Quand j’ouvris les yeux, je vis que j’étais allongé par terre. Je me redressai, ma tête me faisait un mal de chien. Où étais-je, qui étais-je ? Je n’en avais pas la moindre idée. Tout ce que je savais c’est que j’étais assis sur un catamaran en pleine mer, seul. J’entrepris d’en faire une petite visite rapide, peut-être allais-je découvrir quelque chose qui m’aiderait à me rappeler comment j’avais atterri ici. Il y avait de la nourriture : fruits de mer, poulet, poisson, des chips, de la pizza. Je trouvai même de la bière. La faim commençant à se faire sentir, j’oubliai mon amnésie, ce que je cherchais et m’installai pour attaquer les plats posés devant moi. Une fois rassasié, je repris la visite et découvris deux valises à côté desquelles trainaient toutes sortes de vêtements. Je n’étais pas seul ici, mais où était-il donc passé mon compagnon de bord ?
J’essayais de réfléchir, en vain. Aucun souvenir ne me revenait. Ma tête continuait à me faire souffrir. J’y plaçais ma main et il y avait une plaie avec du sang coagulé. Seigneur, qu’est ce qui s’était passé sur ce fichu bateau ? Épuisé, je pris une bière et me posai à l’avant me demandant dans quel merdier je pouvais bien être. Je me relevai pour essayer de trouver une radio qui me permettrait de demander de l’aide. Il y en avait bien un mais je le retrouvais détruit par terre à côté d’une photo.
On y voyait une magnifique jeune femme en maillot de bain posant sur la plage. Cette femme me rappelait quelqu’un, j’avais l’impression de la connaitre. Je faisais les cent pas, essayant de me rappeler qui était cette dame sur la photo, ce qui m’était arrivé. Quelque chose attira alors mon attention dans l’eau. Je tentai de me rapprocher le plus possible. Cela ressemblait à un corps, non impossible, pas un corps. Piqué par la curiosité, je plongeais et nageais jusqu’à ce qui était bel et bien un corps. J’aurais tellement voulu me tromper.
C’était le corps d’une femme en maillot de bain flottant sur le ventre. Je décidai de la retourner histoire d’apercevoir son visage, visage que je fixai pendant cinq bonnes minutes. C’était la femme de la photo. Je la ramenai à bord et découvris que quelqu’un l’avait étranglé. Je vivais un vrai cauchemar, je commençais à en avoir ras le bol de cette situation.
La nuit n’allant pas tarder à tomber, je décidai de me coucher convaincu qu’à mon réveil, tout irait mieux. La nuit fut plutôt agitée, pleine de flash-back. Une femme menaçant de me tuer, un enfant terrifié dans le placard, des ciseaux ensanglantés au pied du lit. Je me suis vu étranglé quelqu’un sans visage, le sourire aux lèvres.
Il était trois heures du matin lorsque je me réveillai. Les souvenirs étaient revenus, je regardais au pied du lit. L’arme qui m’avait blessé à la tête était bel et bien là. Je me souvenais de qui j’étais, j’étais un monstre. Cette nuit en pleine mer, c’était ma femme qui l’avait organisé pour notre anniversaire de mariage. Ce que je ne savais pas c’est qu’elle avait l’intention de me tuer et balancer mon corps par-dessus bord, parce que je la battais elle et Juan, notre fils.
Je souhaitais que mes souvenirs reviennent mais à ce moment-là, j’aurais tout donné pour oublier à nouveau. J’avais tué ma femme, qui avait raté son coup en essayant de me tuer. Nous nous sommes battus, elle essayait d’appeler les secours quand je lui pris l’autoradio des mains. Dans un excès de colère, je finis par l’étrangler, lui prouvant qu’elle ne pourrait jamais rien contre moi.
Assis par terre, au milieu de la nuit, je pleurais ma femme, une femme que j’aimais tellement. Rongé par les remords, je regrettais de n’avoir pas pu être l’homme que j’aurais voulu être pour ma famille, je regrettais toute cette violence, cette domination.
Il était trop tard. Je pris les ciseaux ensanglantés, m’allongeais auprès de ma femme et me les planta dans la carotide. Tout était fini.
Marie Val.