Mon ami, j’aimerais d’abord te remercier,
De ne pas m’avoir abandonné,
De m’avoir longtemps suivi, d’avoir lutté à mes côtés,
Et, même si tu le fis parfois très mal, d’avoir assumé notre amitié.
Tu fus un vrai camarade, un vrai soutien,
Même au fond du gouffre, nous nous sommes tenus fermement la main,
On luttait pour nos droits, on luttait pour se tenir droits.
Malgré nos opinions qui divergeaient fréquemment, hélas pour toi, et lasse pour moi.
Et malgré tout ce qui peut bien se passer,
Nous regarderons toujours vers demain,
Sans crainte, les yeux rivés vers ce qui est sur le point d’arriver,
Nous resterons béats devant ce beau matin.
Le soleil sera toujours haut dans le ciel,
Les nuits resteront longues, les plaines seront couvertes d’une odeur de miel.
Nous boirons un verre de vin entourée d’une belle compagnie, dans le bar,
Et nous nous délasserons au soleil, de longues heures durant, comme des gros lézards.
Mais le ciel s’obscurcit, les nuits s’enfoncent,
Les oiseaux pleurent, tandis que le soleil tombe dans les ronces:
Cela fait mal, et pleurent les Terriens,
Et pleurent, les Extraterriens.
La nuit s’introduisait gaiement en nos esprits affaiblis,
Nous contemplions les lumières de cette petite ville sans soucis.
Pœuray, nous fûmes de joyeux lurons, nous prîmes le temps de vivre notre jeunesse,
Sans peur, la tête droite, loin de toute détresse…
Nous gardions la tête haute…Alors pourquoi m’avoir trahi ?
Pourquoi s’être marié à cette folle, funeste, tragique, douloureuse harpie ?
Du jour au lendemain, plus une seule sortie au bar, plus un seul tour citadin
Plus de joie, plus de sourire, il ne resta plus rien,
Plus rien d’autre que des cendres éternelles, des débris de souvenirs.
Notre amitié n’était plus, voilà tout !
Et je sais que tu sais que je sais que tu sais,
Que je sais que tu sais que je sais que tu sais, pourtant
Que je sais que tu penses encore à moi, sporadiquement.
Rien ne peut remplacer vingt années de rires et de chansons,
Pas même quarante ans de prison.
Je te souhaite une bonne libération, mon ami de soixante ans !
Et sache que je te ne t’oublierais jamais, que la porte te sera toujours ouverte,
Que rien ne pourrait plus me combler que de te savoir bien-portant,
Que je te souhaite le meilleur, je penserais toujours à toi, même une fois trois pieds sous les pâquerettes.
Très jolie poème
C’est tellement magnifique…