Du néant au frisson. Chapitre 44.

6 mins

Axel

L’attente commençait à être longue. J’avais l’impression que ça faisait des heures qu’Eliya se faisait interroger. Mais en fait, elle n’était partie que depuis quelques minutes seulement.

Maria ne pleurait plus. Elle avait la tête posée sur l’épaule de Kim et celui-ci la consolait en la berçant légèrement. En le regardant faire, je me disais que j’avais trouvé un ami. Un ami que j’avais déjà emmené dans une de mes galères. Je les regardais tous, et en vérité, c’était mes amis, même si on se connaissait très peu et que nos débuts avaient été difficiles, ils étaient ce qui se rapproche le plus « d’amis ».

Antoine vint se rasseoir à côté de moi.

— Tu penses que j’ai tout gâché, me dit-il.

— Pas du tout. J’aurai fait pareil, peux être même pire.

— Tu es sûr ?

— Certain, je l’aurai sûrement frappé d’entrée de jeu !

Il sourit à ma remarque.

— Tu sais au début je ne t’aimais pas, me dit-il.

— Moi non plus, si ça peut te rassurer.

— Je sais qu’on ne se connaît pas depuis longtemps, et que tout est compliqué entre nous, et elle. Mais tu es quelqu’un de bien. Et je ne suis pas le seul à le penser ici.

Je souris à mon tour.

— C’est bon à entendre. Vous êtes tous des gens bien. Et j’suis content de vous avoir tous trouvé.

Un officier s’approcha de la cellule.

— Qui veut être le prochain ?

J’allais me lever, quand Antoine posa sa main sur ma jambe pour m’en empêcher.

— Moi, répond Antoine à l’officier.

Celui-ci ouvrit la cellule, et Antoine se retourna vers moi.

— C’est juste au cas où, tu voudrais jouer les héros, laisse-moi assumer.

L’officier l’emmena.

Quelques instants après, Eliya refaisait son apparition.

— Alors comment ça s’est passé ? lui dis-je.

— Bien. Enfin, je pense.

— Il t’a demandé quoi ? lui demanda Julien.

— Il a commencé par me demander mon nom, mon prénom, âge, adresse et après de raconter le déroulement de la soirée. Je n’ai pas menti, j’ai dit tout ce qu’il s’était passé. Et surtout ce qu’il nous a dit.

Eliya se retourna, comme pour vérifier que personne du commissariat ne nous écoute. Puis elle s’approcha de nous et chuchota.

— Avant de me laisser partir avec son collègue, il m’a dit à l’oreille qu’il aurait eu la même réaction que nous.

On se regarda tous, et un petit sourire s’afficha sur tous les visages.

— Vous savez mes petits choux, l’officier d’Esposito est quelqu’un de bien.

— C’est vrai, il a été cool, la première fois que j’ai été arrêté.

— Tu es déjà venu ici ? me dit Maria.

— Oui, c’est d’ailleurs ici que j’ai rencontré Kim. Je lui fis un clin d’œil. Une super rencontre !

— Oh, mon petit chou, tu vas me faire rougir !

L’ambiance était plus détendue, comme ci les paroles, qu’Eliya nous avait rapporté avaient donné confiance à tout le monde.

L’officier est revenu et cette fois ce fut au tour de Maria de le rejoindre. Je tenais à savoir ce qu’Antoine leur avait dit.

— Alors ? lui dis-je.

— Ça a été, l’officier est plutôt cool.

Eliya s’approcha de lui et lui chuchota ce qu’elle nous avait dit quelques instants avant.

— Sérieux ? Il t’a vraiment dit ça ?

— Oui, il ne t’a fait aucun sous-entendu ?

— Aucun, il avait l’air plutôt compréhensif.

L’officier est revenu un peu plus rapidement cette fois-ci, et je me suis levé pour y aller.

— Non, pas toi. L’officier Esposito veut voir les autres, avant.

Je ne compris pas trop pourquoi, mais je me rassis, sans faire de commentaires. Je ne voulais pas aggraver notre situation.

Johane et Julien sont passés devant l’officier et ce fut enfin mon tour. J’ai croisé Kim devant l’entrée du bureau.

— Courage mon petit chou !

Je lui adressai un sourire et je suis entré dans le bureau. L’officier derrière moi.

— Bien monsieur Pinguant, asseyez-vous, je vous prie. On dirait que les problèmes vous poursuivent.

Je pris place sur le fauteuil face à lui.

— Vous connaissez la chanson, nom, prénom, âge, adresse…

— Vraiment ? Vous avez pourtant toutes ses informations.

— C’est la procédure, ne perdons pas plus de temps.

— Axel Pinguant 28 ans, 53 avenue de la gare Orthez.

— Bien, je vous écoute.

J’ai fait le récit de la soirée. Le même que tous les autres, j’ai expliqué notre sortie au bar, le fait qu’on voulait poursuivre notre soirée chez moi. Mais qu’une fois arrivé en bas de l’immeuble ce type était là. Que je n’ai pas tout compris du premier coup ! Qu’Antoine s’était jeté sur lui et que j’avais tenté de les séparer une première fois. Et que tout a dégénéré quand il a dit « ”Vous êtes vraiment, une bande de sale gosse, lâche, dommage que je n’en ai pas tués plus !”

— Hum, il semblerait que cette phrase soit vraiment le déclencheur de tout.

— Le déclencheur je ne sais pas, mais elle a relancé l’agression.

— Effectivement. Vous êtes tous d’accord sur ce point.

— Mais ?

L’officier leva les yeux de son ordinateur, pour me regarder fixement.

— Mais rien monsieur Pinguant.

Il se leva de son siège et me raccompagna dans le plus grand des silences jusqu’à la cellule. Il l’ouvrit me fit rentrer à l’intérieur. Il entra à son tour.

— Bien, ce qu’il s’est passé ce soir, est quelque chose de grave. Surtout avant un procès de cette envergure. Je ne vais pas vous garder en garde à vue. J’en sais assez pour dresser un premier bilan. Cependant, je plaiderai votre cause, face au procureur. Ça ne veut pas dire que vous êtes sortis d’affaire.

Il regarda Antoine à ce même moment.

— Mais compte tenu, de ce qu’il a dit et que j’ai sept personnes qui m’affirme la même chose, je ne pense pas que des charges soit retenue contre l’un de vous. De toute manière, nous devrons attendre que monsieur Collins se remette de cette altercation. En attendant, vous êtes tous libres.

Il nous raccompagna jusqu’à l’entrée du commissariat.

— Et plus de vague jusqu’au procès, qu’aucun de vous ne se fasse arrêter encore une fois, avant.

— Mon petit officier à la crème, vous savez que c’est quasiment impossible pour moi, lui dit Kim.

On rigola tous. Et on quitta le commissariat.

Johane et Julien décidèrent de nous laisser là, et de raccompagner Maria, qui était de loin la plus affectée de nous tous. Kim rentra, lui aussi. Il ne restait plus qu’Antoine, Eliya et moi sur le trottoir.

— Vous voulez venir à la maison ? leur dis-je.

— Non, je vais prendre un taxi est rentré, j’ai besoin d’une bonne douche et de dormir surtout, dit Eliya.

— D’accord, Antoine, une bière ?

Il accepta. On attendit le taxi d’Eliya avec elle.

— Je ne sais pas si c’est une bonne idée de vous laisser tous les deux… ensemble.

— Ne t’inquiète pas on sera sage.

Je refermai la porte de son taxi. Et on le regarda s’éloigner.

Antoine me suivit jusqu’à chez moi. Sans dire un mot. Je le laissais dans sa bulle, j’avais besoin d’être dans la mienne aussi.

Une fois dans mon appart, je lui tendis une bière et on se mit sur mon petit balcon, pour fumer.

— Merci, pour ce soir, me dit-il.

— Je n’ai pas fait grand-chose.

— Plus que tu ne le crois.

— Tu l’aurais sûrement tué.

— C’est ce que je compte faire.

Il se retourna vers moi.

— Comment ça ?

— Je vais le tuer, Axel. Et j’aurai besoin de toi.

— Antoine… Je ne crois pas que…

Il m’interrompit.

— Je ne vais pas te demander de m’aider à le tuer. Tu vas devoir m’aider, pour qu’Eliya m’oublie après ça.

— Je ne comprends pas ce que tu veux dire.

— J’ai bien vu comment elle te regardait ce soir, elle cherchait ton aide plus que celle des autres.

— C’est normal, c’était pour toi. Et ne te fais pas d’idée. Elle nous regarde de la même manière.

— Tu penses ?

— Oui, et je pense aussi, que tu devrais te sortir cette idée de la tête. Attends le procès.

— Et si, ils ne le condamnaient pas ?

— Si c’est le cas, alors on fera tout pour qu’il paye.

— Tu as les mêmes mots qu’elle.

— Ça ne m’étonne pas. Et je pense qu’elle ne voudra jamais t’oublier. Et je pense aussi que les autres plongeront avec toi pour le tuer. Tu n’es plus seul Antoine. On est tous là.

Mes paroles avaient l’air de lui faire du bien. Et dans le fond, je l’espérais vraiment. Il me faisait peur. Pas peur dans le sens ou j’avais peur d’être avec lui, peur parce que je savais qu’il ne plaisantait pas. J’avais déjà vu ce regard. Déterminé, vidé d’émotions. Je lisais la colère dans ses yeux.

Je le savais, parce qu’il n’y a pas si longtemps, j’avais le même regard.

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3 Commentaires
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bbbbbbb ccccccccccccc
bbbbbbb ccccccccccccc
2 années il y a

Toujours Kim, un peu comme le fou dans Shakespeare, j’adore ce personnage.
Un chapitre important sur bien des points de vue.
On en vient à craindre plus Antoine qu’Axel. Quelle histoire! Bravo!

Mc Hado Curly
2 années il y a

Des frissons me parcourent. Ton récit prend un tour dramatique avec cette fin qui n’augure rien de bon. Je suis pressée d en connaitre la suite

DeJavel O.
2 années il y a

Je dis comme Curly !

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