Passement de jambes
(hommage à la chanson Passement de jambes de Doc Gynéco de 1996)
Ce texte contient évidemment de nombreuses références pour les connaisseurs qui parleront moins aux néophytes.
Je suis continuellement sur le rectangle vert
Humant le doux parfum des vestiaires
Dans mon esprit, je n’aspire qu’à être titulaire
Je ne pourrais pas devenir champion du monde sans jouer
Etre assimilé à Adil Rami ou à Lionel Charbonnier
Eloigné des préceptes du catenaccio d’Helenio Herrera
Je préfère opter pour Johan Cruyff et son Barça
Au son du craquement de fumis des ultras
Mon penalty est une Panenka
Mon coup franc est une Juninho Pernambucano
Capable de regarder de l’Ekstraklasa ou du Brasileirao
Adepte des grands ponts comme Bergkamp ou Romario
A Séville, j’ai pleuré comme tous les Français
Même si je n’étais pas né
En 1998, c’est sur du Gloria Gaynor que je dansais
En 2000, je n’avais d’yeux que pour la reprise de Trezeguet
En 2006, j’en ai voulu à ce même David Trezeguet
Tout cela arrosé d’une bonne bouteille de chablis avec Guy
Cela m’avais permis d’oublier Emil et France-Bulgarie
A peine quelques mois après le coup de tête de Basile
Et un certain Di Meco s’occupait de tes chevilles
De toute façon, c’est toujours à la fin l’Allemagne qui gagne
Et dans les vestiaires, Paga douché au champagne
Passement de jambes
J’évite les crocs-en-jambe
Passement de jambes
Des buts à la demande
Passement de jambes
Pour entrer dans la légende
Je me la joue solo même au sein du tiki-taka
Le seul autre sport que j’aime est le kung-fu par Eric Cantona
Quand je suis gardien, c’est pour le coup du Scorpion d’Higuita
Je ne veux pas être un flop comme Julien Faubert
Ni une doublure éternelle telle André Biancarelli
Ni merengue, ni blaugrana, ni bianconeri
Je suis un citoyen du foot en perpétuelle mise au vert
Les stades et les troquets de supporters sont mes repaires
Je collectionne les maillots à l’instar de Loulou Nicollin
Chez moi, les jeux de mains sont bel et bien des jeux de vilain
Coincé entre scores-fleuves et victoires à la Pyrrhus
Mais où est donc passé Vincent Péricard à la Juventus ?
Le rêve de tous est d’entrer en centre de formation
Afin de gagner des millions en faisant des ailes-de-pigeon
Mais j’ai l’esprit trop tordu comme la jambe de Garrincha
Préférant m’exercer à la bicyclette d’Amara Simba
De l’Olimpico au théâtre des rêves en passant par la Bombonera
J’hésite toujours entre le 4 4 2 et le 4 3 3
Predator ou Mercurial, vissés ou moulés
La monarchie du football ne connaît qu’un seul roi : le roi Pelé
Passement de jambes
J’évite les crocs-en-jambe
Passement de jambes
Des buts à la demande
Passement de jambes
Pour entrer dans la légende
Le seul président corrompu que je respecte reste Nanard
Geoff Hurst n’aurait guère apprécié le VAR
Pelouse naturelle ou synthétique
L’ambiance demeure toujours électrique
« Ho, hisse, enc… » et «Aux chiottes, l’arbitre» sont des classiques
J’ai appris à lire avec France Football
J’ai appris ma géographie avec l’Equipe Magazine
Le ballon rond est mon adrénaline, ma caféine, ma protéine
Mais pourquoi encore ce sport si décrié, le football ?
Le sport le plus patibulaire est aussi le plus populaire
Accessible à tous : deux manteaux par terre
Et un objet en forme de sphère feront l’affaire
Il s’agit aussi du seul véritable sport
Où le plus faible peut battre le plus fort
C’est le sport du suspense, des retournements de situation
Où tout peut basculer à chaque action
C’est aussi des règles d’une grande simplicité
Même si pour ma mère, le hors-jeu doit toujours être expliqué
C’est la passion spontanée, inexplicable, incommensurable
Qui peut pour certains être des plus détestables
Mais tous les défauts de ce jeu ; je ne les vois pas
Quand je vois une arabesque de ZZ ou de Diego Maradona
Passement de jambes
J’évite les crocs-en-jambe
Passement de jambes
Des buts à la demande
Passement de jambes
Pour entrer dans la légende
« Le football n’est pas une question de vie ou de mort : c’est quelque chose de bien plus important que cela. »
Bill Shankly
« Tout ce que je sais de plus sûr à propos de la moralité et des obligations des hommes, c’est au football que je le dois. »
Albert Camus