DIX-SEPT — MAËLLE
Cela faisait maintenant deux semaines qu’Alexandre m’avait raconté son histoire. Cet événement l’avait changé comme s’il avait partagé une partie de son fardeau avec moi.
Mais ce lundi, je ne le vis pas au collège. Après la première heure, je me précipitai vers la classe de M. Bacheux, s’il était arrivé quelque chose à Alexandre, ce serait lui le premier au courant.
Le professeur fit la grimace en me voyant arriver.
– Où est-il ? Que s’est-il passé ?
Il soupira. Cela n’augurait rien de bon.
– L’hôpital a appelé ce matin.
L’hôpital ! Il lui était arrivé quelque chose ?
– Son frère est mort. Dans un accident de voiture.
Quoi ? Sébastien était mort. Alexandre devait être anéanti.
Alors, je me souvins de ce qu’il m’avait dit ce jour-là : « Je sais que s’il meurt je mettrai fin à mes jours ».
– Oh non, murmurai-je.
Et je sortis en courant.
Mon entrée dans le hall de l’hôpital n’avait pas été très discrète. Je m’étais précipité vers la dame de l’accueil, haletante. Et je lui avais demandé le numéro de chambre d’Alexandre. Une fois que j’eus ma réponse, je reparti en courant.
La porte était fermée à clé et gardé par un homme costaud. Je lui demandais d’ouvrir. Il refusa. Mais mon urgence dut l’interpeller car il finit par sortir la clé de sa poche en morigénant. Dès que le porte fut ouvert, je me précipitai à l’intérieur.
Alexandre était assis sur le lit. Il versait des pilules dans sa bouche. Je fis tomber les médicaments par terre et l’attrapai par la nuque en le penchant en avant pour qu’il recrache celles qu’il avait déjà mises dans sa bouche. Quatre gélules tombèrent sur le sol.
Il leva la tête pour me regarder. Je lus de l’incompréhension dans son regard.
J’étais arrivée juste à temps.
– Non mais ça va pas la tête ! criai-je.
– C’est plutôt à moi de dire ça. Pourquoi tu as fait ça ?
Sa voix rauque était empreinte de souffrance.
– Je ne pouvais pas te laisser mourir. Je suis vraiment désolée. Mais je ne peux pas.
– Je ne peux pas continuer à vivre. Je ne veux pas !
Des larmes coulaient sur ses joues.
– Je sais.
Je le pris dans mes bras. Ses sanglots secouaient son corps et mon T-shirt allait être trempé, mais je l’avais sauvé. Il avait besoin de mon aide.
Après qu’il se fut calmé, je m’assurai qu’il ne tenterai pas de se suicider à nouveau.
– Tu veux bien continuer à vivre ? Pour moi.
Il réfléchit. Mesura le pour et le contre. Je ne devrais pas prendre à la légère la réponde qu’il allait me donner.
– Je crois que je peux essayer. Mais je vais avoir besoin de ton aide.
Je hochai la tête en souriant. Il avait dit oui à la vie. Et il avait demandé mon aide.
Je l’aidai à se lever. Et je remarquai qu’il avait un bras dans le plâtre, l’accident avait dû être brutal.
– Je veux le voir, murmura-t-il.
Il me prit la main, la serra comme s’il s’appuyait sur moi, et il me guida vers la chambre 315. L’homme qui gardait la porte avait reçu l’ordre de l’empêcher d’entrer mais un regard d’Alexandre le fit changer d’avis.
Sébastien était allongé sur un lit. On l’avait lavé, et on aurait dit qu’il dormait. Alexandre lâcha ma main et je restai en retrait.