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Lucas un jeune agriculteur cherchait à développer son activité, il voulait agrandir son exploitation. En recherche de nouvelles terres à acquérir il se rendit sur un terrain agricole dont le prix à la vente était attractif sans compter que celui ci était concomitant à son domaine.
Rendu sur place il fit le tour des lieux et quelque chose le chiffonna, il ne savait pas ce que c’était au premier abord mais ça n’allait pas.
Au bout de quelques instants il compris de quoi il s’agissait. Un chêne de belle envergure se trouvait dessus un peu en décalé mais qui enlevait une certaine surface de culture et par voie de conséquence en diminuait le rendement. Lucas décida de se rendre sur place pour réfléchir au moyen de l’enlever, il pourrait en tirer quelque chose à la coupe. Ce chêne dont le tronc était au moins d’un mètre et demi de diamètre annonçait son âge, il avait environ trois cent ans. Quand il se mit en dessous il fut surpris par la fraîcheur qui s’en dégageait, c’était le plein été et la canicule était là.
Il resta un instant immobile, il crut entendre des bruits, curieux il prêta l’oreille … c’étaient des piaillements d’oiseaux et des bruissements de feuilles provoqués par des animaux en cours d’activité, il faisait si bon sous le chêne.
Il vit une vieille femme un panier à la main s’approcher, elle ne lui prêta aucune attention. Nonobstant toute présence humaine elle se mit à prendre les écorces des branches tombées par terre et ensuite avec sa canne elle souleva les feuilles au sol. Lucas se voyant déjà propriétaire du champs lui demanda ce qu’elle faisait.
Elle lui répondit :« vous n’êtes pas propriétaire de ce champ et je n’ai pas à vous justifier de ce que je fais ! »
Lucas agacé, lança :« je suis le futur propriétaire de ce champ ! Que faites-vous? »
Avec un sourire malicieux elle rétorqua : « A aujourd’hui c’est moi la propriétaire et je vends ce terrain à qui bon me semble! Et pour vous cela semble mal parti.»
Lucas déstabilisé par cette nouvelle et l’agressivité dans les paroles de cette vieille femme décida de la jouer en douceur, ce lopin de terre n’en devenait que plus attractif.
« Je suis intéressé par votre terrain et je suis curieux, pourquoi ramassez vous ces écorces et qu’est ce que vous faites avec votre canne? »
Elle fit volte face et rétorqua : « Ces écorces en décoction soignent mes problèmes intestinaux et ma canne, à priori je vois que vous ne le savez pas, me sert à trouver des girolles mais d’où sortez vous donc ? vous n’y connaissez rien !». Par terre sous les effets de la canne quelques taches orangées apparurent, c’étaient les girolles. La vieille se pencha et les coupa tout doucement en prenant soin de ne pas arracher les pieds. Une fois chose faite elle s’assoupit à l’ombre du chêne profitant de cette douce température qui s’en dégageait, il faisait si chaud sous le soleil. Un écureuil descendit du tronc et se mit à l’observer hésitant à lui subtiliser quelques champignons, la chouette hulotte dérangée dans son sommeil voleta près de la vieille endormie, elle la connaissait déjà depuis si longtemps…et hop ! un mulot de moins… il disparut sous les griffes de cette dernière.
Lucas devant cette scène d’un autre temps resta perplexe, l’acquisition du terrain s’annonçait mal.
Quelques mois plus tard la parcelle fut mise aux enchères. Tout à son affaire il croyait l’acquisition rapide, ce terrain ne prêtait pas à une forte valeur mais quelle ne fut pas sa déception. Par orgueil et esprit de rancune il l’obtenu à un prix fortement élevé , il avait eu le dernier mot.
Le temps s’écoula au rythme des récoltes tout en labeur et de façon parcimonieuse. Cinq décennies passèrent et par un jour d’été un jeune homme qui passait par là s’arrêta pour observer se qui déroulait sous ses yeux. Il vit un vieillard sous un chêne qui ramassait des écorces en tenant de l’autre main un panier rempli de girolles. C’était Lucas, ce dernier lui sourit et lui raconta l’histoire, à la fin le jeune lui posa la question « Vous avez donc décidé de garder le chêne ? ». Lucas un brin de malice dans les yeux lui répondit : « Oui car je ne savais pas à ce moment là que le bonheur pouvait se trouver à l’ombre d’un chêne, cette dame là avait raison je n’avais rien compris ».
Un joli conte "à l’ombre de mon chêne". Même si j’ai cru un instant que la vieille allait se transformer en Princesse, mais je suis de la vieille école.
C’est drôle parce que retirer ce chêne aurait favorisé l’érosion du champ qu’il souhaitais tant cultiver. Son rendement aurait diminué et il aurait peut-être même plus de champ. Mais cette fin est toute aussi intéressante 🙂
Si vous observez la campagne, les vaches sont toutes à l’ombre, et le paysan y fait sa sieste (plus ou moins longue, tout dépend de la capacité du cubi).
C’est à cause du remembrement qu’il n’y a plus de mûres et que les champs sont inondés.
Oui le chêne comme tout arbre est un régulateur de la nature comme la faune d’ailleurs mais il est peut être aussi un plaisir personnel. De se mettre juste dessous et de regarder ses branchages traversés par le soleil c’est magnifique et avec le cubi à côté c’est l’apothéose !
On partage ses petites joies avec ce qu’on a sous la main.
Une très jolie histoire simple et naturelle qui nous enseigne où se trouve la véritable richesse de la Nature.