Les Démons reviennent, partie 2.
TORI
— Tu le sais, les Démons ont toujours vécu à Rowenam. C’est un royaume caché, où même le Conseil ne peut s’y aventurer. Ce royaume est dirigé par un roi : Esther. Les Démons et ceux qui le craignent l’appellent « Le Sauveur ». Il règne sur Rowenam depuis quatre siècles et n’accepte aucune créature qui ne serait pas un Démon à fouler sa terre. C’est un dictateur, loin d’être aussi bienveillant que les Rohans d’Amérique du Nord. Il est impétueux, tue n’importe qui sur son chemin sans aucune pitié et ne laisse personne sortir de Rowenam, ceux qui luttent meurent dans d’atroces souffrances. Jamais personne n’est sorti de là vivant et pourtant, il est dit que des Démons courent les rues et enlèvent les Surnaturels.
Je pouvais voir la fureur que mon professeur avait pour le roi des Démons, ces flammes qui naissaient dans ses yeux noirs lorsqu’il racontait qu’Esther amenait l’enfer sur terre, et Jack y avait goûté. J’en étais sûr.
— Vous pensez qu’ils ont réussi à s’échapper par eux même ? Demandais-je, pendue à ses lèvres.
Jack plissa ses lèvres fines en secouant négativement la tête.
— Non, Tori. Je pense qu’Esther les a envoyés pour nous rappeler de leur existence et de leur puissance. Il est troublé, ou apeuré, je ne sais pas si cet homme peut avoir peur, mais dans tous les cas, il a envoyé ses meilleurs soldats pour chercher quelque chose ici-bas, ou peut être quelqu’un. Je suis sûr d’une chose, c’est que cela implique le renouvellement d’une guerre qui a débuté, il y a des siècles de cela.
— La Nuit Neuve.
Je me dirigeais dans ma chambre en traînant des pieds. Ce que m’avait dit Jack m’occupait l’esprit plus que la normale. Esther cherchait quelque chose ou quelqu’un, Clarisse était sûrement celle qu’il avait nommée pour retrouver cette « chose ». Une sorte de chef des armées. Alors pourquoi enlever des Surnaturels ? Ces personnes ont-elles un point commun ?
J’étais tellement perdue dans mes pensées que je ne vis pas Gab devant ma chambre.
— Tori ! Je te cherchais.
Un grand sourire naquit sur mes lèvres à la vue du Loup et mes pensées furent balayées en un souffle. Il avait ce pouvoir sur moi.
— Ça tombe bien, je suis là.
Gabriel lâcha un petit rire avant de se passer la main dans ses cheveux blonds. Je fronçais les sourcils devant sa gêne, il semblait mal à l’aise.
— Ça va Gab ? Ne puis-je m’empêcher de demander.
— Oui ! Oui, ne t’en fais pas, juste, je me demandais si… Enfin, si tu veux bien sûr… Qu’on aille manger. Un soir. Quelque part. J’ai un droit de sortie.
Il était adorable, c’était la première fois que je le voyais aussi rougissant et hésitant.
— J’adorerai.
Ma réponse fut comme une libération pour lui et il se détendit instantanément.
— Super ! Alors on se dit le week-end prochain ! Rendez-vous dans le hall et on ira en ville. Super.
Je me mis à rire devant son entrain, il s’approcha de moi et me fit un baiser sur le front puis disparu au détour d’un couloir et moi, je souriais comme une idiote.
— Mon cours n’est pas une séance pour défouler vos nerfs sur vos camarades, je ne veux aucun blessé et aucune égratignure. L’art de la défense est de pouvoir mettre un attaquant hors d’état de nuire sans faire aucun bleu.
Chaim Jin était notre Maître d’art du combat. Cependant, en premier année, seule la défense était instruite aux élèves. Monsieur Jin était un homme grand et très fin, stricte sur ses méthodes, mais attentif et patient avec ses élèves. C’était un bon professeur.
— Vous ne pensez pas qu’il est plus prudent de savoir attaquer, leva la main un élève et je reconnus un sorcier de ma classe. Je veux dire, reprit-il sous le silence de la salle, si l’on attaque un ennemi au lieu de simplement se défendre, on a plus de chance d’être supérieure et de gagner.
Monsieur Jin renifla et se mit à sourire, mais son sourire n’atteignait pas ses yeux.
— Mon cher, sache qu’être supérieure, bien que ça soit un terme que je trouve biaisée dans la façon dont il est utilisé, ne signifie pas faire le plus de mal dans un combat. Être supérieur est un état d’esprit : il faut être le plus rusé, le plus rapide, le plus entraîné, le plus loyal… Tu peux très bien perdre contre une fillette si elle connaît tes points vitaux alors que tu n’as que ton petit couteau pour lui faire des entailles. Compte en plus de cela : sa rapidité due à sa petite taille, son coup d’avance si tu la sous-estimes, et sa connaissance dans la défense au corps-à-corps que je vous enseigne. En soit, tu es à terre et battu par une fillette. Alors non, ce n’est pas plus prudent.
Des ricanements s’élevèrent dans la salle tandis que le Sorcier se ratatina sur lui-même, il venait de se faire moucher par monsieur Jin qui arborait un petit sourire fier.
— Un peu de silence et au travail, maintenant.
Après le cours de monsieur Jin, je me rendis dans la salle Principale avec un livre qui retraçait les Psychics les plus puissants de l’ancien millénaire. Alors que je m’abreuvais de ma lecture, un certain Psychic vint me déranger.
— Voyons Tori, tu sais que tu peux me voir si tu veux des conseils, se vanta-t-il en lisant le titre du livre que j’avais entre les mains.
Je ricanais faussement sans quitter la page des yeux.
— La plupart de ses Psychics sont des meurtriers, ça ne m’étonnerai pas de voir ton nom en lettres capitales sur ces pages, marmonnais-je.
— Ce sont des Assassins, nuance.
Je fermais mon livre brutalement, agacée. Basil haussa des sourcils, le sourire rieur sur sa belle gueule.
— Qu’est-ce que tu racontes ? C’est un synonyme.
— Assassin est une profession.
Je fronçais les sourcils, muette. Il développa :
— Il y a une école qui forme des Assassins, ce sont des incroyables combattants, des tueurs à gages, engagés par les Conseillers pour traquer les Démons et les Surnaturels qui ne respectent pas les lois du Conseil. Enfin, dans les grandes lignes, mais la plupart des Assassins sont engagés par des particuliers qui demandent la mort de leurs rivaux ou de personnes qui les dérangent. Si tu es sur la liste d’un Assassin, tu as déjà un pied dans la tombe.
— C’est horrible, dis-je stupéfaite.
Basil haussa des épaules, comme pour dire que rien n’allait changer de toute manière.
— Et les Rohans dans cette histoire ? Demandais-je.
— Ils n’ont pas vraiment leur mot à dire, même si Enki tente de diminuer leur nombre au Canada, le Conseil est au-dessus de lui.
Enki Bailey, le Rohan du Canada était jeunes, mais était très apprécié de ses habitants. Madalena avait même organisé une sortie scolaire à Québec pour visiter le lieu où toutes les décisions se prenait, j’avais hâte de rencontrer le fameux Rohan aimé de tous, mais autant détesté par le Conseil.
J’ai hâte aussi!
Ah Basil ! Qu’est ce que j’l’aime !