Recommencer à écrire. Recommencez à me lire. Je voudrais juste vous expliquer. Comment tout s’est passé. C’est parti.
Après-midi ensoleillée. Je buvais un thé. Il m’a appelé. On va au cirque, tu veux y aller ? Je n’ai pas d’argent sur moi. Ne t’inquiète pas pour ça. On est au cirque. Avec ses enfants. Avec certains de ses neveux et nièces. Des fous rires. Des amis. Un beau spectacle. J’ai passé une bonne journée. Je rentre avec le sourire. On arrive. Il fait nuit. Je lui dis bonne nuit. Je dors chez ma tante. Il veut me raccompagner. D’accord, si tu veux. Je ne me suis pas méfié. On est à côté de chez l’un de ses frères. Il commence. Se rapproche. Il m’attrape. Ses mains sur moi. Ses mains se baladent sous mon tee-shirt. Sur mon ventre. Non, je lui dis fortement. “Doucement, ils vont entendre”. Je lui dis d’arrêter. Il ne m’écoute pas. Il m’attire par le bras. Dans ce coin sombre. Personne ne peut nous voir. Il veut m’enlacer. Je le repousse. Il me touche. Il essaie de m’embrasser. Il embrasse mon cou. Je ne peux rien faire. Il est fort. Plus fort que moi. Je ne peux pas m’enfuir. Il ne s’arrête pas. J’essaie de m’en aller. Il me retient. Je ne comprends rien. Je lui demande d’arrêter. Il ne m’écoute pas. Je commence à paniquer.
Il me lâche. Il ne dit rien. Il part. Je rentre vite chez ma tante. Je suis déboussolée. Je suis choquée. Qu’est ce qui vient de se passer ? J’ai du mal à réaliser. Tout se bouscule dans ma tête. Je n’en parle pas. Je pense, c’est juste un faux pas, il ne recommencera pas. Il a recommencé. Chaque fois que l’on se voyait. Tout près de chez moi. J’ai peur de lui. J’ai peur de le dénoncer. Je fais comme si de rien n’était. Je ne peux oublier. Dans son petit local. Sur son lieu de travail. Je ne voulais pas entrer. Il m’a attirée. Il a réussi. Sa bouche a atteint la mienne. Je me débats. Je ne veux pas. Il me lâche. Perdue. Effrayée. Je n’en ai toujours pas parlé. Le courage me vint. Je lui parle. Tu es mon oncle. Pourquoi tu fais ça ? Ce n’est pas normal. On n’a pas le même nom de famille. Tu n’es pas de ma famille. Je suis blessée. Je devrais le dénoncer. Je suis craintive. Je suis naïve. Tout ce temps à le cacher. Je n’allais plus chez lui. Je n’allais plus nulle part où il était. Quatre ans sont passés. Je parle. Je dis la vérité. Je dis ce qu’il m’a fait. A l’une de ses sœurs. A sa belle-sœur aussi. J’ai perdu foi en l’humanité. “Je ne peux pas le croire”. “ Mais pourquoi tu continuais à aller le voir”. “ Ça va, il ne t’a pas violé, ça aurait pu être plus grave”. Confiance perdue. Espoirs envolés. Seule. Assise dans l’ombre. “Mais pourquoi suis-je encore là ?”
Marie Val.
De la violence dans ce qu’il lui fait. Du détail. Beaucoup de mots.
Mais presque rien sur elle. Son aveux. Sa culpabilité. L’absence de soutien. On en devine un peu. Mais c’est si petit tout ça après l’agression sur plusieurs paragraphes.
Pourquoi ne laisser de mots que sur le mal alors que le pire est venir ?
La reconstruction sera bien plus longue et plus douloureuse après tout.
C’est dans mes projets de parler de moi plus spécifiquement par rapport à tout ça. Je me laisse du temps car cela reste difficile à écrire.
Un texte est très impressionnant avec la récurrence rapide des événements, leur chevauchement dans la réflexion et le jugement communautaire sur ces faits.