TREIZE — LÉANE
Depuis que Maëlle et Alexandre s’étaient fait la malle pendant le cours de SVT, quelque chose avait changé. Alexandre n’était plus vraiment le même, il s’autorisait des petits sourires de temps en temps, il ne passait presque plus de temps les yeux dans le vague à ressasser le passé. Maëlle aussi avait changé, une nouvelle lueur dans ses yeux était apparue, une lueur de compréhension triste, et elle ne regardait plus Alexandre de la même manière, elle le regardait comme s’il avait escaladé l’Everest. Je ne sais pas ce qui s’est passé ce jour-là mais, en tout cas, ça à dû être important.
QUATORZE — M. BACHEUX
Le professeur de SVT des 3e4 s’est plaint que deux élèves étaient parti de son cours et qu’un des deux élèves avaient même répondu au téléphone ! Il semblait que ces deux élèves étaient Alexandre et Maëlle, j’espérais que la jeune fille avait réussi à parler au garçon.
Et, le lendemain, en cours de maths avec cette classe, je sus qu’elle avait réussi car, en entrant, Alexandre me sourit. Un petit sourire heureux.
Je n’eus même pas besoin de le retenir à la fin du cours, il était resté de lui-même.
– J’ai l’impression que tu vas mieux, dis-je.
– Oui.
Il sourit.
– Vous savez, monsieur… je crois que je ne pourrais jamais aller mieux qu’en ce moment.
Je sentis une sorte de fatalité dans sa voix qui m’interpella.
– Vraiment ?
– Oui. Il faut juste espérer que cela dure le plus longtemps possible. Mais à la prochaine épreuve… (il soupira) je ne pense pas que je pourrai me relever complètement.
– Tu sais, Alexandre, tu es vraiment un garçon extraordinaire. Je suis sûr que tu pourras te remettre de tout épreuve.
– Oui, c’est une chose certaine. « Quand on veut, on peut ». Mais si je ne veux pas… si je ne veux pas de nouveau affronter la souffrance. Je pense que j’en ai assez vu, je ne veux plus voir de choses horribles.
Ma parole ! Il voulait mourir !
– Alors un dernier conseil : ne te laisse pas croire que tu es seul, Alexandre.
Il sourit mais c’était un sourire triste. Et il sortit.
Ce garçon avait mûrit trop vite. Il devait maintenant goûter les plaisirs de l’enfance mais le destin s’acharnait.