Du néant au frisson. Chapitre 54.

5 mins

Eliya

Le reste du week-end se déroula sans aucun autre problème. On avait passé du temps tous ensemble, et j’avais fait en sorte de ne pas me retrouver seule avec Antoine. Axel était venu me rejoindre pour notre dernière nuit à Biarritz, il m’a gardé dans ses bras toute la nuit, on s’était endormis dans cette position, avec la pluie qui tapait contre notre vitre. 

On a pris le dernier train du dimanche, direction Orthez. Là où tous nos problèmes résidents. 

Chacun était rentré chez lui. On devait se préparer à notre rendez-vous, avec l’avocat, et on savait tous que ça allait être éprouvant. 

J’avais envoyé un mail, à la psy, en lui expliquant que je ne pourrai pas assister à notre séance du lendemain matin. J’ai prétexté un mal de gorge, avec une légère fièvre. Je n’avais pas envie de la voir, j’avais peur qu’elle réussisse à me tirer les vers du nez et je n’avais pas besoin de ça. Pour une fois, j’étais sûr de mon avenir et je ne voulais pas qu’elle y mette son grain de sel. 

En réalité, j’avais rendez-vous avec le notaire de mes parents. Je devais faire certains papiers, ou ma présence physique était requise. Le rendez-vous s’était fait au dernier moment, mais j’étais contente qu’il puisse me voir si rapidement. Au moins tout sera réglé. 

Ce soir-là, j’ai eu du mal à m’endormir, j’ai beaucoup pensé au procès. À ce qu’il allait en ressortir. 

J’ai donc décidé de me mettre à mon bureau, et d’écrire une lettre, adressée à Antoine. Une lettre, dans laquelle je m’excusais pour tout l’espoir que j’avais fait grandir en lui. 

« Antoine, 


Quand tu liras cette lettre, le procès sera passé. Du moins la première partie. Je ne connais pas encore l’issu, à l’heure où je t’écris, et je ne sais pas si on aura besoin de faire appel, ou non de la décision du juge. 


Quoi qu’il en soit, satisfait ou non, je ne peux pas me permettre d’attendre plus longtemps, pour te dire certaines choses. J’aimerais avoir la force de te les dire en face. Mais je le sais d’avance, mon courage me lâchera. 


Il faut que tu saches, que tous les moments passés ensemble, je les aie aimés. J’ai aimé nos baisers, nos caresses. La tendresse que tu m’as accordée. La confiance que tu m’as donnée. 


Mais tu le savais, je me devais de faire un choix. Et ce choix je l’ai fait pendant notre week-end à Biarritz, juste après qu’on est fait l’amour. Je sais que mes paroles sont dures, mais je te dois la vérité. 


C’est Axel, et ça a toujours été Axel, simplement je l’ai su trop tard, tu étais déjà entré dans ma vie. Et on avait déjà construit quelque chose. Une chose que je ne saurai définir. Encore moins nommer. 


Antoine, il faut que tu saches, que nous avons tous cherché à te protéger. J’espère que tu comprendras pourquoi nous avons, Axel et moi gardé le secret, autant de temps, même si cinq jours, dans une vie, c’est dérisoire. 


J’espère que tu ne m’en voudras jamais. 


Et qu’importe l’issu du procès, si elle n’est pas à la hauteur de ce qu’on attendait, je m’excuse de ne pouvoir tenir notre promesse, qui était celle de le tuer. 


J’espère que tu vivras, une belle et longue vie. Que tu arriveras à trouver la bonne personne, celle qui soignera tes maux. 


Tu compteras toujours pour moi, même si nos chemins se séparent, garde toujours une pensée, de nous en haut de ce phare. 


Je t’aime à ma manière. 


Eliya »

J’ai mis la lettre dans une enveloppe et j’ai pris soin de la mettre dans mon sac. 

Je suis resté longtemps derrière mon bureau, à faire le tri, pas seulement de mes papiers, mais aussi de mes pensées. Il fallait que, j’ai les idées claires pour le rendez-vous de demain. 

Et pour que rien ne se mette en travers de ma nuit, j’ai pris un somnifère, le plus assommant de ma collection, celui avec lequel j’étais sûr de ne faire aucun cauchemar. 

Le lendemain, j’ai retrouvé monsieur Morov, devant le cabinet de mon notaire. J’avais de la chance, il avait bien voulu m’assister, pour que tout soit en règle, et surtout veiller à ce que je comprenne bien tout. 

Le rendez-vous a duré un moment, et je commençais à avoir la tête lourde. Il y avait bien trop de termes juridiques, trop de choses à signer. Tellement de choses qu’à la fin, signer était devenu un automatisme. 

Nous sommes sortis à 12h du cabinet. J’ai pris une bouffée d’air frais en ouvrant la porte et cela me faisait un bien fou. 

— Ça va aller, Eliya ? 

Je me retournais sur mon avocat, qui avait le regard soucieux. 

— Oui, c’est juste que je commençais à étouffer, je n’ai pas l’habitude qu’on sollicite mon cerveau avec autant de termes juridiques. 

Il sourit à ce que je venais de dire. 

— Je comprends, quand on n’est pas habitué c’est déroutant. Mais au moins maintenant, tout ce que vous vouliez est notifié par écrit. Et surtout, tout est en règle. 

— Oui, en tout cas je vous remercie, de tout ce temps accordé, je ne pensais pas que cela prendrait autant de temps. Et j’espère que ça ne vous a pas fait louper des rendez-vous. 

— Ne vous inquiétez pas pour ça, j’avais pris mes dispositions. Puis-je vous inviter à déjeuner ? 

J’acceptai son invitation. Je me foutais de savoir si c’était bien ou mal d’aller déjeuner avec son avocat. J’avais faim, et j’appréciais sa compagnie. Il m’invita à manger dans un petit restaurant du centre-ville. 

— Prenez ce qu’il vous fait plaisir, ça passera en note de frais. 

Il sourit à ce qu’il venait de dire. 

— Merci, lui répondis-je poliment. 

— Dite moi Eliya, pourquoi avoir pris autant de disposition à votre âge ? 

Je me doutais que cette question allait être posée à un moment ou l’autre. C’était inévitable. 

— La vie m’a appris qu’il fallait faire les choses tôt, pour n’avoir aucun problème, et surtout n’en laisser aucun autre derrière soi.

— Je comprends, votre point de vue, mais j’ai été surpris par votre demande, a vrai dire je m’attendais à ce que l’un de vous face appelle à moi, pour le côté personnel, disons que je m’attendais à ce que ça se fasse, après le procès. 

Je me tortillais sur ma chaise, gêné de son constat. 

— Mais ne vous en faites pas, reprit-il, le secret professionnel me tient. Je ne dirai rien. J’espère simplement que c’est une précaution et non pas une préparation. 

Il me fit un clin d’œil, et changea de sujet aussitôt. 

Le reste du repas se déroula, dans la bienveillance la plus total, il m’expliquait ce qui l’avait poussé à exercer ce métier, et surtout pourquoi ça lui tenait tant à cœur.

À la fin du déjeuner, il se leva et dans un geste des plus galant m’ouvrit la porte du restaurant. 

— Et bien Eliya, j’ai passé un bon moment, beaucoup moins barbant que si j’avais mangé avec mes collègues, je vous souhaite une bonne après-midi et surtout n’oubliez pas le rendez-vous de ce soir. Reposez-vous, je serai assisté d’une collègue et elle ne vous ménagera pas. 

On se serra la main, et il partit en direction de son cabinet. 

J’étais lessivé de cette matinée et je décidai de l’écouter. Je suis rentré chez moi et je me suis écroulé sur mon lit. 

J’ai réglé un réveil, et j’ai laissé le sommeil m’emporter. 

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bbbbbbb ccccccccccccc
bbbbbbb ccccccccccccc
2 années il y a

Ouh, je ne sais quoi penser, la lettre est, disons, directe.

DeJavel O.
2 années il y a

Ouch ! Ouch !
Cette lettre à Antoine est énorme. Dire la vérité fait parfois plus mal que de mentir. Dans certains contextes, il est reconnu que mieux taire certaines choses ou du moins éviter de tout révéler. Celui-là en est un… mais Eliya n’essaie pas de mal faire, elle manque seulement d’expérience. Le « NOUS nous avons voulu te protéger » est dévastateur parce qu’il est un rejet et qu’en plus il diminue celui qui reçoit le message. Antoine est en droit d’être outré !
MAIS, cette lettre est également écrite dans le contexte des deux événements suivants :
– Elle ne va pas chez la psy : peur d’affronter son blocage.
– Ceci : J’espère simplement que c’est une précaution et non pas une PRÉPARATION.

La lettre écrite sur papier est évidemment destinée à être trouvée…

Nous avons peur… Putain de Collins, tout ça c’est de ta faute !

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