DIX-HUIT — SÉBASTIEN
Depuis que j’avais fait l’arrête cardiaque, je savais je n’allais pas vivre longtemps. Soit je mourrais de dépression car je ne buvais plus, soit je mourrais car j’avais continué à boire. Alors j’ai décidé de continuer l’alcool, je ne voulais pas mourir de dépression, c’était une mort affreuse. Je buvais donc en cachette. Je savais aussi qu’Alexandre aurait dû mal à se remettre de ma mort, alors je fis de mon mieux pour être à son côté de mon vivant.
Le moment où Alexandre à dit qu’il s’était cassé la main, j’ai su que la dernière chose que je ferai serait de l’amener à l’hôpital. En conduisant, je m’étais senti mal mais je voulais que la dernière chose que je faisais soit bien faite, alors je continuai. Quand Alexandre m’a annoncé que je m’étais trompé de route, j’ai commencé à douter de ma capacité à réussir ma mission.
J’avais vu l’arbre se rapprocher et je sus que je n’allais pas survivre à cet accident. Mais j’ai enfoncé la pédale de frein pour sauver la vie de mon frère. Quand j’ai défoncé le pare-brise, je n’ai même pas eu mal.
Je voulais dire à Alexandre à quel point j’étais désolé de l’abandonner, je voulais lui expliquer que je n’étais pas assez fort, je voulais lui assurer qu’il serait capable de vivre sans moi, je voulais lui dire que je l’aimais.
Mais je n’ai réussi qu’à dire que j’étais désolé et que je l’aimais. Et j’ai senti la vie quitté mon corps. J’espérais qu’il comprendrait, qu’il ne me rejoindrait pas de sitôt.
Et je suis parti, définitivement. La Mort avait été d’humeur ironique lorsqu’elle m’a cueillie, j’étais mort avant d’avoir accompli la dernière mission que je m’étais confié, ma vie n’avait été qu’une suite d’échecs.