Réflexions

4 mins

Les pratiques culturelles qui nous dérangent

Je ne choisirai que des pratiques
culturelles provenant de mon peuple. Je ne me vois pas avoir l’audace ni
l’outrecuidance, de juger des pratiques étrangères dérangeantes selon ma morale
quand je peux en faire la liste de mon propre pays. L’exercice me semble
d’autant plus intéressant. Il est plus judicieux de critiquer une société
censée être dirigée par des valeurs et des principes pareils à ceux avec
lesquels on a été éduqués : l’argumentaire en sera plus acceptable,
réaliste et constructif. 

 

            Les sociétés
occidentales se définissent essentiellement par la consommation. La
surconsommation pour être exacte. En effet, notre monde ne tourne plus
qu’autours du verbe posséder. Verbe qui n’a plus aucun sens, sachant que la
possession n’a pour le consommateur qu’une faible valeur matérialiste à jamais
insatisfaite. Je commence ici par une critique de la production et de la
consommation de viande industrielle. Nous sommes dans l’ère de l’ignorance volontaire
des défauts étiques de nos pratiques au profit de bonheurs éphémères et
fragiles.  L’ère de la déconnexion du
réel, ou le consommateur moyen d’aujourd’hui ne sait même plus ce qu’il achète.
En suivant l’exemple de la viande industrielle, nous pouvons voir que d’un
point de vu étique, le rapport de l’homme à l’animal s’est vu être complètement
perverti et  couper du concret. Nous
mangeons de la viande tous les jours, en grande quantité sans l’once d’un
scrupule. Nous ne voyons plus l’être vivant au creux de notre assiette. Il ne
nous reste que l’image d’un produit, acheté par millions dans les caisses des
grandes surfaces, comme de vulgaire bouts de plastiques. Notre morale et nos
valeurs sont en totale contradiction avec nos actions qui sont les conséquences d’un rejet
complet de la responsabilité qui nous est donnée dans une société qui ne voit
qu’à travers un film plastique couvert d’or. Dans le même cadre du rapport de
l’homme à l’animal on peut retrouver la chasse. Sous ses formes les plus
extrêmes. De la chasse à courre à la chasse à la glue, on retrouve des
pratiques cruelles et néfastes, aux valeurs rétrogrades, prônées par une société
incapable de faire l’abstraction entre tradition et conscience morale et
scientifique.

            Le tourisme
de masse est une autre pratique culturelle occidentale qui me dérange. La
thématique du voyage est le phare de mon discours. Synonyme de curiosité, de
découvertes et de connaissances. D’ouverture d’esprit, d’une brèche vers un
monde que personne ne connaîtra jamais assez bien. Synonyme d’amour, d’amitié,
de liens. Le voyage est une des rares inventions qui embellissent l’Homme, qui
le rendent plus éclairé, éveillé et sensé, il permet le contact avec
l’étranger, avec l’autre, celui qui n’est dans notre esprit que l’ombre de son
préjugé. Celui qui, par un dialogue, une complicité naissante, deviendra un semblable,
un ami. Et je ne parle pas seulement des liens humains. Mais aussi de ceux que
l’on tisse avec notre environnement. Le voyage est une fenêtre sur le monde,
une porte ouverte sur l’inconnu. Le tourisme de masse a corrompu le voyage, l’a
dénaturé jusqu’à ses racines les plus profondes. Miroir de la consommation, le
tourisme de masse est aujourd’hui une énième perversion de l’être humain.  Sa finalité n’est plus le voyage ni la
découverte ou les liens.  Le touriste occidental
lambda ira s’installer pour quelques jours dans un pays lointain, mais restera
aveugle, sourd et insensible aux traditions, à la culture et aux habitants, aux
profits d’un hôtel confortable, entouré de ses semblables. En bref, il suivra
son mode de vie consumériste à quelques milliers de kilomètres de chez-lui.
Pour ensuite n’en ramener qu’une image narcissique de sa vie, un tableau descriptif
d’un tourisme maladif, et une médiocre trace de maillot de bain.

            Je pense
m’arrêter ici sur les pratiques culturelles concernant notre belle et grandiose
société de consommation, bien que la liste de mes critiques est loin d’être
terminée. Laissant de côté ce point là qui s’avère être interminable, j’ai
décidé de parler d’une toute autre et dernière pratique culturelle ancrée dans
notre société: l’éducation scolaire française. Un des seuls systèmes
occidentaux qui diabolise l’imaginaire enfantin. Dès la maternelle, l’enfant de
deux ou trois ans s’assoit sur une chaise pour ne pas s’en défaire avant la fin
de sa scolarité. Une feuille sous les yeux, un feutre dans les mains et des
consignes intransgressibles. Mais la vérité se trouve dans les yeux de
l’étranger qui voit ce fonctionnement contraire à son idée de l’éducation:
Avons-nous peur de l’enfant ? Cet être incontrôlable, rempli d’imagination,
d’originalité et de différence. Cet être qui est alors, dès son plus jeune âge,
conditionné à s’aligner dans le droit chemin. A bas la fantaisie et
l’imaginaire, vices de l’enfance et ennemis de l’éducation scolaire.  Un enfant apprend en jouant. Il apprend en
trébuchant, en salissant ses vêtements, en grimpant dans les arbres, en
découvrant les animaux, les insectes, les pierres et la terre, les ballades et
les paysages. Il apprend à travers les autres enfants, qui eux aussi devraient
être portés par cette même liberté d’esprit. « Ma fille a-t-elle bien
travaillé aujourd’hui ? » Associer le mot « travail » au
quotidien d’un enfant de trois ans me semble absurde. La maternelle ne devrait
pas être une école, mais un jardin des enfants pareil à ceux de nos pays
voisins qui s’en sortent très bien avec ce fonctionnement. Un jardin, ou les
petits peuvent s’épanouir jusqu’à avoir l’âge requis pour commencer à apprendre
ce que l’école doit enseigner. Et cet âge ne commence qu’à la cinquième,
sixième ou septième année de notre vie. 
Passée la maternelle qui déjà n’est que très peu favorable à la
floraison de l’âme enfantine, les futurs écoliers entrent dans un système compétitif
et concurrentiel  ou l’élève n’est que le
pion d’une traque aux points et à l’estime de l’entourage. L’égoïsme et
l’individualisme ne sont que les fruits de cette course au succès. Bien que
l’entraide et la solidarité soient des valeurs prônées par les écoles, le
système et la finalité du parcours scolaire vont à l’encontre de ces principes
coopératifs : l’élève doit et devra toujours être le meilleur en dépit du
sort de ses camarades.

 

Je suis dans l’incapacité de proposer des
solutions concrètes à mes critiques, par manque de connaissances et de savoir.
Ce que j’ai écris, est une simple et honnête observation de pratiques culturelles
qui me semblent problématiques pour notre futur. Il ne s’agit ni de hier ni
d’aujourd’hui, mais de constatations transformables aux dépends d’une vie
meilleure et du monde de demain.

 

 

 

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1 Commentaire
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Ewili Arnold
3 années il y a

Quand les besoins sont de plus en plus matériels dans un monde limité… il faut dominer pour retirer aux autres.

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