Je vais monter ces escaliers. Je ne me suis jamais rendu plus loin que ça dans mes pensées, et maintenant je dois le faire. Je dois continuer mon chemin même si je ne sais pas ce qui m’attend; la partie sombre dans ma tête fait ombre sur la suite. En bas des escaliers et prêt à monter, je m’oublie jusqu’à me perdre dans mes pensées. Je me surprends à sept ans sur ma bicyclette dans mon ancien quartier et je pédale seul pour la première fois. Le monde m’appartient. Je finis par glisser et tombe. Je me retourne et vois devant moi ma mère qui, encore apeurée, me fait réaliser pour la première fois à quel point elle m’aime. Le quartier éclairé d’un soleil qui semble éternel disparaît, je ne vois que ses yeux brillant d’un amour inconditionnel comme s’ils étaient les miens dans un miroir. J’ai l’impression que son regard me donnera à jamais la force de tout faire, de tout réussir. J’entends le cri lointain de ma mère alors qu’un crochet métallique m’accroche et m’extirpe de mon souvenir, je suis en train de monter les escaliers. Mon corps, réalisant qu’il n’est plus dans ma tête, se crispe.
Je continue de monter et regrette chaque pas, sachant très bien qu’il est trop tard pour changer d’idée. Je monte encore. Cette action, que j’ai fais si souvent dans ma vie, me semble maintenant plus grande que nature. Je me sens pris à jamais dans chaque seconde qui passe, mais le bruit résonnant de mes pas qui font grincer l’escalier rouillé me rappelle que j’arrive toujours à avancer. Plus je monte, plus mes pas commencent à résonner tels une aiguille d’horloge, qui tourne inconditionnellement, sans pitié.
Je vois une caméra de surveillance et me demande si quelqu’un me voit. On pourrait facilement me méprendre pour un homme calme qui déambule, comme tant d’autres l’ont fait avant lui et le feront après. Mais ce dont la caméra témoigne est tout simplement la fin du monde, d’un univers en entier. On ne pourra réaliser la lourdeur de ce moment que quand il sera passé, quand tout aura passé.
Je suis rendu en haut. J’ouvre la porte pour avancer. Je marche. Alors que je m’attends à être frappé par la chaleur et l’odeur d’un centre-ville humide, je réalise que la porte n’est pas ouverte devant moi. Je n’ai pas bougé. La pensée est morte à la source, je suis toujours immobile.Je m’y prends une deuxième fois et cette fois-ci les bruits nocturnes d’une ville nerveuse me confirment que j’ai bien réussi. Je marche. Ou peut-être est-ce le monde qui tourne autour de moi. Tout ce que je sais, c’est que j’approche le rebord. Le monde s’arrête alors au parfait endroit, là où mes yeux peuvent voir devant moi le sol et le grand vide qui nous sépare.
Je vais sauter. Je vais sauter mais je ne vais pas mourir. Je ne me suis jamais rendu si loin et si haut dans mes pensées, alors je ne pense pas que je vais mourir. Du moins, pas maintenant. Dans mes pensées, le vertige que je ressentais n’était pas si présent, il doit y avoir un erreur. Peut-être n’ai-je pas fait les choses de la bonne manière. Peut-être n’est-ce pas le bon toit et mon corps tente de me prévenir. L’appel du vide qui semblait pourtant si attrayant et poétique dans mes sombres fabulations laisse maintenant place à un estomac agité et un désir viscéral de confort.
Qu’en pensez-vous? Voulez-vous la suite?
J’ai bien aimé, les sentiments angoissants de ton personnage sont bien retranscrits. Je trouve que le texte fonctionne bien en tant que nouvelle. Mais après, tu pourrai aussi étoffer, ce que tu as écris peut servir de point de départ à une histoire plus développée.
La suite s’en vient oui, merci beaucoup pour les commentaires!