Du néant au frisson. Chapitre 50.

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Axel

Quand je l’ai entendu hurler, j’ai de suite compris, j’ai pris mon jogging et je l’ai enfilé en descendant les escaliers, Antoine et Julien sur mes talons. Johane et Maria sortaient à peine de leurs chambres quand j’ai ouvert celle d’Eliya. Elle agrippait ses draps, ses phalanges étaient toutes blanches. Elle avait les yeux fermés et hurlait. Un cri déchirant rempli de désespoir. J’avais l’impression qu’elle était possédée, son corps se soulevait. Des larmes ruisselaient le long de ses joues. Elle manquait d’air. 

Je me suis jeté sur elle, je tentais de la réveiller, je la secouais de toutes mes forces, je criais son prénom, mais j’avais plus de mal à la sortir de sa transe que les autres fois. 

J’ai tourné la tête vers Antoine qui était à l’entrée de la porte, il avait l’air horrifié. Et je le comprenais la première fois que j’ai vu Eliya dans cet état. J’ai eu peur. Peur qu’elle ne retrouve jamais le chemin, pour se réveiller. Et ce soir, j’avais à nouveau peur. Je la secouais encore, et encore jusqu’à ce qu’elle ouvre les yeux. 

Elle était assise sur son, lit, je lui tenais les bras, j’avais serré tellement fort que je voyais la trace de mes doigts, elle se passa les mains sur le visage pour se dégager les mèches de cheveux collées par la transpiration. 

— Quelqu’un peut aller lui chercher un verre d’eau ? demandais-je. 

Eliya tourna la tête vers les autres, son regard perdu. Elle se retourna vers moi et mes yeux se sont plantés dans les siens. 

— Ne t’inquiète pas, je suis là. On est tous là. C’était encore un cauchemar. Tu es en sécurité. 

J’essayais de trouver les mots justes pour la rassurer. Maria rentra dans la chambre un grand verre d’eau dans les mains. Elle avait la mine défaite, on aurait dit qu’elle avait vu un fantôme.

Les autres sont rentrés à leurs tours dans la chambre et se sont assis à côté d’elle. Johane la berçait dans ses bras. Et Julien, lui disait qu’ils passaient tous par là. Seul Antoine resta en retrait, toujours à l’entrée de la porte. 

Je sentais la colère grimper. J’avais du mal à comprendre ce mec. Il n’avait pas bougé d’un pouce. Voyant qu’Eliya était bien entourée, je me suis levé. J’ai poussé Antoine dans le couloir, on s’est éloigné de la chambre d’Eliya. 

— Tu comptais rester planté là comme un con ? 

Il baissa la tête. 

— Ne baisse pas la tête, REGARDE-MOI ! Putain Antoine, tu comptais rester les bras croiser ?! 

La colère me consumait, je ne pouvais plus la retenir. Une vague de chaleur envahit mon corps. J’avais envie de le frapper, je voulais qu’il réagisse. Mais il ne répondait rien. Alors je l’ai poussé contre le mur. 

— C’est comme ça que tu comptes t’occuper d’elle si elle te choisit ? C’est comme ça que tu vas prendre soin d’elle. 

Je bouillonnais. 

— Tu ne comprends pas, me dit-il. 

— Oh non ! Je comprends très bien. Je comprends que t’es un, putain de lâche ! 

Et c’est quand il releva les yeux vers moi, que je vis son regard, que je compris que j’avais trouvé les bons mots pour le sortir de son silence et de son calme. Antoine me poussa contre le mur. Mais je ne me laissais pas faire, je le repoussais, et au moment ultime, celui où j’avais décidé de lui en coller une, j’entendis sa voix crier. 

— ARRÊTEZ ! NON-STOP ! 

Le poing armé, prêt à s’écraser sur le nez d’Antoine, j’ai stoppé mon geste. 

Je me suis éloigné d’Antoine, je suis passé devant Eliya, sans rien dire, j’ai dévalé les escaliers. J’ai ouvert la porte d’entrée et j’ai couru jusqu’au bout du jardin sous la pluie. 

Elle m’avait suivi. Et dans ce geste, j’y voyais un signe. Celui que c’était moi son premier choix. Mais je n’étais sûr de rien. 

Je me suis retourné et je l’ai attrapé pour qu’elle soit dans mes bras. Mais elle me repoussait. 

— Axel, non ARRÊTE ! 

Je l’ai laissé s’éloigner. 

— Mais qu’est-ce qui t’a pris enfin ?! 

— Attends ça va être de ma faute en plus ? 

— Mais Axel, tu allais lui taper dessus ! Après tout ce que tu as dit Axel, tout ce que tu as promis, tu allais t’en prendre à lui ! 

— Mais il n’a rien fait ! Il n’a pas régi, il était là comme un con ! 

— AXEL ! Il était choqué ! Personne ne savait à part toi que je faisais des cauchemars aussi violents ! 

— Ce n’est PAS UNE RAISON ! IL DOIT ÊTRE LÀ ! LUI AUSSI IL A PROMIS ! 

— Tu ne comprends rien. 

— Si je comprends juste que c’est un lâche. 

Et la s’en que je m’y attende, sa main s’écrasa sur mon visage, elle avait mis toute sa force dans cette gifle. 

— Je ne sais pas qui est le plus lâche ici, mais ce n’est sûrement pas lui. 

Elle se retourna et partit en courant à l’intérieur de la maison. Me laissant la, seul sous la pluie. 

Je savais que j’avais été trop loin. Mais encore une fois, ma colère a pris le dessus sur tout le reste. C’est elle qui dominait ma vie, et je n’arrivais pas à passer cette épreuve. 

J’ai fait le tour du jardin trois fois, avant de tomber nez à nez avec Antoine. 

— Qu’est-ce que tu fais là ? 

— Axel, il faut qu’on parle. 

— Parler de quoi ? Je crois que tout a été dit. 

— Non, justement, il faut qu’on parle tous les deux sans elle. 

Je le regardais, de haut en bas, je savais qu’il avait raison. J’avais tellement envie de lui dire d’aller se faire foutre. Mais Eliya avait raison, j’avais fait des promesses, et c’est moi qui avais proposé d’attendre. 

— OK, cédais-je. 

— Allons à l’intérieur, tu vas finir par attraper, la mort. 

Je l’ai suivi à l’intérieur, il a grimpé les escaliers, je me suis arrêté au premier étage.

— Laisse-là, elle n’est pas seule, tu t’excuseras après. 

Il avait raison, ça me faisait chier de l’avouer, mais il avait souvent, trop souvent raison. 

Il referma la porte de sa chambre derrière moi et s’installa sur le rebord de la fenêtre. Je restais debout devant la porte fermée. 

— Tu sais, commença-t-il, si ce soir, je n’ai pas réagi c’est pour une bonne raison. Enfin, bonne peut être pas, mais j’étais tétanisé. Je me voyais en elle, couché sur mon lit d’hôpital, seul. Sans personne pour venir me rassurer, juste les infirmières étaient là. À injecter des sédatifs dans mes perfs pour me calmer. 

Il tourna la tête vers la fenêtre. 

— C’est dur pour moi, ce pacte qu’on a scellé. Ça me tue de la voir avec toi. Et je sais que ça te bouffe de l’intérieur aussi. Quand je te vois sortir de nulle part, seul avec elle. J’ai envie de tout casser. Mais on était d’accord. D’accord pour la laisser prendre son temps, d’accord pour que le procès se déroule, sans que ni toi ni moi n’intervenions. Je pensais que les choses étaient claires entre nous Axel.

Il reposa les yeux sur moi. 

— C’était clair, jusqu’à ce que je la voie entrer dans ta chambre ce soir. 

— Alors, pourquoi avoir proposé ce week-end ? Pourquoi tu l’as laissé m’inviter ? 

— Pour te surveiller. 

— Comment ça ? 

Il était surpris de ma révélation, et je l’étais tout autant. Lui faire part de mes plans n’était pas le but, mais j’avais tellement merdé ce soir, que je n’avais plus le choix. 

— Il fallait que je garde un œil sur toi, pour elle. Et pour toi. 

— Je ne comprends pas. 

— Tu penses sûrement que je te déteste, surtout après ce soir, mais ce n’est pas le cas, j’ai proposé ce week-end, parce que quand tu es parti de chez moi l’autre soir, j’avais peur que tu fasses une connerie. 

Son regard se faisait plus sombre, et il baissa la tête, il regardait le sol désormais. Je repris.

— Eliya et moi, on avait peur que tu te rendes à l’hôpital, et que tu finisses ce que tu avais commencé. 

Un sourire passa sur son visage. 

— C’est exactement ce que je comptais faire en plus. 

Je n’étais pas surpris de cette révélation. Je le savais. Je l’avais senti quand il en avait parlé, je l’avais remarqué dans la force de ces coups. 

— Voilà pourquoi tu es là. 

Il releva la tête. 

— Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? me dit-il.

— Un nouveau pacte ? 

— Lequel ?

— On passe un bon week-end, en faisant plaisir à Eliya, qu’importe ce qu’il se passe entre elle et toi et elle et moi. 

— Je suis d’accord. 

Je m’approche de lui pour lui serrer la main. 

— Je vais aller m’excuser, maintenant. 

— Bonne chance, me dit-il. 

Je lui fis un clin d’œil, et comme mon ego était encore trop présent, en ouvrant la porte je lui dis. 

— Au fait, je l’ai embrassé ce soir. 

— Du coup, ça fait un part tout, me répond-il. 

Je ne pus m’empêcher de me tourner une dernière fois vers lui, et de lui adresser un sourire. 

Maintenant, il fallait que je m’excuse et ça ne serait pas simple. 

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bbbbbbb ccccccccccccc
bbbbbbb ccccccccccccc
2 années il y a

Génial, ça ne résout rien mais c’est tellement beau.
Les deux se valent mon Général.

B. Serena
2 années il y a

un weekend un petit peu mouvementé ça

DeJavel O.
2 années il y a

Ouf ! Ça rebondit !

DeJavel O.
2 années il y a

Deuxième lecture :

…j’y voyais un signe. Celui que c’était moi son premier choix. : Axel décode mal les autres ->d’où sa colère

..,et je n’arrivais pas à passer cette épreuve->Axel VEUT changer.

Très bon !

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