La vie de facade de la Famille Armont – 2eme partie

4 mins

        Le réveil fut très brutal. J’entendais des éclats de verres dans le couloir devant la porte de la chambre. Il hurlait encore et encore et elle pleurait. C’était souvent ainsi les débuts de weekend. Ces disputes qui commençaient d’évènements souvent puérils; les courses pas faites, le bouchon du dentifrice égaré, un toast beaucoup trop grillé. Et généralement ça finissait par des remarques désobligeantes sur l’éducation des enfants.  À qui la faute? Tous les excuses étaient bon pour fuir ces weekends en famille. Je tirais la couverture sur la tête. Je ne voulais rien entendre, plus rien entendre.

-Elle est où? Dis moi elle est où? Je l’a cherche depuis ce matin mais je ne l’a trouve pas. ELLE EST OÙ!!!!

Ma mère était effrayée par sa colère, sachant pertinemment que ça allait lui retomber dessus.

-Je suis sûre que ce sont les gosses. Mon père ouvrit la porte de la chambre avec rage, qui nous fit toutes sursauter.  

-Venez tous!! Je vous veux toutes dans le salon TOUT DE SUITE!!

Nos regards se croisèrent dans le couloir vers le salon, mélange de peur et d’interrogation, se demandant ce qu’elle ou elle avait bien pu faire pour lui mettre dans cette état. On était toutes confuses, essayant de se souvenir de tout ce qui pourrait nous servir comme alibi.

-Où est-elle? La gamelle de Black Beauty est toujours rempli et je ne l’a retrouve pas. Où est-elle?

Black Beauty était son teckel à poil ras adoré. Son amour pour Blacky était égale à l’amour qu’il porte

ait à sa mère, ma grand-mère vivant à l’autre bout du monde. Elle avait tout quitté pour ne plus subir la violence de son époux. Certaines personnes n’apprendront jamais des erreurs des autres. Maman cherchait toujours sous le canapé, avec ce visage inquiet.

– Qui a laissé la porte ouverte hier soir? Si vous ne me répondez pas, vous allez toutes y passer.

On était toutes paralysées de peur, ne sachant pas quoi répondre. 

– Allez y! Cherchez la! dit maman d’une voix tremblante. Elle ne savait plus quoi faire. Elle était consciente de ce qui pourrait lui arriver si on ne retrouvait pas Blacky. 

– Je ne veux plus vous voir! Allez vous en toutes, et prenez l’autre avec vous. Sortez de chez moi!

– Prenez vos affaire et partez vous promenez les enfants, je vous….. 

Mon père l’interrompit.

– Quels affaires? Tout ce qui est ici est à moi. Vous ne touchez à rien. Sortez toutes d’ici avant que je ne fasse quelque chose que je risque de regretter, ou pas.

En moins de 20 minutes nous voilà toutes à la rue. Je ne pleurais pas, me sentant plus en sécurité là ou j’étais. On était toutes inquiètes. Combien d’heures seront nous à la rue? Ou irons nous manger? Je ne pensais même pas à ma mère, laissée seule à la merci de cette homme. Elle, qui subira éventuellement la colère et la rage d’Arnaud. 

Cette fois ci personne n’a été épargné. On entendait, trainant les pieds derrières nous Annielle, ne comprenant pas ce qu’il nous reprochait. Elle était choquée, surprise de n’avoir pas pu nous contempler, percher sur sa tour d’ivoire, subir la rage de son père adoré. Personne ne pouvait comprendre l’amour qu’il portait à son chien, même pas elle. Il s’était même battu contre le berger allemand de ma père car il s’en était pris à son bébé. On était là, 4 filles à peine réveillées, trainant sur la route à 8hr du matin et en pyjama. On marchait, suivant Anneleese, la leader dans ce genre de situation. On marchait, ne reconnaissant plus le trajet, mais elle, elle savait ou on devait aller.

-On va ou? sanglota Annielle. J’ai faim, j’ai soif et j’ai mal au pied.

Anneleese ne répondit pas. Elle était comme a chaque fois comme absente, projetter hors de son corps. Elle ne souriait pas, ne pleurait pas, ne s’inquiétait pas et ne nous rassurait pas non plus. Elle était là, la cadette, les jambes et les bras de sa soeur ainée et les épaules pour porter ses petites soeurs.

Après une dizaine de minutes de marche, pieds nus pour certaines et en pantoufle pour les plus chanceuses, nous faisant dévisager par tous les passants qui connaissaient Arnaud et ne comprennaient pas qu’on puisse sortir vêtue ainsi. Cendrillon était rentrée du bal depuis longtemps. On finit progressivement par reprendre conscience et reconnaitre ce chemin, cette maison, ces voisins et cette allées remplies de fleurs. Annielle nous guidait vers sa forteresse, là ou elle se ressourçait toujours.

On entendit une voix qui nous appela de la fenêtre. “Les enfants, enfin vous êtes là. Cecile m’a appelé. Venez, venez, il y a du thé et du pain pour vous.” C’était ainsi qu’elle accueillait toujours tous ses petits enfants. Mama était toujours là pour nous. Elle était encore plus proche d’Annielle et d’Iris, ayant souhaiter les prendre sous son aile il y a déjà des années. Elle était la seule à prendre le temps de nous parler, nous écouter sans jugement. C’est bien là le rôle de grand-mère. Mais elle était plus encore, elle était notre mama. Le visage d’Annielle et d’Iris changea très vite d’expression en entendant sa voix. Elles reprirent vie. Mama ne posa aucune question. Elle nous regardait, cherchait ses pantoufles et ceux de Papa, mon grand-père pour nous les donner. En rentrant chez eux, on se senti submerger par une chaleur inexplicable. C’était comme ci rien ne s’était passé. Mon grand-père était un grand blagueur. Il savait nous faire rire sans même parler. Il nous prit rapidement dans ses bras, et en profita pour nous chatouiller un peu. On s’essaya auprès de lui, là ou le temps n’avait plus de sens. On était bien.

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