvoirs que pour le faire. Elle concentra alors toute sa magie pour faire exploser de la glace partout. Elle créa un véritable mur de glace mené par un serpent géant de glace qui fonça directement sur Arthur. Ce dernier fut surpris par cette puissance magique. Le feu rencontra la glace, ce qui brisa absolument tout le feu. La glace devint eau et tout sembla redevenir normal. On put enfin revoir la terre de Concentinia.
— Alice !
Le Capitaine s’approcha de la Sorcière Rose qui avait presque perdu connaissance. Arthur Broze était encore en vie et utilisa une planche d’un navire coulé pour rester à la surface. Il fut remonté sur le bateau et surveillé de près par les magiciens encore en vie.
— Bon sang, dit l’apprenti à son maître. Vous avez vu cette puissance magique ?
— Oui… On avisera plus tard.
Alice se reposait dans un dispensaire de soins de Concentinia quand le Gouverneur, un homme assez âgé mais encore vif, se présenta à elle avec un grand sourire.
— On m’a raconté que vous avez brisé le Sorcier, dit-il, je vous en remercie. Il avait menacé ma fille… J’ai été obligé de lui céder le pouvoir.
— Je comprends. Y a-t-il des prisonniers ici ? Un certain Raoul ?
— Non, Mademoiselle, son frère m’a déjà parlé. Arthur Broze faisait couler tous les navires. Maintenant, il est sous la garde des autres sorciers car sa magie est épuisée. J’espère qu’il sera docile maintenant.
— Je l’espère… murmura Alice.
Alice eut un doute et elle eut raison car l’apprenti était dans la prison du Gouverneur. Il s’approcha d’Arthur en s’assurant que personne ne puisse entendre.
— Les choses changent petit à petit au Conseil magique, dit-il. La magie doit gouverner. J’approuve ce que vous avez fait mais il faut faire ça autrement.
— C’est-à-dire ? demanda Arthur.
— Un Sorcier seul ne peut rien faire mais si nous acceptons de rester dans les rangs, on peut grimper dans la hiérarchie du Conseil jusqu’à en avoir la majorité. Mais l’obstacle, c’est Alice. Il faut l’isoler et j’ai une idée…
Le voyage du retour se déroula sans aucun problème et Alice retourna dans son domaine. Elle n’avait pas envie de voir un Roi en pleurs pour la perte de son amoureux. Cette tristesse fut utilisée par l’apprenti et Arthur. Ce dernier raconta alors un mensonge honteux en attrapant les pieds de son souverain en disant que la vraie fautive était Alice en personne.
— Comment ?! scanda le Roi.
— Oui ! Je passais lui dire bonjour et elle m’a envoûtée avant de tenter de me tuer ! Je vous jure de rester fidèle à Votre Altesse pour toute ma vie ! C’est elle qui a tué indirectement Raoul et tous les autres ! Elle est le danger ! Elle a été renvoyée du Conseil magique par rapport à ses prises de position ! Tout est de sa faute ! Pour preuve, elle a laissé mourir les autres sorciers pour augmenter sa propre gloire !
Le Roi ne savait pas exactement quoi faire mais il devait essayer de rester neutre.
— Je veux qu’on fasse un procès à Alice, qu’elle puisse se défendre ! Qu’elle cesse d’user de la magie tant que la justice ne sera pas rendue ! Que son école ferme durant cette période et ses élèves surveillés. Ainsi ai-je parlé !
C’est écrit avec une jolie plume, fluide et dynamique.