T.S
Quatre mois qu’elle n’était pas tranquille, quatre mois qu’elle était sans nouvelle de sa fille. Christine avait bien essayé de l’appeler, plusieurs fois même mais elle tombait chaque fois sur le répondeur. Inquiète, elle voulait se rendre chez sa fille de l’autre côté de l’île pour vérifier qu’elle allait bien lorsque Paul l’en dissuada. Non pas qu’il ne s’en faisait pas pour elle mais parce qu’il pensait qu’on devait la laissait tranquille, que Lola avait besoin de liberté, de se débrouiller seule. De plus, il pensait qu’après ce qu’elle avait vécu, elle n’avait pas besoin de les avoir sur le dos.
En vérité, Paul ne savait pas comment réagir face à une telle situation, il voulait simplement retrouver le violeur de sa fille pour lui mettre une balle dans la tête.
– C’est comme ça que ça marche chez nous, on ne touche pas à la famille, on fait justice nous-même puisque que nous ne pouvons compter sur les flics. Ça a toujours fonctionné comme ça et ça continuera ainsi, c’est la règle, disait-il.
Il n’était pas un mauvais bougre, il protégeait sa famille c’est tout, répétait-il à chaque fois qu’on lui demandait pourquoi se rabaisser au niveau des ordures en réagissant comme eux, en étant aussi violent. Christine était au courant qu’il était quelqu’un de dur avant de l’épouser, elle connaissait ses défauts. Sauf qu’elle était loin d’imaginer qu’il deviendrait un grand buveur qui puis est avec un caractère mauvais. Cela ne l’empêchait pas de l’aimer, non, elle n’a jamais cessé d’aimer son mari mais c’est vrai qu’elle aurait aimé, qu’elle aimerait bien voir son homme accepter de ressentir autre chose que la colère.
L’excuse de l’indépendance de Lola était bien trouvée, ça le protégeait lui plutôt qu’elle. Depuis ce coup de fil qu’il avait reçu au mois de juillet, il ne pouvait plus regarder sa fille en face, ne sachant pas quoi lui dire. Il se muait dans son silence. Ici, sur son île, on ne savait pas parler de ce genre de chose, on ne savait pas comment y faire face. Ça l’arrangeait bien au final que Lola ne donne plus de nouvelle, il ne pourrait lui parler qu’une fois son violeur puni pour lui dire : « Ça y est ma fille, nous l’avons eu ».
La mère de Lola, dont le père n’a jamais été puni pour le viol de sa mère, comprenait très bien que son homme veuille que justice soit faites mais pas comme ça. Cela reviendrait à briser leur famille, leur vie. Est-ce qu’il le voulait vraiment? Leur relation se détériorait de plus en plus.
Ils étaient loin de s’imaginer qu’à l’autre bout de La Réunion, Lola allait commettre l’irréparable.