Cela fait des mois que je ne suis pas sortie de chez moi. Mes amies continuent de prendre la peine de m’écrire et de me proposer des sorties. Mais je sens que mes refus constants commencent à les lasser.
Ma dépression a commencé après le décès brutal de mes parents. Un jour de pluie en rentrant de leurs courses, un poids lourd les emporta sur son passage. Mes parents ne sont pas les seules victimes de cet accident. Il y en a d’autres. Au total, elles sont six. Trois blessés graves et trois morts. Ils étaient tous parents. Et comme mon père et ma mère, ils ont laissé des enfants. Seuls.
Alors oui j’ai bien de la famille qu’il me reste, un grand-père et une grand-mère. Mais ce n’est pas pareil, et heureusement je ne suis pas obligé de vivre avec eux.
J’ai eu 26 ans un peu avant l’accident, j’ai un boulot de bibliothécaire au sein de la médiathèque de ma petite ville. Ce n’est pas le boulot le plus passionnant. Mais les jours de pluie, avant, j’ouvrai un livre et je vivais une nouvelle aventure.
Maintenant les livres je ne les ouvre plus. Je ne me lève plus le matin pour me rendre au boulot. Je ne prends plus la peine de répondre aux appels ni aux messages de mes proches. Je suis vide.
Mais aujourd’hui, c’est différent, en me levant ce matin j’ai comme eu un éclair de lucidité. Je me suis dit merde, Eliya, tes parents, n’aurai pas voulu ça. Ils auraient voulu que tu vives pour eux. Que tu savoures toutes les facettes de la vie. Que tu vives toutes les émotions, même si leurs morts étaient l’émotion la plus dure à gérer. Ça ne passera jamais. Ça sera toujours là, présent, ancré en toi. Mais avance.
Et comme si mes amies avaient pressenti ce qui allait se passer, je reçois une notification dans notre conversation de groupe.
Candice : Salut, Eliya, on aimerait vraiment te voir avec les filles, que dirais-tu de faire un restau ce soir ? Promis on ne rentre pas tard. C’est juste histoire de te voir. Qu’on passe un moment toutes ensemble.
Laury : Oui Eliya, ça nous ferait tellement plaisir s’il te plaît viens ce soir.
Lyne : On ira dans un endroit pas trop loin de chez toi, on viendra te chercher et l’on te ramènera. Viens…
Eliya : OK, on se rejoint où et à quelle heure ?
J’imagine la surprise de mes amies, quand elles vont lire ma réponse. Moi qui d’ordinaire ne réponds pas.
Candice : Euh… Waouh, si je m’attendais à une réponse. Qui plus est positive… Et bien si ça convient à tout le monde on se rejoint à 20 h Au petit Pachira.
Lyne : C’est parfait pour moi, je suis contente que tu viennes, Eliya.
Laury : Parfait pour moi aussi, tu veux qu’on te récupère Eliya ?
Eliya : Super c’est bon pour moi aussi du coup. Non, c’est gentil je vais venir à pied, je n’ai pas pris l’air depuis longtemps. Je vous dis à ce soir du coup.
Je regarde l’heure, 10 h 34, super ! La journée s’annonce aussi longue que toutes les autres. Je décide de ranger ce taudis qui me sert de maison. Je fais une machine, passe l’aspirateur et la serpillière. Une fois, tout remis en place je décide d’aller prendre un bain.
Une fois dans mon bain je lance une playlist au hasard sur YouTube. De préférence une playlist avec aucune parole. Je ne supporte plus de les entendre parler, de se plaindre d’un
amour qui n’existe pas. D’une histoire avec la personne parfaite. Je ne crois plus à toutes ces conneries. Je ferme les yeux.
« - Eliya, on sort faire des courses avec ton père, on risque d’en avoir pour un moment il pleut. Je pense qu’il va y avoir du monde sur la route. Alors, ne t’inquiète pas. On fait au plus vite.
— OK, tu peux me prendre un livre ? N’importe lequel, celui qui t’inspire le plus.
À chaque fois qu’ils vont faire les courses, je demande à ma mère de me rapporter un nouveau livre. Je veux qu’elle se fie à la couverture. Et moi je creuse pour savoir si ça en valait la peine.
Les heures passent et toujours pas de nouvelle de mes parents, je tente de les joindre sur leurs téléphones portables, mais ce n’est ni mon père ni ma mère qui me répond.
— Allo ? Allo ?!
J’entends de l’agitation autour de la personne qui a décroché, je n’arrive pas à comprendre ce qu’il se passe.
— Oui allo mademoiselle ?
— Oui qui êtes-vous ? Pourquoi répondez-vous au téléphone de mes parents ?
— Ah vos parents, écoutez, mademoiselle, je suis l’agent de police Weber, mademoiselle, il va me falloir votre adresse, je ne veux pas vous bousculer ni vous choquer. Je vais vous envoyer un agent pour venir vous récupérer.
— Mais que se passe-t-il dite le moi !
— Vos parents ont eu un accident de voiture sur l’autoroute. »
Je me réveil en sursaut. Un de plus.
Un très beau texte, on ne sait plus si le rendez-vous au restaurant a vraiment existé. Un cauchemar qui ressemble au purgatoire.
C’est fort en image et en émotion on ressent le deuil au travers de ton récit, c’est propre ! A toute ^^
Je te lis enfin ! Et qu’elle bonne surprise. Pour un début, tu abordes bien le sujet délicat qu’est le deuil. On se met facilement à la place de l’héroïne, le style d’écriture un peu nonchalant correspond totalement à l’atmosphère, bon travail. Ton héroïne a l’air très touchante et courage, on a envie de débarquer pour lui faire un câlin
Bonne continuation !
Bon normal, je commence par le début. C’est bien écrit, phrases courtes, efficaces, ce qui donne du rythme au récit. Histoire très actuelle. J’aime beaucoup les romans à la première personne (j’en écris un actuellement que je vous ferais peut-être partagé). En tout cas, je vais m’atteler à lire la suite.
Triste mais prenant et bien écrit. On a hâte de savoir comment ton héroïne va se reconstruire.
Je commence la lecture (en fait, avant de commenter, je me suis assuré de lire les dix premiers chapitres).
Le premier chapitre a ce qu’il faut : Le désir de s’affranchir du traumatisme et la peur de rester dans « le vide » ou peut-être de ne pas faire la volonté de ses parents. Enfin, tout ça pour dire que le personnage colle bien et qu’il est intéressant. Bonne mise en situation. Texte court, bon rythme. Intéressant.
Section pinaille :
– Trois fois le mot « boulot » à partir du quatrième paragraphe 🙂
Merci pour ce commentaire. Il y a beaucoup de répétition de certain mots effectivement c’est quelque chose quenje vais être amené à corriger en plus de toutes les fautes encore présentes. Ça prendra du temps mais petit à petit j’y arriverai.
Merci à toi.