Eliya
On avait passé une soirée fantastique. Sans prise de tête, sans penser à ce que serait demain, sans parler du procès. Aucune ombre n’est venue se mettre au-dessus de nos têtes.
Ce n’est qu’au moment de rentrer que tout nous a pété à la figure. On avait décidé de prolonger la soirée, et d’aller chez Alex, on était tous là. Antoine, Julien, Johane, Maria, et même Kim avaient accepté de venir avec nous. On était juste bien.
Ce n’est qu’une fois arrivé en bas de l’immeuble d’Axel, que je l’ai vu la première. Il était là, bourré, à tituber. J’ai automatiquement attrapé la main d’Antoine. Il a tourné la tête vers moi, et son sourire s’est effacé de son visage. Il a regardé dans la même direction que moi.
— Putain l’enfoiré.
Les autres se sont stoppés, Kim et Axel nous regardant avec étonnement. Et les autres ont compris. Ils l’ont vu à leurs tours et tout est allé très vite. Trop vite.
Maria a poussé un cri paniqué en le voyant, Johane s’est accrochée à elle. Et Antoine a lâché ma main et a couru vers lui.
— ANTOINE NON !
Je criais de toutes mes forces, mais rien n’y changeait, il a poussé monsieur Collins contre le mur.
Axel comprit en me voyant courir vers eux.
— ANTOINE !
Julien été retenu par Kim. Il avait l’air d’avoir plus de force qu’il en avait l’air.
Axel arriva à notre niveau, essayant d’attraper Antoine par les épaules, mais il le repoussa.
— Antoine s’il te plaît, lui dis-je !
— Je vais le tuer, Eliya c’est le bon moment. Il tenait monsieur Collins par le col de sa veste, tout en le plaquant contre le mur.
— Non Antoine, je t’en prie, pense à nous, pense à moi.
Axel retenta de les séparer, et Antoine me regarda, je ne pouvais retenir les larmes qui coulaient le long de mes joues.
— Je t’en prie, lui répétais-je, pense à nous.
Il regarda derrière nous, Maria était agenouillée, en larmes elle aussi. Johane avait un bras autour d’elle, essayant de la consoler du mieux qu’elle le pouvait. Julien s’était calmé, il devait se rendre compte qu’il ne pouvait pas venir rajouter de l’huile sur le feu.
— Allez, Antoine lâche le, le procès est jeudi, il aura ce qu’il mérite, lui dit Axel.
Antoine le relâcha et recula de quelque pas. Je me mis devant lui, pour l’inciter à reculer davantage, Axel derrière moi. Et c’est là que tout dérapa.
— Vous êtes vraiment, une bande de sale gosse, lâche, dommage que je n’en ai pas tués plus !
Je n’ai pas eu le temps de le retenir, ni moi ni Axel n’avons eu le temps, Antoine m’avait poussé et il s’était jeté sur monsieur Collins, il le rouait de coups. Je ne le l’avais jamais vu comme ça. Il ne le lâchait pas. Il ne s’arrêtait pas, j’ai même cru à un moment qu’il allait le tuer. Axel a eu besoin de l’aide de Julien et de Kim pour les séparer.
La police est arrivée très vite, sûrement un voisin, apeuré qui a dû les prévenir.
— Qu’est-ce qui se passe ici ?
Les deux officiers ont réussi à calmer tout le monde en menottant Antoine et Axel. Monsieur Collins gisait sur le sol, ils ont appelé une ambulance qui est arrivée très vite.
On était tous assis en ligne sur le trottoir. Les secours ont pris en charge Collins, et l’officier s’est retourné vers nous.
— Vous allez devoir tous nous suivre au poste ! Et pourquoi je ne suis pas étonné de vous voir ici tous les deux ?
Il faisait référence à Axel et Kim en les regardant chacun leurs tours.
Kim se leva du trottoir et s’approcha de lui.
— Oh ! Mais, officier Esposito, disait-elle en roucoulant, vous savez qu’une soirée sans vous voir, rend ma vie triste.
— Arrête Kim !
— Écoutez-moi, ces jeunes gens et moi n’avons rien fait, je peux tout vous expliquer.
— De toute manière, vous expliquerez tout ça au poste. On vous embarque tous.
Une fois arrivés au poste, ils nous ont tous mis dans la même cellule. Le commissariat était petit et je ne pense pas qu’il y en avait assez pour qu’on en ait des individuelles.
— On va appeler l’hôpital, pour voir comment se porte la victime, et on reviendra vous chercher un part un pour écouter votre fabuleuse histoire.
L’officier nous laissa seul, et Antoine qui n’avait rien dit du trajet se leva et nous fit face.
— Je suis désolé. J’ai pété les plombs, mais de le voir la… J’ai vu rouge. Désolé de gâcher le reste de la soirée.
— Tu ne gâches rien j’aurai fait pareil, lui répondit Julien.
— Dites, mes petits choux, je peux savoir pourquoi vous avez tabassé ce gros porc, nous demanda Kim.
Johane prit alors la parole.
— C’est l’homme responsable de notre accident, à tous les cinq. Julien, Antoine et moi, sommes les victimes vivantes. Les parents d’Eliya, et la mère de Maria sont morts dans cet accident.
— Oh mes pauvres petits choux à la crème ! Je comprends votre réaction, on aurait tous réagi comme ça à votre place.
Elle s’assit près de Maria, qui n’avait pas cessé de pleurer depuis qu’elle l’avait vu. Elle lui caressa les cheveux, et Maria se blottit dans ses bras.
— Chuut, ma beauté, tout va s’arranger ne t’en fais pas !
Quelques minutes après, l’officier Esposito était devant nous à nouveau.
— Alors qui veut commencer ?
Je me suis automatiquement levé. Il a ouvert la cellule, m’a pris pas le bras et nous sommes allé dans son bureau.
— Bien, asseyez-vous, je vous prie. Je vais prendre votre déposition. Vous allez commencer par me donner votre nom, prénom, âge, adresse et vous me raconterez votre soirée. Je vous écoute.
Je m’éclaircis la voix.
— Je m’appelle Eliya Ropi, j’ai 26 ans et j’habite au 13 rue des dunes à Orthez.
Je fis une pause le temps qu’il note toutes les informations et je repris quand il releva la tête de son clavier.
— Mes amis et moi avions décidé de nous rendre dans un bar ce soir, vous devez sans doute le connaître, c’est le bar ou Kim travaille. Quand le bar a fermé ses portes, on a décidé de tous se rendre chez Axel Pinguant. Une fois arrivé en bas de son immeuble, c’est moi qui ai vu en premier, monsieur Collins.
— Donc vous connaissiez la victime ?
— Oui. Pas vous ?
— C’est moi qui pose les questions ici, mademoiselle. Reprenez.
— Axel, et Kim étaient les seuls, à ne pas connaître monsieur Collins. Les autres et moi-même le connaissons, car il est l’auteur de l’accident qui nous lie tous.
L’officier arrêta de taper sur son clavier et releva la tête vers moi. C’est à ce moment que j’ai vu dans ses yeux qu’il avait compris.
— N’importe lequel de nous cinq, rêve de le voir mort officier.
Il me regardait fixement.
— Poursuivez, s’il vous plaît.
— Comme je vous l’ai dit, c’est moi qui l’ai vu en premier, Antoine l’a vu en second. Et quand il l’a reconnu, il a couru pour se jeter sur lui. Maria et Johane pleuraient. Et Kim retenait Julien. Axel et moi-même avons couru jusqu’à eux pour les séparer. Et on a réussi. Jusqu’à ce que monsieur Collins, nous dise mots pour mots « Vous êtes vraiment, une bande de sale gosse, lâche, dommage que je n’en ai pas tués plus ! » Vous savez tout.
— Et c’est largement suffisant.
Il se leva, ouvrit la porte de son bureau.
— Jacques, tu m’amènes le prochain à interroger, s’il te plaît.
Il se retourna vers moi.
— J’en ai fini, avec vous, je suis obligé de vous garder jusqu’à ce qu’on ait tous les éléments.
— Très bien lui dis-je.
Son collègue arrivait dans le couloir, avec Antoine. Et l’officier se pencha vers moi et me chuchota.
— J’aurai eu les mêmes réactions que vous.
J’ai croisé Antoine en sortant du bureau, et j’ai senti ses doigts glisser le long des miens. J’ai relevé la tête vers lui. Son regard était dur.
Le collègue de l’officier m’attrapa par le bras et me raccompagna dans notre cellule.
comment ça fout la haiiiine raaaaah
Il fallait bien que ça arrive.
Aucun remord, j’espère que ses paroles vont aggraver sa peine.
Y’a de la tension dans l’air ! C’est explosif !