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L’après – Partie 2
– Maître ?
Harry était assis seul sur son lit, dans le dortoir. Après avoir parlé à Georges, ses amis lui avaient laissé un peu d’intimité. Il était donc monté dans le dortoir des Gryffondors, et s’était perdu dans ses pensées, en contemplant son vieux rideau de baldaquin déchiré.
Kreattur se tenait recroquevillé devant lui, avec son habit rapiécé, et le médaillon de Regulus Black pendant fièrement autour de son cou. Ce médaillon donné par Harry, lui avait valu la reconnaissance et la gratitude de l’elfe, car il appartenait à Regulus Black, son maître adoré. Le frère de Sirius avait en effet trahit le Seigneur des Ténèbres, en volant un de ses horcruxes avec l’objectif de le détruire.
– Qu’y a-t-il Kreattur ? demanda Harry.
– Je voulais voir Monsieur pour lui apporter de quoi manger, et vérifier si il allait bien, répondit Kreattur en levant ses yeux globuleux et en déposant un plateau rempli de jus de citrouille, biscuits, et tartes à la mélasse sur les genoux de son maître.
– Oh, merci Kreattur, mais tu n’es pas obligé… dit Harry.
– Monsieur a fait beaucoup pour moi et Mr Regulus ! s’écria-t-il de sa voix couinante. Monsieur a vaincu le Seigneur des Ténèbres, à cause de qui mon maître adoré est mort ! Je vous suis redevable jusqu’à la fin de ma vie !
Harry bus quelques gorgées de jus, sous le regard admiratif de Kreattur. Lorsqu’il lui jeta un coup d’œil, l’elfe prit un air inquiet.
– Oh, je suis désolé Monsieur, je vous dérange peut-être ? Si vous préférez que je parte, vous n’avez qu’une seule phrase à dire…
– Non, c’est bon reste. Tu ne me déranges pas.
Kreattur s’inclina bien bas, son nez en forme de groin touchant presque ses orteils de pieds.
– Monsieur est bien aimable, oh oui, il prends soin de Kreattur et veille à ne pas le froisser.
Il se releva d’un seul coup, et fixa Harry.
– J’aimerais beaucoup vous montrer quelque chose, si vous le permettez.
– Qu’est-ce que c’est ? demanda Harry, surpris.
Kreattur n’avait jamais été très aimable avec lui avant qu’il lui fasse cadeau du faux médaillon, et voilà qu’il l’admirait !
– C’est une surprise Monsieur, répondit-il en faisant un sourire malicieux. Suivez-moi, je vais vous montrer que vos bonnes décisions, et vos prises de risque n’ont pas servies à rien, oh ça non !
– Je sais très bien qu’elles n’ont pas servies à rien, j’ai réussit à vaincre Voldemort ! répondit Harry.
– Je le sais, mais vous pensez que vous auriez pu mieux faire, épargner plus de personne…
Harry cligna des yeux ébahi. Kreattur savait ce qu’il ressentait, alors que la plupart des sorciers présents dans la Grande Salle l’ignoraient.
– Comment… commença-t-il.
– Peu importe, le coupa Kreattur. Si vous voulez bien me suivre, comme je le disais, je vous montrerai qu’il y a des gens très heureux de vos actions, et qui ne changeraient rien à ce que vous avez accompli.
Harry hésita. Après tout, ses amis étaient tous dans la Grande Salle, il pouvait très bien suivre l’elfe pour voir ce qu’il avait à lui montrer…
– Très bien, dit-il en se levant. Je te suis.
Le portait de la Grosse Dame pivota, et Kreattur conduisit Harry dans les couloirs de Poudlard.
Lorsque le vieil elfe chatouilla la poire d’un tableau très bien connu de Harry, il comprit où ils se rendaient. Il y avait déjà mis les pieds avec Ron et Hermione. Ron s’était gavé, et Hermione avait décidé de fonder la S.A.L.E après cette visite particulièrement mémorable, ce que Ron avait eu bien du mal à comprendre.
Harry sourit à ce souvenir, et entra dans les cuisines de Poudlard.
Une exclamation les accueillit, et il sursauta. Tous les elfes étaient rassemblés autour de lui, certains avaient leurs grands yeux globuleux baignés de larmes, d’autres le regardaient avec une admiration débordante. Il y a même un elfe qui s’évanouit.
Harry fut très surpris. Il ne pensait pas du tout que les elfes pouvaient l’admirer, lui. Il n’avait rien fait pour eux, pas comme Hermione qui avait crée une association pour les aider, ou Ron qui avait pensé à les sauver pendant la Bataille. Bien sûr, il les respectait et trouvait que leurs conditions de travail étaient horribles, mais tout de même…
– Harry Potter ! C’est un honneur de vous avoir dans notre cuisine ! lança un elfe par dessus le vacarme.
– Euh…merci, dit simplement Harry.
Des plateaux chargés de nourriture apparaissaient, portés par des elfes qui essayaient de se frayer un chemin, en vain.
– Monsieur, laissez-moi vous faire goûter cette délicieuse pâtisserie !
– Et ce ragoût que nous venons juste de terminer ! Absolument délicieux !
– Excusez-moi, lança Harry.
Personne ne l’entendit, et ils braillèrent de plus belle.
– EXCUSEZ-MOI ! cria-t-il pour couvrir le bruit.
Tout le monde se tut, figés sur place, leurs grands yeux globuleux braqués sur lui. Il se rendit soudain compte du nombre d’elfes présents dans la pièce. Et ils étaient très nombreux.
– Messieurs, Mesdames les elfes, croassa Kreattur, un grand sourire aux lèvres. J’ai amené Harry Potter ici, car il regrette certaines de ses actions, et pense qu’il aurait pu faire mieux. Bref, il a des remords. Je voulais lui montrer qu’il ne devrait pas.
Le silence dura encore, et épaississait. Certains elfes se jetaient des coups d’œil silencieux, d’autres fronçaient les sourcils.
– Eh bien en effet, dit Harry qui se sentit obligé de parler. Je… je suis sûr que j’aurais pu sauver plus de personne, éviter des morts, et même vous donner de meilleurs conditions de vie.
Soudain, tous les elfes éclatèrent de rire. Harry jeta un rapide coup d’œil à Kreattur, qui les contemplait en souriant, comme si c’était la chose la plus normale du monde.
– Qu’est-ce que…
– Harry Potter, Monsieur ?
Harry sursauta en entendant cette expression qui lui était très familière. Non, ce n’était pas possible. Dobby était mort, il l’avait vu de ses propres yeux, creusé sa tombe de ses propres mains. Pourtant, pendant un instant il avait cru…
Il chassa cette pensée de son esprit, et se retourna pour voir qui l’avait interpellé.
Une jeune elfe avec deux tresses lui tirait le pantalon. Elle était plus petite que ses congénères, et paraissait plus jeune qu’eux également. Elle avait de grands yeux marrons.
Lorsqu’il baissa les yeux sur elle, l’elfe sourit.
– J’aimerais vous montrer quelque chose.
Il la suivit, intrigué. Elle le conduisit à travers la cuisine, les autres elfes s’écartant sur leur passage dans des murmures. Enfin, elle s’arrêta devant un mur, près de la cheminée. Une plaque en or était accrochée à ce mur. Elle encadrait un simple mot :
Dobby est un elfe libre
Harry sentit une bouffée de gratitude enfler en lui.
– Il est devenu notre mentor, notre idole, expliqua la jeune elfe. Il se battait pour le bien, et avait ce rêve un peu fou de devenir libre… Et il a réussit à l’atteindre. C’est en partie pour lui que nous nous sommes battus pendant la Bataille. Malheureusement, nous nous sommes aperçus de tout cela un peu trop tard…
Harry regarda la jeune elfe, puis tous les autres qui s’étaient agglutinés derrière eux et les contemplaient. Dobby n’avait pas été très bien accueilli dans les cuisines, à cause de ses idées de liberté, et parce-qu’il était payé pour son travail, ce que les autres elfes ne pouvaient concevoir. Le voir ainsi considéré comme en héros… Il n’avait pas de mots.
– Tout cela est en partie grâce à vous, continua la jeune elfe. C’est vous qui avait libéré Dobby, vous qui l’avait considéré comme un ami, presque comme un humain… Vous avez toujours soutenu ses idées, et lui avait insufflé cette motivation de se battre contre les Forces du Mal.
Harry sentit une boule se former dans sa gorge. C’est vrai qu’il avait fait tout cela.
– Vous voyez, vos actions ne sont pas forcément mauvaises, et vous ne savez pas toujours ce qui en découlent. Ne regrettez jamais ce que vous avez fait. Il ne faut pas vivre dans le regret, sinon on se perd dans le passé. Pensez plutôt à ce que vous avez accomplit, et dîtes-vous que de toute manière, vous avez fait tout ce que vous pouviez.
Le silence qui suivit ce discours fut très long. Puis Kreattur prit la parole d’une voix rauque.
– Hmm. Merci pour ce très beau discours …. .
Tout le monde se mit à applaudir. Lentement d’abord, puis avec de plus en plus de force. Des « Hourras ! » fusaient de partout, ainsi que des sifflements.
Harry se retourna. Tous les elfes avaient les larmes aux yeux, certains pleuraient, d’autres se tombaient dans les bras. L’heure était à l’effusion. Il essuya discrètement ses yeux à l’aide de sa manche, et fit un sourire rayonnant à l’elfe, qui le lui rendit.
– Je… merci beaucoup, dit Harry. Merci de m’ouvrir les yeux, et surtout, merci pour ce que vous avez fait pour Dobby… il aurait été très fier, j’en suis certain.
– Vous en avez fait beaucoup pour nous également Harry Potter ! lança un elfe dans la foule, applaudit par les autres.
Après quelques minutes, Kreattur cria :
– Bien, je crois qu’il est temps de partir !
Harry sortit, en serrant les mains d’elfes qui se tendaient sur son passage, puis le portrait représentant un panier de fruits se referma, en emportant avec lui les bruits de vaisselles, et de cri.
Harry et Kreattur marchèrent silencieusement dans les couloirs de château. Seul le bruit de leur pas venait briser le silence qui s’était installé autour d’eux. Ils entendaient les bruits de conversations venant de l’étage de la Grande Salle, mais ils semblaient loin, très loin d’eux.
Harry réfléchissait à tout ce qu’il venait de vivre. Ses regrets s’étaient un peu estompés grâce aux elfes. Ils l’avaient fait réfléchir sur certaines choses, et ouvrir les yeux sur d’autres. C’est vrai, il s’était toujours dit qu’il aurait pu mieux faire, mais l’aurait-il vraiment pu ? Il avait toujours fait ce qu’il pouvait : lors de la mort de Sirius, il avait voulu le sauver ; lors de la Bataille, il s’était sacrifié pour empêcher ses amis et même des inconnus de mourir pour lui ; lors de la mort de Cédric, il avait voulu être fair-play ; et lors de la mort de Dumbledore, il n’avait malheureusement rien pu faire…
Si il voulait changer tous ces évènements, il n’y parviendrait pas. Il avait fait ce qu’il lui semblait le meilleur sur le moment.
– Cette surprise vous a donné à réfléchir Monsieur, n’est-ce pas ? demanda Kreattur en brisant le silence.
Harry se tourna lentement vers lui. Il l’observait avec un sourire aux lèvres.
– Oui, dit-il en souriant à son tour. En effet.
Pour la première fois depuis quelques jours, le poids qui lui pesait sur la poitrine lui sembla plus léger que d’ordinaire, et son cœur lui sembla moins douloureux.
Pour la première fois depuis ce qui lui semblait être une éternité, il se sentait bien.
Bon à la base, je ne suis pas fan des fanfictions. Mais là, on sent que tu connais bien ton sujet. C’est bien écrit et tu arrives tout de suite à nous immerger dans cet univers. Peut-être l’as tu déjà prévu, mais ce serait bien d’insérer un peu de diversité (raciale, sexuelle, …). Certes sans que ce soit le centre de l’histoire car Harry Potter doit rester fantastique, magique et héroïque, mais y mettre quelques touches par çi, par là, ce ne serait pas du luxe pour cette œuvre…