Dernièrement, une amie m’a dit que suite à des examens médicaux, elle a appris qu’elle avait des carences en fer. Le médecin lui a alors donné des suppléments pour résoudre son problème. Curieux, je lui ai demandé s’il lui avait conseillé des exemples d’aliments riches en fer (comme les légumineuses) pour éviter d’avoir le même problème par la suite. Elle m’a répondu que non et que le médecin lui a dit qu’il lui prescrire à nouveau des suppléments si le problème réapparaissait. Je me suis alors questionné une nouvelle fois sur : pourquoi ne traite-t-on pas dans notre société les causes plutôt que les symptômes… pourquoi faire du curatif au lieu de préventif ?
Et si on vivait dans une société où la mission numéro 1 des médecins étaient de garder les personnes en bonne santé plutôt que de guérir des maladies ? Ne serait-ce pas plus efficace de modifier en amont les habitudes de vie (alimentation, activité physique, etc.) pour éviter au maximum le risque d’apparition d’une maladie plutôt que de travailler en aval quand la maladie s’est déclarée ? N’est-ce pas plus simple d’agir directement sur la cause des problèmes plutôt que sur leurs conséquences ? On serait amené à conclure que oui mais cela irait à l’encontre d’une des choses sacrées dans notre société actuelle : le profit. Dans notre société actuelle, comment un médecin gagnerait sa vie sans malades ? Comment l’industrie pharmaceutique subsisterait sans pouvoir vendre des médicaments traitants les symptômes ou sans pouvoir vendre des médicaments hors de prix car les malades sont prêts à dépenser n’importe quelle somme quand leur survie en dépend ?
On peut retrouver cette idée dans les déchets que l’on génère et leur traitement. Ainsi, plutôt que d’essayer de trouver des moyens moins pires de se débarrasser de nos déchets, ne vaudrait-il pas mieux d’en avoir moins au départ en consommant moins ? Une nouvelle fois, ça serait une conclusion logique. Mais cela voudrait dire aussi une consommation réduite et les industriels ont trouvé la solution pour que ça n’arrive pas avec la géniale obsolescence programmée, afin d’être certain de perpétuer la consommation et engendrer des nouveaux profits. L’autre recours est la fabuleuse publicité et le marketing qui ont, par exemple, réussi à convaincre bon nombre de personnes que l’eau en bouteille était meilleure que l’eau du robinet. Pour faire du profit, on a donc réussi à nous vendre quelque chose qu’on a déjà, mais qui va nous coûter davantage et qui en plus va être dans un emballage plastique jetable. On détruit donc les ressources de notre planète pour être certain de ne pas réduire les « ressources » de certains.
Ensuite, on peut se demander si la cause des plus gros problèmes éthiques ne viendrait pas de la façon dont la société nous a conditionné. Ainsi, le sexisme, le racisme, l’homophobie et le spécisme ne sont peut-être finalement que des symptômes de maux plus profonds. Effectivement, si on laisse un très jeune enfant jouer avec d’autres enfants, il n’aura que faire de leur couleur de peau ou de leur sexe. C’est dans la suite de notre éducation que l’on a été conditionné à ces formes d’oppression. Cela commence par des choses simples comme, par exemple, l’industrie alimentaire qui nous affirme qu’il faut manger des poulets ou des cochons mais surtout pas des chiens, on distingue alors une hiérarchie dans les êtres qu’on a le droit d’oppresser. Ensuite, on retrouve à l’école la ségrégation que ce soit à travers la classe sociale, le niveau scolaire ou l’origine ethnique. Dans nos écoles visant à former la population active future, on nous apprend la compétition et on nous évalue selon nos capacités à apprendre et à obéir. On hiérarchise les élèves et cela continue une fois rentré dans le monde du travail où l’on va donner plus d’importance à un ingénieur qu’à un ouvrier et cela même si les deux se donnent à 100% dans l’exécution de leurs tâches. C’est le système dans lequel on vit qui déstabilise déjà notre rapport à l’autre en se comparant sur l’échelle sociale. On peut alors se sentir inférieur ou supérieur selon les termes imprécis définis par notre société et une fois cette première hiérarchisation imprégnée, on peut alors plus facilement adhérer à d’autres hiérarchisations héritées de la société et ensuite céder aux formes d’oppression que sont le racisme, le sexisme, le spécisme ou l’homophobie. Que se passerait-il si dès qu’un humain était né, on lui apprenait à considérer tous les êtres qu’il côtoie comme égaux ? Qu’il puisse voir en chacun un partenaire plutôt qu’un rival. Or, si tout le monde avait cette opinion, la société actuelle avec sa quête de profit ne tiendrait pas longtemps face à un peuple qui refuse l’oppression et la hiérarchie.
Comme on l’a vu, le bien-être de la communauté, le respect de l’environnement ou encore les luttes sociales et la justice ne sont pas les priorités de ceux qui sont intéressés par la conservation de leur position privilégiée. Étant donné que ceux qui ont le plus de possibilité d’agir n’ont pas forcément intérêt à le faire, il faut que ce soit nous qui donnions cette impulsion pour amorcer le changement. On peut alors agir pour réduire les problèmes en traitant les causes sous-jacentes à l’apparition de ceux-ci. Cela passe par changer nos habitudes et apprendre à faire preuve de davantage de conscience dans nos choix. Est-ce que je préfère modifier mon régime alimentaire et faire un peu d’exercice tous les jours ou je préfère une fois plus âgé être dépendant des médicaments de la médecine ? Est-ce que j’essaye de prendre soin du téléphone que j’ai pour l’utiliser encore longtemps ou bien vais-je céder au consumérisme en achetant le dernier modèle ? Est-ce je préfère acheter un vêtement d’une entreprise éthique ou bien d’une entreprise qui exploite ses employés ? Vais-je éduquer mes enfants pour les rendre critiques et qu’ils comprennent le monde dans lequel ils vivent et qu’ils puissent le changer ; ou bien leur apprendre à obéir pour qu’ils s’intègrent au mieux dans une société malade en essayant de traiter les symptômes de celle-ci ? Est-ce que j’essaye de faire bouger les consciences en étant un exemple et en éduquant les personnes autour de moi ou bien je reste sans rien faire pour que le monde continue à « aller bien » ?