Il est 6h55. Dans cinq minutes, la petite jeune du troisième sortira de chez elle. Postée derrière la porte, l’œil collé au judas, je suis prête. J’aimerais bien aller lui dire bonjour et papoter un peu avec elle mais ce n’est plus possible. Je ne peux plus l’approcher sans risquer de me faire embarquer par les flics. La jeune fille du troisième a porté plainte pour harcèlement.
Tous les matins à sept heures, elle quitte l’appartement vêtue de son legging noir accompagné de sa brassière rose et ses tennis se rendant à Keep cool, sa salle de sport. De retour à 8h30, elle prend sa douche, prépare ses bouquins et file à l’université pour la journée. Je me dirige vers ma fenêtre avec mon appareil photo et attend qu’elle sorte de l’immeuble.
Ce matin, elle porte une mignonne petite robe blanche qui met en valeur ses formes rondes. Elle a libéré ses longs cheveux bouclés qui retombent sur ses épaules. Sa peau métissée brille au soleil, qu’est ce qu’elle est belle. Je ne peux m’empêcher de la regarder, la jolie réunionnaise. Je commence à prendre des photos pour mon album. La petite jeune du troisième m’a ensorcelée, j’en suis folle depuis que je l’ai rencontrée. Chaque fois que je la voyais, j’allais à sa rencontre pour lui parler, sentir son parfum. Nous nous entendions bien, on en était presqu’arrivé à s’inviter chez l’autre lorsque tout a basculé.
J’ai proposé à la petite jeune du troisième de sortir boire un verre. Elle a poliment refusé me disant qu’elle n’était pas intéressée. Qu’elle préférait que l’on ne se parle plus quotidiennement car nous n’avions apparemment pas les mêmes attentes. La déception se lisait sur mon visage et je suis rentrée chez moi sans même lui répondre, vexée qu’elle me dise non.
Ne respectant pas sa demande, je scrutais l’horloge pour ne pas manquer l’heure à laquelle elle sortait ou rentrait pour pouvoir la voir, pouvoir lui adresser la parole. C’était plus fort que moi, j’en avais besoin pour me sentir bien. Le soir, je m’endormais en regardant chacune des photos d’elle collées aux murs de ma chambre. Le matin, la vue de son visage me motivait pour me lever. Depuis son arrivée dans l’immeuble, ma vie a radicalement changé.
Elle a décidé de porter plainte lorsqu’un matin, tentant une autre approche, je lui pris fortement le poignet, devenue soudainement agressive après un deuxième refus de sa part. Je la voulais pour moi seule et cela me faisait perdre la tête. Aujourd’hui, j’en suis réduite à l’observer de mon appartement, vérifiant qu’elle ne fréquente personne. Je ne le supporterais pas, je l’aimais la petite jeune du troisième.
Il est 20h25, elle ne va pas tarder à rentrer, il faut que je me prépare. L’œil collé au judas, j’attends son arrivée. Je ne peux pas dormir si je ne la vois pas.
Ce soir, il y a un problème. Elle ne rentre pas seule, il y a une fille avec elle. Mon sang ne fait qu’un tour, je ne réfléchis plus. La jalousie s’empare de moi, elles s’enlacent. Oubliant les avertissements de la police, je me précipite à l’extérieur après avoir récupéré un couteau.
C’est ainsi qu’en ce soir de février, je mis fin à la vie de la petite jeune du troisième.
Marie Val
un court récit glauque mais bien mené, mon seul bémol est la rapidité de l’action, tu aurais matière à développer. 🙂