Le Naufrage: Le Jour D’ Après.( Suite de Fracassés…)

9 mins

Les dernieres lignes de l ‘ article précédent………

.Une belle plage nous accueille . Il doit être environ 4 heures ce samedi matin Nous reverrons le jour s’étirer et la vie reprendra… Mais le repos est encore loin .Pour l’ instant, le bonheur d ‘ avoir survécu oblitère totalement tout le reste . Vivant !!! Ensemble !!! que demander de plus…

LA SUITE :

Il est environ Quatre heures ce matin. Acapella est là, tout prêt du rivage, couchée sur son Flan bâbord, émaciée. Je sors le 1er et constate qu’il y a un petit comité d’accueil au bord de l’eau . Trois hommes debouts semblent nous attendre. Quelques mots en Espagnol qui ne couvrent pas le bruit des vagues et j ‘appelle Olga pour essayer de comprendre . Ils nous proposent vaguement de l’ aide. Pour le reste, je n’ y comprends rien et je les vois repartir . Olga m’expliquera qu,’elle a refusé car elle pense qu’ils veulent nous dérober. Nous rassemblons quelques affaires dans un sac, 2tshirts,2 shorts, deux trois bricoles ,mon passeport et papiers du bateau et nous évacuons. La plage semble s’étendre à perte de vue á l’Est . A l’ Ouest, difficile de se rendre compte , mais je sais que le canal et donc la rivière Magdalena ne sont pas loin. Derrière nous, à une centaine de mètres, la végétation aride que j’avais devinée semble s’ étendre, s’ enfuir loin derrière nous et en toutes directions dans la nuit, rien qui annonce la vie. Nous partons quand même en reconnaissance, tiraillés par la faim et la soif . 45 mn de marche ,de dunes et de terrain sablonneux ponctués de ronces . En nages et vidés nous nous laissons tomber sur un coin de sable entouré de broussailles et dormons jusque peu après le lever du jour . Quelques baraques de pêcheurs apparaissent alors dans l’ immensité désertique . Habitations de fortune et pourtant permanentes. Amas de tôles et planches de bois,troncs d’arbres, toiles tendues. Quelques semblant de fondations en ciment et petite cour pour les plus finies. Pas d’eau courante ici ni d ‘ électricité . C’ est sûr. La plus prôche est à une centaine de mètres ,elle inclut un ou deux enclos avec un vieux canasson, deux ou trois chèvres et même une vache je crois , qui pataugent nonchalemment dans une marre nauséabonde d’eau croupie,de boue et de bouses. Les habitants se demandent sûrement si nous sommes tombés d’un vaisseau spatial. Ils écoutent notre histoire, puis ils nous offrent un café et une cigarette. Discussion avec la patronne des lieux . Pas de transports dans le coin ,la ville est plutôt éloignée. Nous ne savons pas à ce moment là que le canal est à quelques centaines de mètres, limitant cette large bande désertique au Sud, et qu’ il est traversable, moyennant quelques pesos ,en barque ou autres moyens de fortune. Apparemment personne ne la mentionné . Je pense que dans la fatigue et le stress cela a du nous échapper. Retour vers Acapella alors que la dame de la maison garde notre sac . Une longue marche que j ‘ai énormément de mal à accomplir car, un mal terrible à une cheville, me fait souffrir depuis le réveil . 

Cette fois ci, le comité s’ est élargi . Hommes et femmes ,une dizaine ou un peu moins sont là. 1ere constatation, le bateau a été pillé. . Il est, disons au plus tard 8 h du matin . En 4 heures de temps toutes les valeurs ont été nettoyées. Plus de matériel électronique, plus de guitare, enfin un nettoyage bien fait.. Nous sommes abasourdis.!! Mais nous revenons de si loin que rien ne nous surprend ou ne m’interpelle vraiment. J ‘ avais déjà conçu de tout perdre et la vie avec. Alors… A ce moment précis et dans cette fatigue énorme qui pèse , ces choses prennent peu d’importance.

Beaucoup de palabres s’ensuivent,qui ne mènent nulle part. D’ailleurs, je ne tarde pas á m’ allonger sur le sable alors qu’Olga en bonne colombienne s’en donne à coeur joie. Quelques heures s’écoulent ,3 garde-côtes surgissent à pied de derrière les broussailles. Ils prennent des photos qu’ils ne me transmettront jamais, des photos de mon bateau, du passeport,des papiers du bateau. Le comité d’accueil s’est décimé légèrement et tout ce petit monde attentif semble tranquille . On a fait des abris soleil avec mes voiles et on jacasse. Finalement nous obtenons des gardes côtes qu’ ils nous raménent en ville. Leur canot est de l’autre côté sur le canal. Longue marche ,Olga disparaît feignant un désaccord sur le chemin à suivre. C’est une femme très indépendante, elle ne souffre pas qu’on essaye d’exercer un quelconque contrôle sur elle. Les gardes-côte nous ont indiqué la direction de leur embarcation alors qu’ ils s’attardent avec les habitants . La voilá partie de son côté et ne réapparaîtra que plus tard alors que j ‘ai guidé les gardes côtes à travers une bande d’ eau peu profonde à la recherche de la maison où nous avions laissé notre sac au petit matin. Débarquement de fortune et petite marche jusqu’à la baraque. Olga nous y rejoint apparemment elle s’est attardé pour fumer un pétard avec un des pêcheur du coin, retour au canot et une bonne vingtaine de Minutes de canal pour finalement être rendu au QG des gardes-côte. En nous raccompagnant, ils nous indiquent la direction à suivre pour la ville et nous saluent.

Livrés á nous même. Une centaine de milliers de pesos en pôche ou un peu plus .C’est peu, mais cela peut nous payer une ou deux nuit dans un hôtel de quartier et à manger. Quartier accueillant en ce samedi après midi de carnaval . Un petit centre, regroupant tiendas, bars et échoppes. De quoi se restaurer,beaucoup de musique et de monde . Manger et boire, vite!. . Olga sympathise avec une vendeuse de fritas. Ces délicieux beignets de forme diverses fourrés de pomme de terre et viandes ou poissons qu ‘on trouve partout dans les rues, sur les carrioles aménagés des vendeurs ambulant, surtout au petit déjeuner . Elle propose à Olga de prendre une douche et disparaissent me laissant là assis sur ma chaise. Dans ces moments je me sens seul. Un gringo ,dans le coin ça ne passe pas inaperçu, la langue du pays me faisant défaut ça n’aide pas., Alors j’ attends .. Elle, est chez elle dans ces quartiers populaires. Elle se fond dans la multitude,plaisante avec les uns et les autres.Moi, je reste « el extranjero » qu’ on regarde avec amusement, étonnement. Elles reviennent après avoir fumé un bon pétard. De quoi accroître ma frustration. Un hôtel vite,se reposer,se détendre,dormir…

Mais voilà la « Princesse Complètement Stone » ne se soucie pas trop de mes besoins. Toute à la fête qu’ elle est. Le prélude du premier incident se dessine imperceptiblement sur un fonds de musique sud américaine. On nous indique la direction du centre ville oú nous pensons trouver un asile pour la nuit, une longue marche inutile s’installe. Un petit km sur cette large avenue qui semble être le centre des activités carnavalesque et je m’interroge . » N’y avait-il pas un hôtel dans le quartier d’ où nous venons ?. »Olga! réveille-toi. » Au jourd’hui je questionne encore ces moments où, dans le brouillard du désarroi , elle semblait absente. Je lui demande de s’informer,elle reviendra avec une réponse si vague que j’hésiterai à faire demi tour et opterait pour continuer. Ignorant que je suis de la dizaine de kms nous séparant du centre ville .L’ambiance est là. Musiques,gradins fleuris,chars , foule ,vendeurs à la sauvette. Je me traine. Le crépuscule avance puis la nuit. Les heures s’envolent. Tant, qu’à un point , n’ y tenant plus et me sentant de plus en plus impuissant devant cette situation morbide, je presse franchement le pas. Je marche, je questionne à la sauvette , on me répond parfois, à la colombienne surtout ,c ‘est à dire dans un flou artistique qui ,en général ne mène nulle part. Je l ‘apprendrai à mes depand. Ma compagne de voyage étant un de mes meilleurs professeur. Que nous sommes loin de l ‘Europe et des réponses carrées sur des chemins biens balisés. Je me retourne,plus d’Olga. Je reviens un peu sur mes pas, je l’aperçois dans le tohue- bohue et lui fait un signe. Elle m’aperçoit et je repars, bourré d’adrénaline et résolu. Et puis je la perd á nouveau. Mettre un pied devant l ‘autre. Il faudra bien y arriver. Je m’égard dans les rues adjacentes trompé par des indications éronnées. Je reviens sur l’avenue, tant bien que mal et je reprends la marche. Les rues commencent à se vider, elles se vident, elles sont désertiques et je jette l’éponge, il faut bien s’y résoudre. Il est une heure, deux heures du matin?.. Qui sait, je n’ai plus de téléphone. En revenant sur mes pas, j ‘ aperçois un chemin de terre barré par un grillage défoncé, . M ‘allonger , dormir, á l’abri des regards. Je m’infiltre parcours une centaine de mètres et repère un coin obscure. Je m’ y tere pour la nuit. Un vieux pantalon ,un t shirt sortis du sac, me serviront de matelas. Tiens ! un restant de joins confisqué à ma « Princesse Evanouie ». Pourquoi pas… La réalité s ‘adoucit quelque peu , les pensées s’ envolent. Je plonge dans le sommeil.

Il fait gris ce dimanche matin, une aubaine, la chaleur sera moins assommante. Retour sur l’avenue. J’ai perdu ma dulcinée et n’ai aucun moyen de la retrouver. Le coeur lourd, j ‘ai beau remuer mes meninges et écarquiller mes yeux, la belle a disparu . Retrouver le quartier initial. Dans cette agglomération tentaculaire, ce petit coin aux limites de la ville faisait effet de paradis , d’oasis de bienvenue. Mais voilà, tout est très flou ce matin. Un seul repère l’avenue et la quasi certitude que je dois tourner à gauche afin de revenir sur mes pas . Ce que je fais. Quelques vendeurs ambulant déambulent .un vendeur de « Tinto » apparaît. Super!. Les vendeurs de Tinto, terme populaire pour café sont géniaux. Ils se baladent avec leur poussette aménagés dotée de plusieurs thermos, remplis de café et café au lait déjà sucré, bien sucré même et pour 300 ou 500 pesos on se régale d’ un petit café et parfois d’un morceau de pain qu’on paye 1000 pesitos. C’est ça la Colombie ,celle que j’ aime, celle d’Olga, qui me la fait découvrir avec avarisse et qui la transpire . Je l’ai dans la peau ma Princesse et son beau pays s’immisce en moi . Inutile de se mentir, je suis pris. Avec son tempérament de feu , prête à vous arracher les yeux et à vous faire souffrir toujours un notch au dessus de ce que vous pourriez lui faire subir. Sa beauté insolante et cette façon de vous mettre des étoiles pleins les yeux. Elle est la Colombie et la Colombie est elle. Il faut l’apprendre,la comprendre et si les tempérament concordent, il est possible que l ‘ on s’y sente chez soi . Mais attention . Prudence!

Une marche téléguidée . Quelque peu restauré, j’avance sur cette grande artère qu’est là via 40. Je retrouve le quartier rapidement. Etonné d’ avoir parcouru tant de chemin pendant la nuit. Je pense reconnaître l’ endroit, mais franchement , je ne suis sûr de rien. A ce moment là, je n’en connais pas encore le nom. J’essaye de me renseigner en indiquant la proximité des garde côte, mais les garde côtes personne ne connait. Je trouve un cyber café mais on ne sait pas. Par contre, je m’affaire rapidement en ligne et entreprends d’activer quelques leviers familliaux et amicaux pour recevoir une aide pécuniaire. J’ai perdu ma carte bleue et je n’ ai aucun moyen d’accéder à mon compte bancaire. Ceci fait, je discute avec les tenanciers et bientôt on m’indique non pas un mais deux « hospitaje ». Un jeune, habitué du lieu, propose de m’accompagner . Le premier affiche complet. Mais le deuxième me propose un chambre pour 23000 pesos. L ‘ équivalent de 7 euros la nuit. Tout à fait acceptable. Cela m’achète une petite semaine et quelques sous pour me nourrir. Un retour sur terre et entre 4 murs , un bon repos dans ce petit hôtel familiale » El Tío »,(chez tonton)du nom du patron. Situé le long d’ un chemin de terre, une rue résidentielle jonché de petites maisons, alignées de part et d’ autres d’ El Tío, au limites du barrios et de ce fait , de la ville et faisant face à un terrain vague légèrement en surplomb qui sert de parking aux semi-remorques de passage. Une clientèle de routiers tranquilles, habitués des lieux, un petit coin de campagne, agrémenté d’enfants jouant ,de familles et de quelques tiendas,resto, aménagés sur les terrasses et de musique.

Quelques jours passent paisiblement. Chaque jour, au cyber café, j ‘ échange avec les uns et les autres, le reste du temps je me ballade et vaque autour des tiendas du petit centre qui s’anime en fin d’après midi, attirant les parieurs de machines à sous et les buveurs de bière avides de détente après le dur labeur sur les chantiers de constructions. Un gars se détache de l’allure générale. Il n’est pas du quartier, mieux vêtu et plus soigné. Il m’accoste et engage la conversation . Nous sympathisons et je le revoie les soirs suivant . Un aficionados des machines à sous. Je lui raconte mes péripéties. C’est alors que l’idée me vient. Il passe ces soirées ici. Moi je ne fais que passer, le temps d’une bière. Il est possible qu’Olga revienne comme je l’ai fait. Je lui en fait une description détaillée . Facile, ses origines partiellement espagnoles lui confèrent un teins plus clair et ses cheveux blonds la désigne entre mille .

Las Flores, C’est son nom. Le quartier où j’ ai élu domicile. Un quartier populaire et fleuri, non par des fleurs, bien qu’on en aperçoive ici et là, mais plutôt par ses habitants. Paisibles, vivants, sa musique, qui chaque soir, jaillit de toute part. Car oui , je suis bien dans le quartier de nos débuts . C’est confirmé et la mémoire m’est revenue avec le repos. Pour le reste c’est encore L ‘inconnu. 

Les jours passent 5 jours déjà. Et alors qu’llongé sur mon lit , dans la pénombre du crépuscule, la jeune fille de l:hotel frappe à la porte et’ m’ annonce un visiteur à la réception.

Quel surprise mon copain est là . Accompagné de qui??…. Vous l’ avez deviné..

. à suivre.

Précision: je publie cette article aujourd’hui le 22janvier 2021. Mais je l’avais écrit bien avant à l’époque où un certaine magie nous unissait , le covid19 n’existait pas etc etc. Aujourd’hui avec le recule et connaissant les êvènements qui ont suivis, je pense qu’un jour, que j’espère prochain je ferai une analyse plus globale de ces 9 longs mois passés en Colombie et de toute cette longue aventure qui finalement m’a ramené exactement à mon point de départ , seul, dans le même studio meublé loué oú j’ habitais avant mon départ ,ici Perpignan, dépourvu de tout, plus agé mais pourtant avec ma capacité à rêver intacte et des projets d ‘évasion qui commencent à se dessiner..

J’ avais tant rêvé de m’enfuir pour toujours. Beaucoup à raconter . Une immersion probable dans les méandres de l’esprit, et de ce mystère qui gouverne nos vies. 

A suivre.

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