Mener une double vie était éreintant. Ils n’avaient plus de temps pour eux, et leurs parents commençaient à se douter de quelque chose et posaient de plus en plus de questions sur leur emploi du temps ou leur état de fatigue… Seule la perspective de passer à l’action les motivaient.
Et heureusement qu’ils étaient là les uns pour les autres, tous les vendredis ils faisaient le point sur ce qui n’allait pas, ce qui avait progressé et s’encourageaient mutuellement. Ces moments les aidaient à tenir le coup, cela leur permettait de se rappeler pourquoi ils chamboulaient leur vie, pourquoi ils devaient s’entraîner avec des Sous et des Éléments sadiques et qu’ils risquaient de voir leurs notes dégringoler de manière alarmante au prochain trimestre. Ils avaient tous, à un moment, songer à abandonner, mais les autres les en avaient dissuadé : le monde avait besoin d’eux !
Les parents d’Arthur étaient ceux qui étaient le plus susceptible de découvrir le pot-aux-roses. Étant fils unique, Arthur était très proche de ses parents. Et maintenant qu’il passait moins de temps à la maison Monsieur et Madame Mallait s’inquiétaient pour leur fils, mais ils savaient que c’était pour passer du temps avec ses amis alors ils ne disaient rien malgré la fatigue constante du garçon.
Les parents de Manon, eux, avaient trop de choses à penser pour s’inquiéter de leur aînée. Ses deux petits frères, Liam et Louis, ayant tous deux huit ans, demandaient toute l’attention de Monsieur et Madame Teuhard, surtout Louis qui était le pire des deux jumeaux. Mais Liam se faisait du souci pour sa sœur qui n’était pas comme d’habitude.
Quant aux parents de Mathéo, il ne se faisait pas de souci. Il se demandait même s’ils le remarquaient, mais les chahuts de son petit frère Sébastien, les moqueries de son grand frère Romain et les bavardages incessants de sa petite sœur Léa lui rappelaient qu’il avait une famille. Il ne l’aimait pas, mais il en avait une. La découverte des Éléments et l’entraînement quotidien était un soulagement pour lui, cela lui permettait d’éviter sa famille un maximum.
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Un jour, Arthur, trop épuisé par les événements, s’endormit en cours et récolta un avertissement écrit. Lorsqu’il le montra à ses parents, ceux-ci n’en revinrent pas. Il se fit sermonner comme jamais il ne s’était fait sermonner. Et ses parents lui interdire de rejoindre ses amis. Heureusement, à force d’arguments il réussit à les convaincre de revenir sur leur décision et de, simplement, le punir sévèrement. Ce jour-là, il était vraiment à deux doigts de renoncer mais il pensa à ses amis et se dit que s’il abandonnait maintenant il aurait récolté cette punition pour rien. Alors, le lendemain, il fit de son mieux à l’entraînement et continua à espérer.