Prologue

8 mins

Il s’agit d’un Prologue, qui sera sûrement reprit plus tard. Il est possible qu’il y’ait des répétitions, fautes d’orthographe, ou quelques légères incohérences.

J’avance lentement dans les rues, tout en évitant les gens qui se pressent pour faire leurs courses au marché. Des enfants zigzagent entre les passants en riant joyeusement, courant après un vieux chien. Leurs parents soupirent en discutant de leur progéniture beaucoup trop énergique. Je souris avec douceur en continuant d’avancer, portée par l’atmosphère animée de cet endroit. Le Marché est toujours un endroit plein de vie, c’est un peu le centre nerveux du Quartier. Les gens y discutent, troquent, s’emportent parfois. Au milieu de la poussière et de la crasse des ruelles, cet endroit apparaît comme une lumière vive, où seuls ceux ayant quelques sous à dépenser mettent les pieds.

Un vieillard se dispute avec Magdeleine, la tenante de la boulangerie. La voix de cette dernière devient de plus en plus menaçante à mesure que je m’approche de sa boutique.

– Clo, je sais très bien que tu es venu fouiller dans les poubelles hier soir, je te préviens, c’est la dernière fois !

– C’est pas moi Mag’ ! J’te promets ! J’te jure !

– Vieux menteur, aller, dégage de là ! Je n’veux pas de tes pièces, tu les as sûrement volées ! Aller, ouste !

Magdeleine commence à le frapper avec le torchon qu’elle tient dans ses mains. Le vieux Clo se replie sur lui-même, comme un chien battu, et après quelques protestations se traîne hors de sa portée. Cette dernière souffle, posant ses poings serrés sur ses hanches. Lorsqu’elle me voit, l’air grognon qu’elle avait sur son visage disparaît, remplacé par un sourire.

Je la salue d’un geste de la tête. Mag’ est une femme forte, aux cheveux noir corbeau. Beaucoup ont peur d’elle, surtout qu’elle est connue pour ne pas être des plus commodes, mais elle m’aime bien. J’ai parfois de quoi lui acheter un pain ou deux, et lorsqu’elle est de bonne humeur elle m’offre un invendu ou deux.

– Tu viens m’acheter du pain Hastrid ?

– Non Mag, je vais retrouver-

– Arel, c’est ça ?

J’hoche la tête, un sourire prenant place sur mon visage et Magdeleine lève les yeux au ciel.

– Ahh, les jeunes. Aller, file !

Je détache mon regard d’elle alors qu’elle rentre dans sa boutique, claquant la porte de cette dernière. La boulangère peut de toute manière être aussi désagréable qu’elle le veut, elle et son mari sont les seuls à tenir un boulangerie, et personne ne se les mettrait consciemment à dos… Sauf les affamés qui n’ont plus rien à perdre.

Je poursuis mon chemin, quand je croise enfin son regard. Il me sourit et deux adorables fossettes apparaissent sur ses joues. Son sourire est si contagieux…

Je saute dans ses bras et passe avec douceur mes mains dans ses cheveux blonds. Il dépose un baiser sur ma joue, avec une tendresse infinie. Un rire s’échappe de mes lèvres, tandis qu’il décrit un tour sur lui-même, me serrant contre lui. Mes pieds décollent du sol un instant avant qu’il ne me repose.

Il m’observe, ses iris d’un bleu profond rivées sur moi.

– Comment ça va ?

– Très bien, j’avais hâte de te voir, me répond-il avec douceur.

– Je n’en doute pas, dis-je avec un petit sourire en coin.

Il rit à son tour avant de me retourner la question.

– Aussi bien qu’il est possible d’aller dans le Quartier Sept.

Son sourire se teinte d’une légère amertume mais il ne dit rien sur cela. D’un geste de la tête, il m’invite à commencer à marcher, et ainsi, comme nous l’avions prévu nous nous baladons dans le Marché.

Arel me parle de son voisin Rupert, qui a recommencé à chanter horriblement fort le soir d’avant, après avoir encore trop bu. Je l’écoute en riant, amusée de ses nombreuses anecdotes.

La vie n’est pas légère, par essence, là où nous habitons. Mais que nous fassions semblant ou que nous tentions simplement de nous changer les idées, nous avons toujours aimé rire, ensemble, sans penser à ce qu’est réellement la vie ici.

Arel est sûrement la personne que j’aime le plus sur cette Terre. Au milieu d’une foule de personnes, mes yeux finiraient toujours par trouver le repos dans son regard bleuté. Il occupe mes pensées, chaque jour. Nos âmes sont coordonnées. Il peut conclure les phrases que je commence, et vice-versa. Je sais ce qu’il pense, il comprend ce que je ressens. Ce qui n’est pas des plus évidents.

Sur le chemin, on parle de tout, de rien, on se regarde, on se sourit.

Cependant, je ne le connais que bien trop pour savoir que quelque chose est anormal. Il est trop calme. D’ordinaire, il rit tout le temps, plaisante comme un gamin, et ce peu importe ce qu’il peut se passer. J’ai beau trouver ça même parfois un peu agaçant, ça fait tout de même partie de son charme. Mais là, je le sens crispé. Je serre alors doucement sa main en lui jetant un petit regard en biais.

– Quelque chose ne va pas ?

– Hm ? Oh, non, tout va bien ! Désolée, je suis seulement un peu fatigué. Les chants harmonieux de Rupert m’empêchent de dormir, lance-t-il sur le ton de la plaisanterie.

Il m’adresse un grand sourire mais je sais qu’il ment. Je le sens. Je le connais bien plus que n’importe qui ici. Malgré tout, je me contente de lui retourner son sourire. Il me parlera quand il le voudra, et seulement s’il le veut, je ne vais pas le forcer…

– Mouais, j’imagine ça.

Je marque un temps d’arrêt, hésitante, avant de finalement oser poser la question qui me brûle les lèvres :

– Comment va ta mère ?

Son sourire se fane et je devine alors que c’était ça qui occupait ses pensées depuis tout à l’heure. Ce n’était pas très étonnant en même temps…

– Ca va, me dit-il, semblant vouloir éluder la question.

– Arel, dis-je en un murmure. Tu sais que tu peux m’en parler hein ? Je peux t’aider à trouver une solution.

Mes dernières résolutions de ne pas trop me mêler de ses affaires volent en éclats devant son air malheureux. Puis je repense à Dhalia, toujours souriante, à toujours vouloir aider les autres. La pensée de cette femme, sombrant dans un mal inconnu sans que je ne puisse l’aider me brise le cœur.

Il m’adresse un grand sourire mais je sais qu’il ment. Je le sens. Je le connais bien plus que n’importe qui ici. Malgré tout, je me contente de lui retourner son sourire. Il me parlera quand il le voudra et seulement si il le veut, je ne vais pas le forcer…

Nous nous baladons encore un petit moment et finissons par arriver devant chez moi.

J’esquisse un sourire et dépose un baiser sur sa joue avant d’entrer dans ma demeure, lui faisant un signe de main pour lui dire au revoir.

Je balance mes chaussures loin de moi une fois la porte refermée. Mon regard se porte sur l’intérieur de la maison. Elle est petite. Mais tout est petit ici. Il n’y a pas de grandes maisons. Et de toute manière, on est tous empilés les uns sur les autres ici.

Le Quartier Sept est un quartier humain. Minuscule, bondé de monde, pauvre, sale. On est tous parqués comme des animaux. Nous habitons dans le septième quartier. Il y en a d’autres comme nous, enfin je crois. Nous ne communiquons pas avec les autres. On pourrait tout à fait être les derniers humains encore en vie et ce sans le savoir.

Car depuis maintenant dix-sept ans, nous ne sommes plus là race dominante. Les vampires ont prit le contrôle.

Ça peut paraître amusant, cette histoire de vampires. On imagine ces légendes, ces creatures qui craignent le soleil et l’ail, pâles, torturés. La vérité est tout autre. Plus personne ne rit en entendant ce mot. Les mains tremblent, les yeux s’agitent frénétiquement à la recherche d’une menace, les mâchoires se crispent, les poings se serrent. Ô non, plus personne ne rit.

Au début, tout est allé très lentement. On a découvert leur existence avec un meurtre. Un humain retrouvé vidé de son sang. Puis, les morts mystérieuses se sont enchaînées. Impossible d’enrayer la malédiction qui s’abattait sur nous. Une vague de peur a secoué la population. Le gouvernement a merdé.

Oh, il ne faut pas compter sur moi pour employer des jolis mots.

Au lieu de tenter de contrer la menace et de rassurer les populations, ils nous ont barricadés. Avant de partir, c’est du moins ce qu’on nous a appris.

De puis ce moment là, il y a quinze ans, ils ont pris le contrôle.

On ne peut plus sortir de ces quartiers sous peine mourir. Seulement, la vie ici est tout sauf idéale.

On manque de nourriture, de médicaments et de confort. Mais ça, ils s’en foutent. Si ils voient qu’on commence à crever en masse à cause le faim ou d’une quelconque épidémie, qui se répandent très vite au vue des conditions, un colis immense apparaît devant les Grandes Portes de notre prison en plein air.

Il est alors rempli de denrées alimentaires ou de médicaments. Je ne sais pas tellement pourquoi mais ils tiennent à ce qu’on reste en vie.

Sauf lorsque quelqu’un tente de se fuir. Certains ont déjà essayé. On ne les a jamais revus.

On ne sait ce qu’ils sont devenus mais on a pu voir quelques fois une petite partie du sort qui leur était réservé.

Une fois arrêté, on rassemblait tout le monde sur la Place Publique. Là, ils faisaient leur apparition. Les vampires. C’est les seules fois où on les voit. C’est une expérience horrible à chaque fois. Le malheureux se fait lyncher devant tout le monde. On ne sait si ils perdent connaissance ou meurent mais toujours est-il qu’ils les emmènent ensuite avec eux.

Qu’est-ce qui est préférable ? Être enfin paisible dans la mort ou vivre, on ne sait quelle vie, auprès de ces infâmes créatures ?

Les humains sont de plus en plus faibles. Enfermés, impuissants, sans plus aucune once d’espoir ou de rébellion.

Ils sont la force, l’autorité, ceux qui dictent qui peut vivre ou mourir.

Pour les remarques que je peux en faire, non, ils ne luisent pas au Soleil. Certes, ce n’est pas de la plus grande importance mais ça montre bien à quel point on ignore tout d’eux.

Je ne sais pas grand chose d’ailleurs de mon côté.

On ne sait pas ce qu’ils craignent, ni même quels sont leurs points faibles, si tant est qu’ils en aient.

Leur apparence est troublante. Ils ne sont pas tous particulièrement d’une beauté renversante mais quelque chose en eux attire irrémédiablement l’attention.

Ils sont vraiment supérieurs en tous points.

De toute façon, on a pas d’autre choix que de vivre avec leur menace planant constamment sur nous.

Tu nais dans ton quartier, tu y survis, tu y crèves.

Moi, j’ai la chance d’y survivre entourée de ceux que j’aime : ma mère, mon beau-père et ma petite sœur, un être adorable d’à peine quatre ans avec une bouille d’ange, nommée Maïna. Je l’aime, je l’adore. Elle a de magnifiques cheveux roux, de grands yeux verts que tout émerveille et des petites tâches de rousseurs. Sans parler de son rire qui ferait fondre n’importe qui. Elle est tout simplement parfaite.

Je n’ai rien de tout ça. Mon père biologique est mort. Il a tenté de s’enfuir et il lui est arrivé ce qui est arrivé aux autres. J’ai assisté à sa pseudo-exécution. J’y pense encore le soir, quand je ferme les yeux. Son sang sur le sol, les cris de ma mère, les vampires et leurs iris rouges, personne ne se précipitant pour lui venir en aide.

Après cela ma mère s’est mise avec Chris, une espère de bûcheron avec une énorme barbe. Gentil mais un peu maladroit. Ils ont eu Maïna ensemble.

Mes yeux et mes cheveux noirs, je les tiens de mon père. Un rappel constant de son absence. De ma mère, je n’ai pas hérité grand chose si ce n’est sa petite taille.

Je m’avance dans la cuisine. Je suis stoppée dans mon élan lorsqu’une petite tornade rousse se précipite sur moi et saute dans mes bras.

– Echo !

– Maïna !

Je la serre fort contre moi et tourne un peu sur moi-même, lui arrachant un petit rire.

Mon nom n’est pas Echo mais Hastrid mais ma petite sœur a pour habitude de lire, plutôt qu’on lui lise jusqu’à ce qu’elle s’endorme, l’histoire d’une super-héroïne qui sauve le monde avec ses super-pouvoirs. Une héroïne complètement badasse nommée Echo. Alors bouille d’ange m’appelle comme ça.

Je comprends pas bien pourquoi puisque je n’ai rien de courageux. Je suis même plus passive et attentiste… Mais c’est tellement flatteur de représenter ça pour elle que je la laisse faire.

– Comment tu vas ?

– Ça va ! J’ai fait un dessin ! Viens, viens !

Elle me tire en sautillant jusqu’au salon. Mes parents sont là et je les salue en souriant. Maïna m’amène jusqu’à une petite table où elle a dessiné… Quelque chose. C’est quelque chose, j’en suis sûre. Disons que c’est de l’art abstrait. Oui, voilà, c’est ça, un joli dessin abstrait.

Je souris devant son grand sourire fier.

– C’est magnifique !

Je joue avec avec et échange quelques paroles avec mes parents

Le dîner vient finalement et on s’installe. La discussion est joyeuse, on rit ensemble, comme d’habitude.

Tout va bien.

On est dans un monde de merde dirigé par des créatures sanguinaires, mais nous tous, on sourit. On rit. On fait mine d’être encore forts.

Notre quartier est vivant, tout le monde se sert les coudes, tout le monde se connaît.

Seulement le bonheur est éphémère.

Tellement fragile.

Alors, tandis que j’écoute mon beau-père nous raconter sa journée à l’usine, un son aigu parvient douloureusement à mes oreilles. Ma poitrine se comprime. Tout le monde se fige, se regarde, sert les poings.

On connaît trop bien ce son.

Celui qui nous annonce qu’on va perdre quelqu’un que l’on connaît.

Cette alarme…

Qui signifie que quelqu’un s’est enfui.

Et qu’il a été attrapé.

C’est l’heure de l’exécution publique.

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