Le sourire qui se dessinait sur mon visage fluide à mon arrivée dans l’océan ne fut hélas qu’éphémère… La colère des éléments me rattrapa vite, me plongeant dans un trouble profond. Le vent froid fouettait les vagues qui s’élevaient de plus en plus menaçantes au dessus de la surface écumante. L’horizon disparut derrière un rideau de pluie battante. Des frissons parcoururent alors tout mon être au point que même mon corps terrestre laissé sur l’herbe grasse d’une prairie trembla.
Je reconnus cette colère, celle qui bouillonne à l’intérieur sans se montrer. Cette colère que j ai si souvent étouffée derrière un sourire pour ne pas provoquer celles des autres. Cette colère qui devient tempête, grandit faute de s’exprimer. Elle est de nouveau là. Elle m’a rattrapée jusqu’ici. Jusque dans cet océan que je croyais aussi calme que l’eau qui ruisselle dans les jardins zens.
Une fois de plus, je me suis voilée la face. Je dois désormais affronter cet ouragan qui me submerge sinon je sombrerai dans une abysse indéfinissable. Il me faut faire un choix pour que cette colère sourde disparaisse. Je le sais. Oui, je le sais depuis mon départ. Ce voyage, je l’ai décidé pour comprendre, me comprendre, savoir comment j’en suis arrivée là aujourd’hui. Face à une telle tempête émotionnelle.
Je l’avais enfouie si profond pour ne pas la voir tout au long de ce voyage intérieur que je l’avais presque oubliée. Elle m’apparaît maintenant encore plus violemment, prête à m’engloutir dans ses entrailles. Je me sens perdue. Je ne sais que faire, je suis tétanisée, je n’arrive pas à exprimer mon choix, je reste colère. La tempête s’empare de moi, elle est moi, je suis elle. J’ai peur… Je hurle, prête à jeter ma fureur écumante sur tout ce qui s’approcherait de trop près… Je finis par m’écraser contre les rochers d’une côte sauvage dans un panache tonitruant. Et m’écroule sur le sable en pleine nuit…
Une superbe métaphore! On est le Mister Hyde de soi-même. La peur de péter les plombs et la même que celle de devenir fou. Je trouve que la mer est symbole de beaucoup de choses. Bien souvent, on s’y laisse noyer. Comme personne ne répond vraiment à nos angoisses, on fait les questions et les réponses pour les aggraver davantage encore. Ce qui est beau dans ce texte c’est le gouffre que l’on a connu ou que l’on connaîtra tous un jour. J’aime vos images, elles sont efficaces sans être "ampoulées", j’ai dû lire ce texte en apnée. Chapeau!
@ccccccccccccc bbbbbbb, Christophe je vous remercie beaucoup pour votre commentaire si proche de mes émotions que j ai mis en mots en temps réel pour les évacuer au milieu de la nuit…
C’est, à mon humble avis, la meilleure façon d’écrire. Le malheur des uns fait le bonheur des mots.
J’espère que vous avez passé une journée sereine, après la tempête, la plage et le repos.