Réédition! Il y a eu un bug et le chapitre n’était pas complet….
Gabriel, Gofic, Louis, Ethan et Halica se tenaient dans le hall du Centre Hospitalier Saint-Jean-de-Dieu dans le huitième arrondissement de Lyon.
-Et maintenant ? Demanda Gabriel, curieux de connaître la méthode des élémentaux.
-As-tu un portefeuille ?
Ethan tendit la main vers Gofic.
-Bien sûr, pour quoi faire ?
Ethan prit le portefeuille simple et noir, le vida et créa un faux badge de métal qu’il cala dedans.
-Et voici notre laissez-passer !
-Sérieusement ?! Ça ne marchera jamais, critiqua Louis.
-Quel pessimiste tu fais.
-Heu… Je suis désolée Ethan mais je suis d’accord avec le jeune loup, annonça Halica. Un badge de métal dans un portefeuille ? Vraiment ?
-Ça aurait fonctionné en Roumanie.
-Au XIX -ème siècle peut-être. Et encore, répliqua Louis.
Gabriel poussa un grand soupir d’exaspération.
-Laissez-moi faire, bande d’incapables. Et surtout ne dîtes rien et restez derrière.
Il s’accouda au comptoir et sourit à la secrétaire.
-Bonjours. Mes amis et moi aimerions rendre visite aux comateux retrouvés dans des ruelles dernièrement. Vous en avez entendu parler ?
-Heu… oui.
-Vous serez sûrement ravie de nous y conduire.
Elle sourit.
-Mais bien entendu.
Et se leva pour les guider dans un couloir.
-Ils sont dans le service de réanimation, dans une seule chambre, c’est la police qui l’a demandée.
-La police ? S’inquiéta Louis à l’encontre de Gabriel qui leva la main pour le faire taire tout en gardant le sourire.
-Observe et apprend, murmura-t-il avec un clin d’œil.
Derrière, Ethan se pencha vers Halica.
-Il en fait beaucoup trop.
Halica haussa les épaules.
En début de couloir, Gabriel congédia la secrétaire et lui demanda de les oublier. Il leur fit signe de rester en arrière et rejoignit fièrement les trois agents.
-Bonjour messieurs ! Belle journée n’est-ce pas ? (puis sans leur laisser le temps de réagir) Vous nous laisserez bien entrer, affirma-t-il. Mes amis et moi-même devons voir les victimes. Question de sécurité nationale, vous y gagnerez de l’honneur !
Aussitôt les trois policiers se levèrent d’un bond pour le saluer, puis, l’un d’eux lui ouvrit la porte de la chambre et ils les regardèrent entrer, toujours avec le salut militaire.
Avant de fermer derrière eux, Ethan leur intima,
-Repos !
-Et voilà comment on obtient ce qu’on veut facilement, triompha Gabriel.
-J’aurai pu en faire autant, rétorqua le vampire.
-L’hypnose est moins fiable. Elle peut être brisée ou contrée et le sujet à l’air d’un idiot et se fait immédiatement remarquer. Tandis que moi, je leur donne l’envie de m’aider, le sentiment vient d’eux. Du moins ils le croient.
-C’est effrayant, rit nerveusement Ethan.
-Très utile, objecta Halica.
-Cinq corps donc, et tous dans le même état, rappela Gofic en observant les cinq lits de la salle. Chacun reliés à des machines qui contrôlaient leur rythme cardiaque et de tension.
-Dommage que nous n’ayons pas de télépathe. Pour lire dans leurs pensées, proposa Ethan.
-Il doivent être profondément enfouis dans leur esprit, indiqua Halica. Leur respiration est lente, comme pour un sommeil profond et leur température corporelle est tout à fait normale.
-Je ne ressens rien, dit Gabriel.
-C’est normal, Halica peut contrôler ET détecter les flux de température, pas toi, expliqua Ethan.
-Non, je veux dire… je ne ressens rien dans leur cœur, dans leur esprit. (Devant les visages perdus de ses camarades il précisa) mon pouvoir ne se limite pas au contrôle des gens. Je suis un empathe avant tout. Je peux ressentir les émotions, les comprendre et ensuite les contrôler. Et là je vous dis que je ne ressens rien. Que dalle. Nada.
-Comment ça se fait ? Demanda Ethan.
-Je ne sais pas, ça ne me l’a jamais fait.
-Peut-être que ton pouvoir est détraqué, proposa Louis.
-Il a fonctionné il y a à peine une minute, idiot.
-Alors peut-être que tu es incapable de ressentir quoique ce soit chez un comateux, suggéra Halica.
-Non, je sais qu’un coma ne stoppe ou ne cache pas les émotions, je l’ai déjà vu. Ici, c’est différent.
-C’est donc bien surnaturel, conclu Gofic. Quelqu’un ou quelque chose les a mis dans cet état. Rappelez-vous du rapport ; les victimes ont toutes été surprises en train de cambrioler un établissement.
-Et ce comportement ne correspond pas du tout à leur profil, continua Halica. Si nous interrogions les familles et les proches, je suis sûre qu’ils confirmeraient ma théorie.
-Alors perdons pas d’temps avec ça, trancha Louis. C’est laquelle la dernière victime ?
-Hum, Rosa Gomez, lui répondit Halica irritée.
Louis la chercha sur les dossiers au bout de chaque lit et se mit à la renifler.
-Si quelqu’un entre maintenant…, s’inquiéta Ethan.
-Un vrai chien, se moqua Gofic.
-Hey ! Je sens quelque chose ! S’exclama Gabriel. Il a suffi que je le touche. Vous allez rire mais… il est heureux.
-C’est tout ?
-C’est déjà pas mal. La joie peut paraître comme une émotion simple et banale mais elle est tout le contraire.
Il se précipita sur les autres lits et leur toucha à chacun l’avant-bras. Il bouscula Louis qui grogna.
-Ha ! Je m’en doutais !
-Quoi donc ? Soupira Halica.
-Tous pareils. Ils ressentent tous la même sensation. Ça semble presque … artificiel.
-Ça l’est peut-être.
-Bon ! Je propose qu’on découvre ça sur le chemin, aboya presque Louis. J’ai une piste.
∞∞∞ ∞∞
Louis en-tête de groupe, il arpentait les rues de Lyon le nez en avant, aspirant parfois de longues bouffées d’air par le nez. Il s’arrêta devant une petite impasse.
-C’est ici qu’elle a été retrouvée.
Alors que le groupe regardait, incrédule, la ruelle sombre, il repartait déjà dans une autre direction.
Autour d’eux, les passants les dévisageaient et tandis que certains semblaient dérangés par le comportement du loup, d’autres se moquaient. Gabriel se retenait de les manipuler. Il ne put se retenir, cependant, de s’approprier leur plus grande peur pour la faire bouillir en eux.
-Louis, tu ne peux pas faire moins … de mimiques ? Tenta Gofic qui avait pour habitude d’éviter le regard des autres.
A 22h le soleil était déjà couché mais ça n’empêchait pas la population de l’agglomération de circuler encore dans les rues.
-Ne t’inquiète pas, les humains ne se doutent de rien, ils ne voient jamais ce qu’il y a de plus évident, concerta Ethan.
-Au mieux ils verront Louis pour un idiot et nous comme le groupe qui suit l’idiot, ironisa Gabriel.
-Et ils sont idiots pour cela, assena Halica.
-Ce qui ne veut pas dire que Louis n’en est pas un, ajouta Gabriel.
Louis ne les entendait pas, trop concentré sur sa piste. L’odeur qu’il avait senti dans la chambre d’hôpital avait laissé une fine trace, presque effacée par la foule transpirante ou fumante et les hydrocarbures. Mais il tenait bon. Il n’était peut-être pas un bon loup, solide et combattant, mais il avait un flair hors pair. Et une belle fourrure. Ah ça ! Il était fier de sa fourrure. C’était son atout envers les filles.
Il n’était que trop fière de les conduire vers le tueur en série. Pour une fois depuis des années il se sentait utile, essentiel et ce sentiment le remplissait d’énergie.
-Là-bas, indiqua-t-il, comme un chien d’arrêt, un entrepôt vieux et délabré. Les plaques rouillées étaient trouées par endroits et le toit s’était effondré sur la moitié de la longueur.
Quand ils franchirent le seuil, une forte odeur de fiente les attaqua. Le hangar était entièrement vide avec deux portes de chaque côté. La poussière emplissait l’air, apparaissant en voile fin à chaque rayon de soleil. De grandes fenêtres aux vitres opaques, ou brisées pour la plupart, illuminaient le hall. Leurs pas résonnaient entre les murs malgré la couche de poussière flagrante.
-Il y a eu du passage ici, commenta Gofic en montrant le petit sentier qui serpentait dans la mer de saletés.
-La poussière a été déplacée.
Le son du tapotement de son pied fût suivi d’un claquement de porte strident. Une femme fit irruption dans le hall et marcha une dizaine de mètres avant de s’apercevoir de leur présence. Elle sursauta et ouvrit grands les yeux de surprise. Pendant un instant elle sembla paralysée par la peur puis s’évanouit.
Ils se précipitèrent vers elle, Gofic fut le plus rapide. En un éclair il traversa la pièce et la rattrapa avant qu’elle ne touche le sol.
-Son pouls est lent, indiqua-t-il avant même que les autres n’arrivent.
-J’oserai supposer qu’elle est dans le même état que les précédentes victimes, diagnostiqua Gabriel.
Il posa délicatement la paume sous la clavicule de la femme.
-Le même sentiment de bien-être.
Gofic et Louis levèrent la tête d’un même geste.
-Il a quelqu’un là-bas, annoncèrent-t-ils en fixant la porte.
Derrière se prolongeait un couloir percé de portes de chaque côté et qui se terminait dans un virage anguleux.
-Amène-la aux urgences les plus proches, ordonna Halica au vampire, et revient vite.
Gofic hocha la tête, se leva avec le corps inerte dans ses bras et disparut dans un nuage de particules volantes.
Le groupe s’engagea dans le couloir, Louis en-tête, la truffe en l’air, Ethan sur ses talons, Halica et Gabriel fermant la marche. Louis renifla les première, deuxième et troisième porte et fit signe qu’il n’y avait rien. A la quatrième, il s’arrêta net, si bien que Ethan le bouscula. Le loup se retourna doucement et, sans un mot, indiqua la porte et écarta sept doigts de ses deux mains levées. Il porta ensuite son index à ses lèvres et le pointa vers le fond du couloir.
Halica sentait aussi des présences dans plusieurs salles du bâtiment.
Elle intima l’ordre à Ethan et Gabriel de s’occuper des sept individus tandis qu’elle et Louis continueraient.
Avant de partir, Louis articula un mot aux garçons, “Femmes”.
Gabriel haussa les épaules et abaissa la poignée.
-C’est fermé, annonça-t-il un peu trop fort.
Ethan lui fit signe de baisser le ton et prit sa place. Il leva son doigt pour que Gabriel le voit bien. L’appendice se recouvra de métal et le bout se déforma pour former une clé qu’il introduisit dans la serrure.
Ethan modifia la forme du passe-partout jusqu’au déclic et adressa un sourire satisfait à Gabriel.
-Impressionnant, lui répondit ce dernier avec un sourire en coin.
Ethan ouvrit et se figea, devant lui une dizaine de femmes était accroupies dans la pénombre, apeurées. Les fenêtres avaient été barricadées de planches en bois cloutées, l’air était irrespirable, des tissus sales étaient éparpillés sur le sol.
-C’est pas vrai…, souffla Ethan dépité.
-Elles sont effrayées, indiqua Gabriel.
Douze femmes au total, dont deux mineurs qui n’atteignaient certainement pas les quinze ans. Il lui était difficile de donner un âge aux jeunes gens de ce siècle mais Ethan était persuadé que les deux petites du fond n’étaient pas adulte. Il sentait la rage monter en lui.
Deux femmes voilées de noir s’approchèrent deux.
-Vous … vous n’avez pas l’air possédés.
La phrase emmitouflée sous le tissu et tremblante de peur ressemblait davantage à une question qu’à une affirmation.
-Non, nous ne le sommes pas.
La voix de Ethan se voulait réconfortante, mais la colère la rendait plus grave que d’ordinaire.
-Nous sommes ici pour vous aider. Vous êtes libres maintenant, vous n’avez plus rien à craindre, les rassura Gabriel.
-Depuis combien de temps êtes-vous là ? Demanda Ethan.
-Plusieurs semaines ? Nous n’avions pas la notion du temps ici.
-Qui vous a enfermé ici ? Que s’est-il passé ?
-C’est cet homme. Il peut posséder les esprits et vous faire faire ce qu’il souhaite. Beaucoup d’entre nous ont été emmenées et ne sont jamais revenues. Des hommes possédés viennent nous chercher, jamais lui en personne. Chaque jour ce sont de nouveaux esclaves.
-Lui, nous ne l’avons vu qu’une seule fois quand il est venu choisir, enchaîna la deuxième. Il … a choisit… son harem.
-Lui, il doit payer pour ce qu’il a fait, renchérie la première, la voix chargée de colère. Mais les esclaves, ce n’est pas leur faute, ils ne sont pas eux-mêmes. En fait, il contrôle leur corps.
Ethan prit Gabriel à part. La colère bouillonnait en lui et le mutant fût étonné qu’un être aussi âgé et puissant ne fasse pas preuve de plus de contrôle.
-Reste avec elles et soulage leur peine le temps de les laisser à la police, ordonna l’élémental. Je vais rejoindre Halica et Louis.
-Tu es sûr que ça ira ?
-Pourquoi poses-tu cette question ?
-Je ressens tellement de colère en toi que j’en tremble, et tu te diriges maintenant vers l’homme qui a abusé de ces femmes, voilà pourquoi.
Ethan ne répondit pas, il baissa la tête et maugréa dans sa barbe.
-Laisse-moi te calmer. Il serait préférable pour…
-Pour lui ? Ragea Ethan.
-Pour toi, le corrigea Gabriel. Une telle colère n’est pas bonne à garder, même pour une entité telle que toi. Je parie que tu la gardes depuis longtemps.
-Peut-être…
L’empathe posa sa main dans la nuque de l’élémental et aspira une partie de l’émotion en lui. Il saurait faire avec, c’était la malédiction de sa mutation.
-J’en ai laissé un peu, pour que tu ne perdes pas ton objectif.
-Tu as bien fais.
Ils échangèrent un sourire sadique et Ethan le laissa.