Et ma bite, tu l’aimes ma bite ? Chapitre 1.3

4 mins

– Je vois, acquiesce Véronique. Vous m’en parliez déjà il y a deux semaines si ma mémoire est bonne. Qu’est-ce qui vous a fait sauter le pas ?

– J’ai réalisé que cette histoire n’a pas d’avenir pour moi. On parle quand même d’un mec avec qui ma dernière discussion a tourné autour de la taille de son sexe : “mais tu trouves pas, ma chérie, qu’elle est plus grande ma bite depuis qu’on est ensemble hein, tu trouves pas ?”

Véronique sourit malgré elle en écoutant son imitation de celui qu’elle suppose être Jérémy et se retient d’éclater de rire.  

– Non mais sérieux ! Jérémy n’a rien de celui que j’attendais lorsque j’ai demandé à l’Univers de m’envoyer la bonne personne. Soit l’Univers est con comme un pied de chaise, soit je me suis mal expliqué… allez savoir !

La thérapeute se fait l’avocat du diable :

– Vous disiez de lui qu’il était l’homme de votre vie…

– J’ai dit ça, moi ? demande alors la jeune femme, surprise et confuse.

– Oui Gwen, vous l’avez dit, confirme-elle calmement.

Gwendoline ne se rappelle du tout avoir utilisé ses mots mais a toute confiance en Véronique qui ne s’est jamais trompée lorsqu’elle reprend ses propos. La jeune femme avait de toute évidence fantasmé au-delà du raisonnable. La chute n’en est que plus rude.

– Et bien, je dois me rendre à l’évidence : il ne l’était pas du tout ! reprend-elle déterminée.

– Peut-être que Jérémy était la bonne personne d’un autre point de vue…

– Je suis d’accord avec vous, même si cela me fait mal au cul de l’avouer.

Véronique a l’habitude de son langage fleuri. Mais elle ne dit rien, acceptant que la jeune femme déverse sa verve libératrice.

– Vous avez raison. Cette histoire avec Jérémy m’a vraiment ouvert les yeux, reprend-elle. J’avais besoin de cela pour avancer et grandir. En étant tout à fait honnête avec moi-même, je reconnais que ces quelques mois avec lui m’ont permis de faire un bond quantique phénoménale et m’ont permis de réaliser ce que je ne voyais pas très bien jusqu’alors…

– A quoi pensez-vous en disant cela ?

– Que je suis une fille géniale, et je le dis avec humilité, sans arrogance ou prétention. Je crois vraiment que je mérite un mec bien mieux que lui. Je sais quelle personne de qualité je suis et ce que j’ai à offrir… Il est préférable de tout arrêter maintenant pour laisser de la place à une plus belle rencontre, à un homme digne de moi. Je dois vraiment apprendre à me montrer plus exigeante pour me protéger et préserver ma fille. Quelle déception d’y avoir mêler Emma. Je regrette à présent, j’aurais dû être plus patiente avant de les présenter l’un à l’autre.

– A ce moment-là, cela vous faisait plaisir. Je me souviens de ce repas pris tous les trois, la première fois qu’il est venu dormir chez vous alors que votre fille était là. Vous étiez si heureuse de vivre à nouveau ce genre de choses.

– C’est vrai, c’était merveilleux. Un vrai moment en famille comme je l’espérais. Un de mes rêves… Encore raté ! conclut-elle amère.

– Ne soyez pas trop dure avec vous-même, Gwen. Vous avez agi en pensant bien faire. Cela arrive à tout le monde de se tromper. C’est humain et vous êtes humaine…

– J’aurais dû écouter mon intuition… Elle a bien essayé plusieurs fois de me prévenir mais je n’ai pas voulu prêter attention aux indices que l’Univers m’envoyait, trop enthousiaste à l’idée d’avoir ENFIN fait la connaissance de quelqu’un avec qui s’opérait une alchimie presque magique. Nous étions si bien assortis ! J’avais vraiment cru avoir enfin trouvé celui avec qui je construirais une nouvelle famille. Je m’en veux davoir été si aveugle ! Malgré tous les signaux d’alerte, et ils ont été nombreux, croyez-moi, je n’ai pas voulu voir la réalité en face. J’ai mis trois mois et demi pour le comprendre. Si j’avais été plus intuitive et réceptive aux indices, cela aurait dû prendre trois jours. Mais j’avais tellement besoin d’y croire…

– Vous en aviez besoin… C’était important pour vous de vivre cette étape pour grandir encore… Vous dites qu’il y a eu de nombreux signaux d’alerte. A votre avis, pourquoi ne pas y avoir prêter attention ?

– J’avais peur.

– Peur de quoi ?

– J’avais peur d’être à nouveau célibataire et de revivre la même traversée du désert que celle que j’ai connue après mon divorce. L’idée d’être en couple me faisait du bien. Malgré tout, Jérémy m’apportait de la tendresse et de l’affection. J’ai préféré faire comme si tout allait bien et fermer les yeux sur ce qui ne fonctionnait pas pour continuer à vivre un peu mon rêve. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que je réagis comme cela.

– A quelle autre occasion avez-vous fermer les yeux sur ce qui vous déplaisait ?

– Oh… A de nombreuses reprises j’imagine… Mais ce qui me vient là tout de suite c’est cet épisode lorsque j’étais petite.

– Que s’est-il passé ?

– J’avais six ans, j’étais en CP… Après la tentative de suicide de ma mère, on m’a envoyé vivre chez mes grands-parents. J’allais à l’école du village la journée et le soir, je rentrais en car chez les parents de ma mère. Comme il n’y avait pas de place pour moi, on m’a fait dormir dans la chambre de mon oncle. Il avait une vingtaine d’années à l’époque. Et il dormait nu.

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